jeudi 26 février 2009

Le pétrole sale

Le National Geographic magazine publie dans son édition de mars 2009 (à voir sans faute) un article de fond sur l’exploitation des sables bitumineux d’Athabasca, en Alberta, et le ravage qui en résulte pour l’environnement.

Cet article en fera sourciller plus d’un et j’en suis très heureux, car je combats cette exploitation houillère depuis plus de 10 ans. C’est une honte pour notre pays qui au nom de l’argent, et sans être prêt, a laissé entreprendre un projet si désastreux pour la nature sans avoir tenu compte de ses effets pervers sur le réchauffement climatique.

Ce territoire des sables avec ses 3,512 kilomètres carrés (plus de sept fois la superficie de l’île de Montréal) est immense et l’excavation à ciel ouvert allant jusqu’à 60 mètres de profondeur représente un volume inimaginable de terre. Et dire que cette terre ne contient que 10% à 15% de pétrole. Pour en obtenir un baril, il faut excaver et traiter par lavage à l’eau très chaude quatre tonnes de terre. Actuellement pour produire trois barils de nouveau pétrole, on doit brûler deux barils de pétrole existant dont tous les rejets de gaz à effet de serre vont directement dans l’atmosphère et les autres résidus polluent l’environnement et trouvent en partie leur chemin vers la grande rivière Athabaska et le lac du même nom. C’est pourquoi le nouveau pétrole est qualifié de pétrole sale. On estime la capacité totale de cette réserve à 173,000 millions de barils. C’est la plus grande au monde après celle de l’Arabie Saoudite et elle située dans la partie albertaine de la forêt boréale canadienne.

Les Albertains en ont bien profité. Leur gouvernement a éliminé totalement sa dette, diminué considérablement ses impôts, augmenté les services à la population et vu celle-ci augmenter considérablement. C’est comme un nouveau Klondike. Le PM canadien Stephen Harper qui est Albertain et qui a fait élire ses députés conservateurs dans tous les comtés de sa province, a encouragé cette exploitation du temps du pouvoir de son idole GWBush. Le Québec a aussi profité de l’augmentation de la richesse de l’Alberta car cela a fait croître les paiements de péréquation qu’il reçoit du Canada puisqu’il est qualifié de province canadienne pauvre.

Mais depuis un certain temps les choses ont changé. Le prix du baril de pétrole est passé de 147$ à 35$ et ce dernier prix rend non économique l’exploitation des sables bitumineux. Certaines compagnies pétrolières qui y travaillaient ont fait faillite. Des milliers de travailleurs ont été mis au chômage. La province d’Alberta vient d’annoncer un déficit pour la prochaine année supérieur à plus d’un milliard de $. De plus, le président Barack Obama a juré de combattre le réchauffement climatique, et lors de sa rencontre récente à Ottawa avec le PM Harper s’est entendu avec lui pour que l’exploitation future des sables bitumineux change et que les carbones soient enterrés afin que l’environnement soit protégé. À cette condition, les USA sont intéressés à acheter notre pétrole qui serait alors qualifié de propre.

Je ne suis pas contre l’exploitation des sables bitumineux qui feront de mon pays, le Canada, un des plus riches de la planète. J’ai toujours prétendu qu’il était prématuré d’en commencer l’extraction car nous n’avions pas de système de traitement capable de protéger l’environnement. Ainsi j’ai proposé, il y a longtemps, que l’on construise des centrales nucléaires pour réchauffer l’eau de lavage. Malheureusement, le prix du baril de pétrole a augmenté rapidement et on n’a pas voulu attendre. Ce fut une erreur puisqu’à ce jour un tort immense a été fait à l’environnement comme le démontre clairement l’article du National Geographic magazine. Mais il reste tellement à faire car le projet est incommensurablement gros. Il est temps d’agir de façon responsable. Nous nous devons de poser les actes nécessaires pour assurer la protection de notre environnement même si cela veut dire que nous ne pourrons profiter, à court terme, de l’exploitation des sables bitumineux. Par contre, nos actions profiteront aux générations futures qui, elles, deviendront riches. Il me semble que c’est un bel héritage à léguer à nos enfants.

J’ai été désappointé du commentaire du nouveau chef libéral Michael Ignatieff qui, suite à l’article du magazine, a affirmé n’avoir rien à apprendre du National Geographic magazine. Il a cherché, par ses paroles, à gagner la faveur des Albertains. Il rêve en couleur car il ne réussira pas à cause de l’omniprésence d’Harper dans cette province. En lieu et place, qu’il se tienne debout et s’oppose à la continuation du ravage que font les compagnies pétrolières dans l’Athabaska. Ignatieff se doit de penser à l’intérêt général du Canada et défendre un développement des sables bitumineux qui respecte dorénavant les objectifs du combat contre le réchauffement climatique et la protection de l’environnement.

Je suis fier du président Obama qui réclame dorénavant un pétrole propre. Alors qu’il dit vouloir s’occuper de rendre son charbon propre, c’est à notre PM Harper d’assurer que notre pétrole le soit aussi.

Claude Dupras

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