mardi 27 octobre 2009

Le meilleur à la mairie

Les Montréalaises et les Montréalais se grattent la tête à savoir pour qui voter à la mairie lors de l’élection municipale du 1er novembre. Je les comprends.

J’ai eu l’occasion durant les derniers jours de faire le tour de mes amis pour discuter de l’élection. Ce sont des Montréalais de longue date, qui aiment notre ville et qui pensent à long terme. À ma grande surprise, plusieurs avaient déjà voté, lors du scrutin par anticipation de dimanche dernier. Et à ma plus grande surprise, presque tous ont voté pour le candidat de Projet Montréal, Richard Bergeron.

En général, ils m’ont admis qu’ils ne pouvaient pas se résoudre à voter soit pour Louise Harel, soit pour Gérald Tremblay. Chacun avait ses raisons personnelles qui rimaient avec les mots intégrité et efficacité.

Jusqu’à un certain point leurs arguments rencontrent ceux que je mijote dans ma tête depuis quelques semaines.

Je crois que Gérald Tremblay est une personne honnête et intègre. C’est un homme d’envergure qui a toujours bien représenté Montréal. Cependant, la fin de son règne baigne dans une odeur de scandales qui nuit considérablement à la réputation des Montréalais. Il faut que ça change ! Je lui reproche d’avoir nommé à des postes-clés de l’administration montréalaise, tous les personnages qui sont aujourd’hui la source de nos problèmes. C’est là son principal défaut, il n’a pas su choisir des gens capables de bien servir la ville. On n’engage pas un directeur général sur un coup de téléphone, on ne nomme pas un président de l’exécutif lié, mains et pieds, à un groupe d’entrepreneurs et d’ingénieurs, etc… Gérald Tremblay a failli dans son importante tâche de donner à Montréal une équipe solide pour la diriger.

Je sais que Louise Harel est une personne intègre. Mais comme ministre, elle a été à la source de la loi de la fusion des villes malgré tous les référendums tenus dans les différentes villes visées par la loi, par lesquels les populations ont dit NON à plus de 80% aux fusions proposées. Ce n’était pas le geste d’une grande démocrate. Et ces fusions, suivies des « défusions » ont coûté une fortune aux contribuables. Cela est dû principalement à son manque de vision.

Louise Harel change aussi souvent d’idée comme elle vient tout juste de le faire hier en rapport avec la centralisation des pouvoirs à Montréal. Suite à la pression, en fin de campagne, venant de ses candidats dans les arrondissements, sa proposition est devenue une centralisation-décentralisée. Allez comprendre quelque chose là-dedans !

De plus, je ne crois pas Louise Harel est bien placée pour discuter avec les gouvernements supérieurs pour l’obtention d’aide au développement de Montréal. Avec son passé de « pure et dure » séparatiste et son incapacité à parler la langue anglaise, elle est une personne incapable de représenter tous les Montréalais. Je crains aussi qu’elle provoque des affrontements stériles avec le gouvernement du Québec pour des raisons qui n’auront rien à voir avec le meilleur intérêt des Montréalais.

Quant au président de l’exécutif que Louise Harel propose, il ne semble pas suffisamment compétent pour administrer un budget de quatre milliards de $. C’est un homme d’une expertise, la culture, et malheureusement ce n’est pas suffisant.

Puis, il reste le troisième candidat, Richard Bergeron, l’oublié de cette campagne puisque les médias n’ont parlé que de scandales et ce débat touchait principalement Gérald Tremblay et Louise Harel.

Bergeron est conseiller municipal depuis 4 ans et a fondé le parti Projet Montréal. Il a étudié l’architecture, a une maîtrise en urbanisme, un doctorat en aménagement urbain et il a enseigné à l’institut d’urbanisme. Il a été volontaire au Service universitaire à l’étranger. Il a publié plusieurs livres dont le livre noir de l’automobile. Il a été président des coopératives d’habitation de Montréal. Il a été consultant pour le ministère de la Métropole et responsable des analyses stratégiques de l’agence Métropolitaine de transport. En somme, Richard Bergeron a travaillé sur la planification d’ensemble, l’économie immobilière, la gestion des services, l’environnement, les transports, etc. des milieux urbains. Une bonne expérience pour quelqu’un qui veut diriger une grande ville.

Bergeron est un homme d’idées et propose un programme politique pour une élection municipale de Montréal comme j’ai rarement vu avec des idées aussi originales que pratiques. Son équipe est composée de gens dynamiques, instruits, intelligents, souvent jeunes et prêts à servir. J’ai l’impression qu’ils sont en mesure de redonner un nouveau souffle de qualité de vie à Montréal.

La campagne électorale du parti de Richard Bergeron fut modeste avec un budget de 200,000 $ pour l’ensemble de la ville avec un financement strictement populaire et parfaitement transparent. Cela veut dire qu’élu, Bergeron sera libre de toutes attaches. Et c’est ce dont nous avons besoin aujourd’hui à l’hôtel de ville dans les circonstances actuelles. Un homme d’éthique professionnelle capable d’assurer que des règles de bonne conduite irréprochable seront respectées par tous les dirigeants élus et les hauts fonctionnaires.

J’ai aussi été impressionné par l’appui à Richard Bergeron du fameux juge John H. Gomery, qui a dirigé de main de maître l’enquête sur le scandale des commandites à Ottawa. C’est une caution importante de la droiture et de l’intégrité de ce candidat.

Richard Bergeron mérite d’être mieux connu et je vous encourage à visiter le site de son parti Projet Montréal à http://www.projetmontreal.org/ pour y lire sa biographie, celles de ses candidats et leur programme politique pour l’avenir de Montréal.

Je crois que Richard Bergeron pourra faire un bon maire de Montréal.

Claude Dupras

samedi 24 octobre 2009

On vote pour qui ? Le meilleur !

Les Montréalaises et Montréalais vivent en ce moment une élection inhabituelle! Les déclarations des candidats à la mairie deviennent de plus en plus étonnantes. De nouvelles insinuations, accusations, inventions, rumeurs, ouï-dire déferlent sur nous, de toutes parts, à un rythme que même les medias peinent à suivre. Ces révélations sont tellement nombreuses et souventes fois fracassantes qu’on ne prend pas le temps de juger si elles sont vraies, fausses ou demie-vérités. On ne fait plus de nuance.

Tous se liguent contre le maire sortant Gérald Tremblay. Les médias prennent parties dans le débat. Les animateurs d’émissions d’affaires publiques, particulièrement à la télévision de Radio-Canada, se surprennent eux-mêmes à attaquer Tremblay, sur la base des informations qu’ils collectent sans même avoir jugé de leur validité. Même les observateurs-invités qui se doivent d’être neutres, profitent de la tribune qu’on leur offre pour dénigrer le maire ou mousser indirectement leur candidat. On réagit comme si tout ce qui est dit est vrai. On ne fait pas la part des choses. Du jamais vu !

Dans cette mer en tourmente, les candidats aux différents postes de maires d’arrondissements et de conseillers de la ville ou d’arrondissements naviguent difficilement car ils sont tous liés directement au sort du candidat à la mairie de leur parti. Ils vivent des jours difficiles. Alors que normalement, à cette période de leur campagne électorale, ils devraient aller à la rencontre du plus grand nombre d’électeurs possibles pour mieux se faire connaître et expliquer leur programme électoral, ils se retrouvent soit sur la défensive soit sur l’attaque sur la seule question de l’intégrité de l’administration sortante.

Je plains ces femmes et ces hommes qui par sens civique ont décidé de faire leur part et ont eu l’audace de se présenter pour servir leurs concitoyens. Plusieurs ont hésité avant d’accepter car la tâche n’est pas toujours facile. Mais, ils ont finalement fait le saut et il faut les en féliciter et les comprendre aujourd’hui.

Dans un de mes blogs en rapport avec cette élection montréalaise, j’ai fait la recommandation à mes lecteurs de voter pour le meilleur candidat à chaque siège. Ainsi, nous aurons les meilleures personnes siégeant au conseil municipal et à ceux des arrondissements. Et cela, nonobstant les partis municipaux qui ne sont en fait que des simulacres de démocratie. Ces organisations politiques (je devrais dire électorales) plus ou moins éphémères sont des farces qui perdurent plus ou moins longtemps et qui ne servent qu’à récolter les fonds gouvernementaux alloués aux partis municipaux.

Avec la déferlante des accusations de cette élection, ma recommandation prend de plus en plus son sens. Si l’électeur ne s’arrête pas pour analyser les différentes candidatures afin de déterminer qui sont les meilleurs et ne vote qu’en fonction du candidat à la mairie, Montréal ne profitera sûrement pas des meilleurs éléments pour la diriger.

Ainsi, dans le Plateau Mont-Royal, un des candidats à la mairie se nomme Michel Labrecque. Je le connais depuis sa naissance car son père était mon confrère à Polytechnique. Je sais que Michel sera un atout important pour l’avenir de la métropole et je n’hésite pas à le recommander fortement aux électeurs qui votent dans ce district.

Michel Labrecque est un homme honnête à qui les Montréalais doivent déjà beaucoup.

Depuis sa tendre enfance, il a toujours été un amateur de vélo. Parmi les plus grands que Montréal ait connus. Il a été un des premiers à promouvoir l’installation de pistes cyclables dans notre ville. Par sa détermination, il a su convaincre, avec d’autres, les administrations municipales depuis Drapeau de l’importance du vélo pour les Montréalaises et Montréalais. Il a réussi admirablement bien. Il a créé Vélo Québec qu’il a dirigé de 1985 à 2000 et a été un des principaux contributeurs à la création du Tour de l’île de Montréal, la Maison des cyclistes et la Route verte (4 000 km de voie cyclable) qui est le plus long itinéraire cyclable d’Amérique.

Parallèlement à ces activités, il a imaginé le festival Montréal en Lumières qu’il a présidé et dirigé de 1998 à 2000. Grâce à ce festival, l’hiver à Montréal est moins long. L’événement attire plus de 750 000 festivaliers par ses volets gastronomique, artistique, festif et sa Nuit blanche. Ce festival est devenu un grand moment annuel de Montréal et a atteint une renommée internationale.

En 1999 et en 2000, Michel Labrecque a été chargé de cours à l’UQAM, en gestion d’événements festivaliers. De 1992 à 2005, il a été chroniqueur à la radio et à la télévision de Radio-Canada (Plaisirs, VSD bonjour, Indicatif présent, Vélo-mag) et de Télé-Québec (Consommaction, Télé-services).

Son amour pour le vélo, qu’il a pratiqué sur les routes d’innombrables pays, a fait comprendre à Michel Labrecque l’importance de l’environnement dans la vie de l’individu et en a fait un authentique défenseur. De fil en aiguille, il a été amené à présider le Conseil régional de l’environnement de Montréal et à participé activement à l’élaboration du Plan stratégique de développement durable de la ville de Montréal.

En 2005, voulant poursuivre son travail, il décide de briguer les suffrages pour devenir conseiller municipal de Montréal. Élu, il continue à propager ses idées au sein de sa formation politique tout en développant son intérêt pour les transports actifs et collectifs dans l’aménagement urbain. Le maire et son équipe reconnaissant son enthousiasme et son expertise lui offre de présider le conseil de la Société de Transport de Montréal.

Cet homme intelligent, simple, dévoué, attentif, plein d’idées, créateur, bon organisateur, excellent administrateur et chef de file hors de l’ordinaire offre ses services pour devenir maire de l’arrondissement du Plateau Mont-Royal. Voilà un bel exemple d’un candidat qui mérite d’être élu, nonobstant le parti auquel il adhère, parce qu’il a le potentiel de devenir un leader important de notre ville. Je suis convaincu que le Plateau sera très bien servi par Michel Labrecque.

Il y a des hommes et des femmes de grande qualité qui sont candidats à l’élection du 1er novembre à Montréal et qui devraient être élus. Choisissons les meilleurs, quelque soit le parti, et Montréal sera bien dirigé.

Claude Dupras

lundi 19 octobre 2009

Stephen « La grande noirceur » Harper

Maurice Duplessis a été un grand premier ministre du Québec. Il a su défendre bec et ongles l’autonomie provinciale et obtenir une décentralisation fiscale du gouvernement centralisateur qui régnait à Ottawa. C’est René Lévesque qui a reconnu l’apport important de Duplessis à sa province en récupérant sa statue cachée mesquinement, durant de longues années, par le gouvernement libéral de Jean Lesage dans les entrepôts du gouvernement pour la faire installer à une place d’honneur près du parlement de Québec.

Duplessis était un nationaliste, un patriote mais il était surtout un « fin renard », un politicien hors pair et dur avec ses adversaires. Il comprenait l’électeur et savait lui proposer des politiques que ce dernier pouvait comprendre et qui collaient à la réalité du moment.

Malheureusement, l’organisation électorale de l’Union Nationale faisait tout pour gagner les élections et maintenir Duplessis au pouvoir, même si cela pouvait être, parfois, illégitime et immoral. Elle profitait du fait que, dans ce temps-là, les lois électorales n’étaient pas très sévères. C’est la raison principale pour laquelle plusieurs de ses adversaires et observateurs politiques du temps qualifièrent la période duplessiste de « grande noirceur » de la politique au Québec.

Aujourd’hui, je regarde aller le PM Canadien Stephen Harper et je reconnais une manière d’agir similaire à celle qui existait du temps de Duplessis. Voici quelques exemples de ce que je qualifierais de la nouvelle « grande noirceur » :

1. Harper a permis que ses députés remettent dans leur comté des subventions gouvernementales sous la forme de chèques non pas identifiés avec le nom « Gouvernement du Canada » mais avec le logo du Parti Conservateur du Canada (PCC) et signés par ces députés comme si cet argent venait des fonds du parti. Duplessis n’aurait pas fait mieux !

2. Les fonds gouvernementaux spéciaux votés par le parlement pour des travaux d’infrastructures afin de contrer la crise économique sont principalement attribués aux comtés où un député conservateur a été élu. Les autres comtés, niet ! Du vrai Duplessis, qui disait aux électeurs du comté de St-Maurice, « vous voulez un pont, alors votez Union Nationale ».

3. Les annonces de ces subventions sont faites par le PM Harper lors de réunions publiques organisées partout au pays et où seuls des Conservateurs sont invités. Et, cela même lorsque les travaux se réalisent dans des comtés de députés d’autres partis. De plus, il n’invite pas les représentants du gouvernement provincial si le parti au pouvoir dans la province concernée est un adversaire politique. Seuls les Conservateurs ont droit aux feux de la rampe ! C’est la méthode de l’Union Nationale qui se répète.

4. Harper et ses députés prétextant « un stimulant économique sélectif » distribuent aussi des chèques, à gauche et à droite, pour toutes sortes d’activités sociales, culturelles ou sportives et le tout est teinté de partisannerie politique. Pourtant, il avait promis, suite au scandale des commandites, de ne jamais répéter cette façon de faire des libéraux d’antan. De son côté, l’Union Nationale faisait paver un rang de terre ou l’autre dépendant de la couleur politique des cultivateurs de ce rang ou, encore, offrait des « frigidaires » à des familles pauvres en besoin si elles votaient du bond bord !

5. Harper accepte que des contrats sans soumissions publiques soient octroyés par son gouvernement à ses partisans, comme il vient de le faire pour une étude sur l’avenir du pont Champlain pour laquelle le contrat a été accordé à une firme d’ingénieurs dont le vice-président au développement des affaires est un sénateur conservateur canadien nommé par Harper. Par hasard, le sénateur a démissionné de sa firme dix jours après l’octroi du contrat de 1,4 millions. La machine de patronage de Duplessis fonctionnait de la même façon.

6. Harper a déclenché récemment un blitz publicitaire sur ces réalisations dans le but de se vanter et de promouvoir ses députés et son parti, au moment où de nouvelles élections fédérales devenaient probables. Cette campagne, qui a coûté cinq fois plus cher que la campagne éducationnelle sur la grippe A H1N1, a été payée par le gouvernement canadien. Sur ce sujet, je ne me rappelle pas que Duplessis ait utilisé des fonds publics pour fins de publicité pour son parti.

7. Harper a nommé des incompétents et des partisans politiques au Sénat canadien pour la simple raison qu’ils sont des Conservateurs. Duplessis faisait de même avec ses nominations au Conseil législatif.

8. Le PCC a forcé les compagnies de lobbyistes à changer leurs intervenants auprès du gouvernement par des Conservateurs et imposer que ces firmes propagent favorablement les politiques gouvernementales dans leur lettre mensuelle à leurs clients. Le seul lobbyiste de Duplessis était Gérald Martineau qui était aussi le trésorier de l’Union Nationale.

9. Les nouveaux juges nommés à ce jour par Harper étaient membres ou sympathisants du Parti Conservateur. Duplessis faisait de même.

10. Comme Duplessis, Harper comprend que les électeurs veulent surtout que leurs problèmes immédiats soient réglés. C’est beau de parler de grands programmes d’environnement, de santé, d’éducation, de culture, de pauvreté, de productivité, des aborigènes, ou encore de guerres et de problèmes internationaux, mais Harper sait que la masse des Canadiens ne s’intéresse pas vraiment à de tels enjeux. C’est la raison pour laquelle il n’essaye pas de susciter de grands débats sur ces sujets importants.

Je dis souvent que la politique est un commerce d’images et d’illusions. Harper a compris cela et c’est une des raisons de sa montée récente dans les sondages qui coïncide avec sa prestation musicale récente (qui était télévisée) lorsqu’il a joué du piano et chanté un succès des Beatles avec un orchestre symphonique national. Il a très bien fait et tout d’un coup, Harper est devenu pour les électeurs un gars « le fun » contraire à ce qu’ils pensaient.

De plus, la crise économique a obligé Harper à changer son fusil d’épaule en proposant des investissements majeurs afin de relancer l’économie. Cela l’aide beaucoup dans l’esprit des électeurs qui y voient une nouvelle image d’un Harper plus compréhensif, contraire à celle du passé qui laissait percevoir un Harper et ses acolytes réformistes comme des politiciens indifférents aux problèmes des petits et opposés à toute intervention gouvernementale dans l’économie du pays. Duplessis, aussi conservateur, faisait comme le Harper d’aujourd’hui et son gouvernement investissait le plus possible dans la construction d’écoles, d’hôpitaux, d’universités et, entre autres, dans des projets de bien-être social, le crédit agricole...

Harper est-il un nouveau Duplessis ? Il n’a sûrement pas la trempe de Duplessis qui était un grand patriote, mais on peut dire que les « politicailleries » récentes d’Harper ressemblent étrangement à celles de l’Union Nationale. C’est pourquoi, le surnom « la grande noirceur » pour Stephen Harper me semble de plus en plus appropriée.

Claude Dupras

samedi 17 octobre 2009

M. Charest le temps est arrivé… Une enquête publique, SVP

De jour en jour, on découvre, de plus en plus, l’envergure du scandale de l’augmentation des coûts de construction à Montréal et dans les alentours. Hier, les médias nous apprenaient qu’un km de route coûte au Québec 35% de plus que dans la province voisine de l’Ontario. Cela veut dire que pour le même montant nous avons 35% moins de travaux civils chez nous. C’est énorme et cela représente des milliards en taxes.

Je ne suis pas surpris car depuis longtemps j’analyse ce qui se passe et j’écris à un et à l’autre pour souligner ce scandale. J’ai d’ailleurs publié le 14 mai dernier un texte sur le sujet intitulé « Rien ne va plus » et j’ai fait un copié-collé, que j’ajoute au présent, pour l’information de mes lecteurs car il est de plus en plus d’actualité.

Il est temps que le PM du Québec Jean Charest se réveille et déclenche la « Commission d’enquête publique sur les coûts de construction » dans notre province que je réclame depuis longtemps. Ce ne sont pas les quelques enquêtes policières sur des cas précis qui vont changer globalement la situation, car le problème devient systémique.

Un aspect qui m’intrigue est le rôle des ingénieurs dans tout ce branle-bas. J’en ai été un toute ma vie professionnelle de 40 ans et j’ai toujours respecté notre code de déontologie qui nous oblige à assurer que par nos actes nous protégeons la société. Pourquoi, les ingénieurs-conseils civils qui ont fait les plans et devis pour les soumissions publiques de travaux publics, préparé les estimations budgétaires et finales pour leur clients, analysé les soumissions et fait les recommandations au donneur d’ouvrage, ne disent-ils rien ? Pourquoi, les ingénieurs du gouvernement ou des villes qui supervisent l’ensemble de l’évolution des projets, ne disent-ils rien ?.

Pourquoi les élus ont-ils accordé tous ces contrats dont les budgets étaient littéralement défoncés ?

Tous ces personnages sont des témoins importants et il devient urgent de les entendre répondre aux questions des enquêteurs.

Cette situation anormale nous coûte cher. Nous perdons la face dans les autres provinces et dans le monde où le mot corruption commence à s’identifier avec le nom de Montréal et celui du Québec. Il est temps que cela cesse. Quand même, nous ne sommes pas une république bananière !

Même si tous ces intervenants de la construction, entrepreneurs, fournisseurs, ingénieurs et autres souscrivent à la caisse du parti libéral du Québec, ce n’est pas une raison pour ne pas déclencher l’enquête car il y va de l’intérêt public et de notre réputation comme Québécois. C’est la seule façon de se débarrasser du « cancer » qui envahit notre société.

SVP, M. Charest, le temps est arrivé.

Claude Dupras



Rien ne va plus

Jeudi le 14 mai, 2009

Rien ne va plus dans les coûts de construction à Montréal. Les dépassements des estimés prévus pour les grands projets d’infrastructures et de bâtiments importants sont incompréhensibles. Tout passe du simple au double quand ce n’est pas au triple.

Nous avons tous constaté la flambée des prix de la construction de l’extension du métro à Laval, du projet de l’autoroute Ville-Marie, du contrat des compteurs d’eau de la ville de Montréal, des prévisions budgétaires pour les garages et les centres d’entretien pour l’Agence métropolitaine de transport (AMT), du Centre hospitalier universitaire de Montréal (CHUM) pour ne mentionner que ceux-là car il y en a des dizaines d’autres. Les observateurs avertis sont surpris de cette situation tout comme le sont les citoyens qui y voient augmentations futures de taxes foncières et autres.

Que se passe-t-il ? Sommes-nous victimes de fraudeurs ? Les estimateurs sont-ils de complets ignorants ? Y-a-t-il une mafia qui s’est installée dans le domaine de la construction avec comme but de souffler les prix et les profits ? Ce ne sont pas les questions qui manquent…

J’ai oeuvré dans le domaine de la construction durant plus de 40 ans. J’ai créé, avec des associés, un bureau d’ingénieur-conseil qui fut très actif dans le domaine de la mécanique et d’électricité, en informatique et en gérance de travaux de construction. Nous avons réalisé un très grand nombre de projets importants allant du village Olympique, au Journal de Montréal, à l’hôpital Charles-Lemoyne, au Complexe ex-Centris. Jamais ai-je été témoin d’augmentation si sauvage des coûts de construction !

Par exemple, alors que la construction du stade Olympique a dépassé de beaucoup les coûts prévus (cela s’explique, en grande partie, par la complexité du projet, le court temps pour le réaliser et les problèmes syndicaux), le projet du village Olympique a rencontré ses budgets.

Au même moment, nous réalisions la gérance de construction de l’édifice de Bell Canada sur la rue Jean-Talon, près de la rue Casgrain. Je cite ce dernier exemple pour démontrer que nonobstant la crise de la construction des années 1970, la pression sur les prix et la grande demande de personnel découlant des grands travaux réalisés alors, comme le barrage de la Baie James et les installations olympiques, le budget de construction de ce projet fut quand même respecté. Et, c’était généralement le cas au Québec.

Le battage journalistique des derniers mois sur les différents projets de construction de la ville de Montréal et des autres organismes gouvernementaux, mentionnés précédemment, a marqué profondément une majorité des Montréalais qui y voient des scandales honteux. Les personnages impliqués par les médias sont venus, tour à tour, sur la place publique pour se défendre des insinuations qui pèsent sur eux et leurs entreprises.

Frank Zampino, l’ex-président du comité exécutif de la ville de Montréal, Jean-Pierre Sauriol, président du groupe d’ingénieurs-constructeurs DESSAU et les présidents des associations des constructeurs de routes et de grands travaux du Québec (ACRGTQ) et de la construction du Québec (ACQ), se sont tous expliqués. Pour eux, tout est beau et « tout le monde il est gentil » car il n’y a pas vraiment de problèmes puisque tous les intervenants de leurs groupes respectifs sont qualifiés, efficaces, productifs, compétitifs et respectueux de l’éthique corporative et professionnelle. À peine quelques uns admettent-ils la présence de quelques moutons noirs dans leurs rangs mais ils seront vite, disent-ils, chassés de la bergerie.

La Sûreté du Québec fait actuellement enquête sur certaines entreprises et plusieurs y voient là la solution au problème actuel. Je ne le crois pas, car la police ne traitera pas de ce que j’estime être les racines du mal qui ronge la construction, soient : une collusion malsaine chez plusieurs fournisseurs de matériaux et d’équipements, une improductivité grandissante chez les travailleurs, une incompétence évidente dans la planification des projets, une inexpérience manifeste dans l’estimation des coûts des projets, un manque de contrôle et de surveillance chez les donneurs d’ouvrage, une complicité malsaine entre les politiciens, les entrepreneurs et les professionnels, un manque de respect du principe des soumissions publiques dans le domaine publique, une éthique inexistante chez plusieurs intervenants, etc…

Une vraie solution serait la mise sur pied par le gouvernement du Québec d’une commission d’enquête sur les coûts de construction. Il est urgent de bien comprendre ce qui se passe afin de faire les corrections nécessaires car le Québec va entreprendre dans les cinq prochaines années plus de 45 milliards $ de travaux d’infrastructures. Des hommes politiques mis-au-pas et qui comprennent mieux leur responsabilité en rapport avec la réalisation de projets d’infrastructures ou autres, plus un monde de la construction qui respecte les règles de l’art permettront d’économiser des centaines de millions de dollars.

J’ai été heureux ce matin d’apprendre que les fonctionnaires fédéraux prennent le temps de s’assurer que les projets présentés en catastrophe par les gouvernements des provinces et les villes sont bien ficelés avant de les approuver et d’autoriser la remise des argents votés par le parlement canadien. On les accuse de retarder les projets mais j’y vois une leçon découlant des suites de l’enquête du fameux scandale des commandites, d’il y a quelques années, durant laquelle les fonctionnaires se sont faits taper sur les doigts pour leur négligence. Je suis impressionné par ces employés de l’État qui résistent aux demandes pressées des politiciens du parti conservateur, pour faire leur « job ». Ce ne doit pas être facile pour eux, mais c’est nécessaire car cela permettra de s’assurer que l’argent fédéral sera bien utilisé et que les objectifs des investissements pour la relance de l’économie seront rencontrés. C’est un début. Espérons que le gouvernement du Québec et les villes feront de même chez nous.

Claude Dupras

jeudi 8 octobre 2009

Louise Harel et le syndicat maudit

Ça n’augure pas bien pour les payeurs de taxes et la qualité des services municipaux de Montréal. Le syndicat des cols-bleus profite à nouveau de l’élection municipale imminente pour chercher à faire améliorer leurs conditions de travail, qui sont déjà parmi les meilleures au Canada. Le maire Gérald Tremblay, nonobstant sa popularité décroissante, vient d’affirmer, avec courage et conviction, qu’il n’acceptera jamais les demandes de ce syndicat qu’il fixe à plus de 100 millions de $.

J’ai vécu un tel moment. En 1986, après avoir pris la succession de Jean Drapeau, je devenais le candidat à la mairie du parti civique de Montréal. Dès les jours qui suivirent, je fus approché par les représentants des cols-bleus qui voulaient connaître mes intentions sur la position de l’administration sortante Drapeau-Lamarre qui refusait leurs demandes syndicales et qu’elle qualifiait d’exagérées. Je les assurai que je traiterais toujours tous les employés de la ville comme s’ils étaient mes propres employés car j’avais la conviction que la qualité de leur travail et leur productivité étaient directement liées à leur bonheur d’œuvrer pour la ville.

Je n’étais pas à ce moment-là, évidemment, en mesure de me prononcer sur un dossier aussi important et compliqué. L’avoir fait n’aurait été que de l’opportuniste politique. Par contre, je promis que ce conflit serait ma priorité première dès les premiers jours de mon administration. Cela ne fit pas l’affaire des représentants du syndicat qui voulaient que je persuade, sur-le-champ, l’administration sortante d’accepter leur entente collective, telle que proposée, avant le jour des élections. Ils laissaient planer l’idée que j’obtiendrais alors leur appui électoral. Malgré que ce fût du pur chantage, mon adversaire Jean Doré accepta leurs conditions. Le soir, lors de l’assemblée du syndicat à l’aréna Paul Sauvé, la télé rapporta des images qui montraient les cols-bleus portant des affiches à l’effigie de Doré.

Ce syndicat était alors dirigé, depuis un an, par Jean Lapierre. Avant lui, le syndicat avait menacé le maire Drapeau. Une bombe éclata dans l’escalier d’entrée de son magnifique restaurant « le vaisseau d’or » de la rue Peel. Des dégâts considérables et le danger potentiel pour ses clients obligèrent Drapeau à fermer boutique. Puis, une bombe éclata sous le balcon arrière de la maison du maire à Cité-Jardin et détruisit une partie de la maison alors que sa famille y était. Nonobstant ces incidents dangereux, le maire montra son courage et maintint ses positions qui étaient plus que raisonnables. Enfin, sous l’administration Bourque, la porte de l’Hôtel de ville fut enfoncée par les syndiqués sous la direction de Lapierre qui en plus s’attaquèrent à la brigade anti-émeutes. Il se retrouva en prison, près d’un mois.

Lapierre milita aussi activement au sein du Parti Québécois, pour la souveraineté du Québec. Il fut un des purs et durs séparatistes, tout comme Louise Harel. Finalement, il prit sa retraite mais demeure un salarié du syndicat, grâce à un contrat qu’il s’est négocié lui-même, selon plusieurs observateurs. Il choisit son successeur Michel Parent qui, certains disent, est contrôlé à distance par Lapierre. Les cols-bleus reconnaissants, pour qui Lapierre est un Dieu, lui érigèrent un monument face à leur local de la rue Papineau.

Récemment, lors de l’assemblée du Conseil municipal, on a aperçu Louise Harel accompagnée de Michel Parent, dans les estrades réservées au public. Ce fut un geste surprenant, irréfléchi, imprudent et triste de la candidate à la mairie qui en dit long sur les négociations futures de Montréal avec le syndicat des cols-bleus, s’il elle devait devenir mairesse.

Pour aider Louise Harel, le syndicat mène une campagne démagogique contre le maire sortant. Par exemple, pour combattre la privatisation de certains emplois prônés par l’administration Tremblay, il dénonce l’honoraire de $60 l’heure pour un plombier fourni par une entreprise privée de plomberie prétextant que ce n’est que de l’argent dépensé inutilement puisqu’un col-bleu-plombier peut faire ce travail et ne coûte que $25 de l’heure à la ville. C’est une comparaison boiteuse qui ne tient pas compte que le salaire mentionné du col-bleu n’inclut pas tous les autres frais rattachés à son salaire, comme doit le faire obligatoirement l’entreprise privée pour couvrir ses frais comme : les équipements, les outils, les frais sociaux, les vacances et congés, les frais généraux, etc…

De plus, le syndicat refuse de reconnaître que le taux de productivité d’un très grand nombre de cols-bleus est faible, que plusieurs quittent le travail avant l’heure et qu’en général, ils sont lents et nonchalants dans l’exécution de leurs tâches. Michel Parent nie publiquement ces faits alors que les citoyens, témoins du travail des cols-bleus dans leur milieu, les constatent quotidiennement. Parent sait aussi que plusieurs de ses membres se consacrent aussi à des occupations personnelles sur leur temps de travail payé par la ville et il ne réagit pas.

Je ne veux pas donner l’impression que tous les membres des cols-bleus agissent ainsi car j’en connais personnellement plusieurs qui sont d’excellents employés de la ville. Malheureusement, un trop grand nombre d’entre eux agissent comme je l’ai décrit précédemment. Ils sont, en fait, motivés par l’exemple de leurs chefs et, en plus, les craignent. Ces derniers sont, en définitive, les vrais responsables de la tension permanente qui existe entre la ville et ce syndicat et il est clair qu’ils trompent sciemment la population montréalaise pour atteindre leurs fins. On me dit, qu’ils aiment à répéter que ce sont eux qui mènent à Montréal.

De son côté, Louise Harel ne dit rien face aux menaces que profère actuellement le syndicat maudit de la métropole et ne déplore pas les arrêts de travail qu’il provoque. Ce chantage éhonté se traduit par des nuisances majeures pour la population. En agissant ainsi, le syndicat croit pouvoir convaincre les électeurs que la paix ne sera retrouvée que s’ils élisent un maire qui acceptera leurs demandes. A mon avis, ils se trompent. Louise Harel erre aussi. En se montant chummy-chummy avec ce syndicat (ou un autre), elle perd de sa crédibilité. Les Montréalais et les Montréalaises ne sont pas dupes et comprennent qu’elle ne fait que de la « potilique » pour gagner des votes. Ils en ont soupé des grèves-éclairs déclenchés impunément par le syndicat et qui paralysent plusieurs services de la ville, dont la collecte des ordures.

J’espère que le syndicat des cols bleus deviendra un jour un syndicat responsable. Car il a aussi des bonnes idées, comme il l’a démontré en s’opposant à la privatisation de l’eau. Je l’appuie dans cette démarche car je connais bien les frais énormes réclamés aux consommateurs par des compagnies privées qui gèrent la distribution d’eau dans des villes hors Québec. Des exemples renversants viennent, entre autres, de la France où les sociétés distributrices d’eau surfacturent exagérément leurs clients et corrompent les élus afin d’accroître les taux et de maintenir leur emprise sur ce service.

Il est essentiel que le prochain maire n’ait aucune attache ni obligation envers quelque syndicat que ce soit. Il, ou elle, se doit d’être en mesure de négocier librement toute entente dans le meilleur intérêt de tous les Montréalais et Montréalaises.

Malheureusement, il semble que l’histoire se répète et que Louise Harel, tout comme Jean Doré, s’est laissée menotter les poignets. Cela risque de coûter 100 millions de $ aux contribuables. Ça fait cher le vote !

Claude Dupras

vendredi 2 octobre 2009

La colère de Coderre

Denis Coderre, lieutenant québécois du chef du Parti Libéral du Canada (PLC), vient de quitter son poste avec fracas. De plus, il a démissionné de son poste de critique de l’opposition officielle du Ministère de la Défense, au parlement. Ses gestes sont surprenants d’autant plus que des élections fédérales prochaines sont possibles puisque le gouvernement canadien du Parti Conservateur du Canada fait face à une motion de confiance proposée par le PLC.

Je connais Denis Coderre depuis longtemps et j’ai toujours admiré son enthousiasme, sa ténacité et sa fougue à servir la cause de son parti. Il y œuvre depuis sa jeunesse. Plus libéral que lui, on n’en trouve pas. Il a été trois fois candidat dans des comtés-châteaux-forts de partis adverses où il avait été mis en nomination par aider la cause son parti. Nonobstant la forte probabilité de défaite, il s’est, chaque fois, battu admirablement bien mais sans succès. Finalement, il s’est fait élire dans le comté de Montréal-Nord où il est un député fédéral bien apprécié puisqu’il a été maintes fois réélu, même lorsque son parti n’avait pas la cote et fut rejeté. Il a été ministre.

Depuis la descente aux enfers du PLC suite au scandale des commandites, Coderre n’a pas lâché. Il a tout fait pour aider son parti à relever la tête. Au congrès de leadership pour choisir un nouveau chef, il a pris parti pour Michael Ignatieff qui fut défait par Stéphane Dion. Coderre se rallia à ce dernier et donna le meilleur de lui-même. Dion perdit l’élection qui suivit, démissionna et Ignatieff fut appelé à le remplacer comme chef du PLC.

Le PLC était alors en plein désarroi au Québec avec un nombre de députés minimum. Ignatieff, dont la popularité reprenait du poil de la bête au Canada et particulièrement au Québec, décida, suite à une longue tradition, de se donner un lieutenant politique québécois, chargé des affaires du parti. Un genre de sous-chef. Ce poste fut brillamment rempli dans le passé par des Ernest Lapointe et des Marc Lalonde qui eurent une influence importante sur l’organisation du parti et sur la politique canadienne. Ignatieff choisit Denis Coderre pour remplir cette tâche importante. À mon point de vue, ce fut une erreur car Coderre n’est ni un Lapointe ni un Lalonde. Comme organisateur, oui, mais comme politique, non. Il aurait dû être nommé président d’un comité organisateur en vue des prochaines élections.

Coderre a fait un travail remarquable pour rebâtir le parti. Il a redonné un regain de vie aux troupes libérales québécoises. Il a créé une structure organisationnelle efficace, trouvé du financement par des activités démocratiques, fait choisir près de 90% des candidats, établi une stratégie électorale, bien représenté le parti dans tous les coins de la province et n’a cessé d’appuyer loyalement son chef en tout moment. Il a fait preuve d’un dévouement inlassable et d’une maîtrise exceptionnelle de l’appareil électoral du parti au Québec.

Pour atteindre les objectifs de son comité, il a dû, par la force des choses, piler sur certains orteils et cela a fait mal à plusieurs. Il a fait ce qu’il fallait faire pour réussir. Mais, il y en a toujours qui sont là pour chialer, critiquer et se plaindre. Ces derniers sont normalement ceux qui ne font rien et qui ne sont pas capables de faire quoi que ce soit de pratico-pratique. Coderre a su naviguer parmi ces eaux troubles et a maintenu son cap. Malheureusement, une dispute s’est développée pour le choix du candidat dans le comté d’Outremont, où l’ex député-ministre Martin Cauchon, qui avait, lâchement, quitté la barque libérale de la dernière élection alors qu’elle coulait, a voulu, puisque le vent est revenu dans les voiles du parti, reprendre son poste de député. Coderre refusa car il avait choisi une candidate très valable pour remplir ce poste et même décidé de l’imposer aux libéraux du comté en outre-passant une assemblée de mise-en-nomination ouverte à tous. Ce fut une erreur. Ignatieff refusa et décida que l’assemblée devait avoir lieu et que Cauchon pourrait y être candidat.

Face à la décision de son chef, Coderre jugea que son autorité était minée et il démissionna. Une autre erreur. De plus, sa fracassante sortie s’accompagna de dénonciations indirectes envers son chef sur la place publique lorsqu’il affirma que les décisions importantes en rapport avec l’organisation électorale de son parti au Québec étaient prises par les anglais à Toronto. Une autre erreur.

J’ai été dans la même position que Coderre pour le parti progressiste-conservateur du Canada (PPCC) sous Stanfield. Je tirais tous les cordons pour l’élection de 1972. J’ai connu ces moments difficiles où il fallait discuter longuement avec les autres membres de l’organisation nationale qui ne favorisaient pas nécessairement nos approches. Je ne gagnais pas toujours mon point, tout comme les autres membres des autres provinces ne gagnaient pas toujours les leurs. C’est ça un parti national ! Mon rôle et celui des autres Québécois qui y participaient nous a permis d’influencer les affaires nationales du parti. C’est ainsi que le PPCC s’est transformé pour devenir un parti pour tous les Canadiens et cela s’est avéré réel lorsque la porte s’est finalement ouverte pour la venue du premier Québécois comme chef, Brian Mulroney.

Coderre a nui à son parti en agissant comme il l’a fait. Sa décision intempestive est inexplicable pour moi. Il est triste de constater qu’un partisan aussi dévoué à un parti politique pose des gestes qui risquent d’entacher l’image de son parti, surtout à la veille d’une élection. Il a eu tort de démissionner et de tout foutre en l’air. Il a agi de façon irresponsable et a donné l’impression qu’il se prenait pour un général alors qu’il était lieutenant.

Denis Coderre est un homme travaillant, dévoué, sincère et dynamique. J’espère qu’il va se ressaisir et continuer à bien servir Montréal, le Québec et le Canada.

Claude Dupras