Le mandat de six mois du président français Nicolas Sarkozy à la présidence de l’Union européenne se termine avec succès. Il vient de réussir à persuader les 27 pays-membre à se mettre d’accord sur trois dossiers importants : la crise économique, un nouveau référendum chez les Irlandais et le réchauffement climatique.
Le président Sarkozy est arrivé à la présidence européenne dans un contexte international difficile. Il espérait, selon son habitude, secouer la résistance passive des institutions européennes mais le « non « des Irlandais l’accueillit et faisait craindre le pire. Puis vint l’envahissement de la Géorgie par la Russie juste avant que ne pointe à l’horizon le tsunami économique qui s’abat aujourd’hui sur nous tous. Sans oublier la mésentente grandissante entre les pays européens dans leurs efforts pour contrer le réchauffement climatique. Sarkozy arrivait donc à un très mauvais moment.
Ces situations problématiques majeures l’ont fouetté. Il se rendit à Moscou rencontrer le président russe Dmitri Medvedev et le PM Poutine et leur arracha un cessez-le-feu qu’il fit accepter par le président Géorgien Mikhail Saakachvili en persuadant les USA de peser sur ce dernier.
Quelque temps après, l’Europe ressentit la crise économique. Sarkozy mit alors tout en branle en comptant sur l’intelligence du PM britannique Gordon Brown pour imposer au président GW Bush l’organisation d’un sommet mondial sur la crise. Il fit de même pour l’Europe et accorda un soutien financier aux banques malgré la réticence de la chancelière allemande Angela Merkel. L’Europe politique, dont plusieurs Européens déploraient la presque non-existence, surgit finalement et intervint avant les Américains pour une deuxième fois de suite. Du jamais vu !
De plus, Sarkozy lança l’Union pour la Méditerranée réunissant tous les pays riverains (44) à cette mer pour activer des projets comme la dépollution de la Méditerranée, l’autoroute de la mer et l’énergie solaire. Il fit adopter un pacte sur l’immigration afin que l’Europe contrôle mieux ses frontières extérieures, harmonise l’asile des immigrants, etc.. Il fit accepter des mesures de soutien de prix et de subventions pour permettre la modernisation, la simplification et la rationalisation de l’agriculture en Europe.
Son passage au sommet de la francophonie à Québec fut de courte durée mais ses interventions à l’Assemblée Nationale québécoise nous firent comprendre son amour pour notre nation et son grand respect pour le Canada. Il s’engagea avec notre gouvernement à faciliter le travail des Français au Québec et celui des Québécois en France. Cette entente positive unique bénéficiera grandement aux deux parties dans l’avenir.
À la réunion du Conseil européen de jeudi et vendredi dernier, il mit la cerise sur le gâteau en faisant ressortir et adopter tous les compromis nécessaires à de bonnes ententes pour asseoir l’Europe sur de solides bases.
Tenant compte des inquiétudes de l’Allemagne, de l’Italie et de la Pologne en rapport avec les contraintes du plan climatique sur leur industriels et de la nécessité d’aider les nouveaux pays de l’Europe de l’Est qui sont les plus pauvres de l’UE, tous les membres du CE acceptèrent de répartir les efforts et d’imposer des règles pour atteindre des objectifs pour 2020 touchant la réduction des gaz à effets de serre, l’augmentation des énergies renouvelables et les économies d’énergie. Sarkozy qualifie ces conditions de très « contraignantes » et souligne qu’aucun continent du monde n’en a encore acceptées de pareilles.
Pour faire face à la crise économique, les chefs de pays se sont entendus pour travailler ensemble, au lieu de par pays comme le voulait l’Allemagne. Ils vont y consacrer plus de 200 milliards d’euros soit 1,5% du PIB de l’Union Européenne. Sarkozy a rallié tous les membres sur la nécessité d’agir et de s’entendre pour coordonner la relance de l’économie.
En rapport avec le traité de Lisbonne sur la constitution européenne, rejeté par l’Irlande, qui ne pouvait prendre force de loi puisque tous les pays sans exception doivent l’accepter, Sarkozy a réussi à convaincre Dublin d’organiser un nouveau référendum sur la base de nouvelles propositions pouvant répondre aux inquiétudes exprimées par les Irlandais lors du dernier référendum, soient : le respect de sa législation sur l’avortement, le maintien de son autonomie fiscale, l’assurance que sa neutralité militaire sera maintenue et que son commissaire européen à Bruxelles demeurera en fonction.
Pour atteindre ses fins, Sarkozy n’a pas hésité à agacer (certains disent même irriter) la chancelière allemande, ni critiquer le commissaire européen José Manuel Durao Barroso pour son manque de leadership. Sa grande erreur fut avec les dirigeants chinois qui annulèrent le sommet Chine/Union Européenne suite aux relations de Sarkozy avec le Dalaï Lama, leader religieux des Tibétains.
Malgré ces quelques accrochages, ce six mois de Sarkozy à la tête de l’Europe deviendra pour elle inoubliable et un jalon de son histoire. Selon le blogueur renommé Jean Quatremer, on parlera dans le futur de l’Europe « d’avant et d’après Sarkozy ». Avec lui, le Conseil européen des chefs d’État et de gouvernement a pris l’initiative au détriment de la Commission européenne.
Il est à espérer que les dirigeants qui suivront Sarkozy seront animés de la même détermination pour assurer que l’Europe soit de plus en plus unie et puisse prendre toute sa place sur l’échiquier mondial en devenant la super puissance qu’elle doit être.
Claude Dupras
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire