lundi 23 février 2009

La dominance asiatique est-elle à nos portes ?

Mon ami Mansour, berbère algérien, m’a envoyé une longue missive suite à mon blog sur « Wolfe vs Montcalm ». Il donne un point de vue important partagé par de plus en plus de monde. J’ai voulu en faire part à mes amis internautes. Le voici :

Mon cher ami Claude,

Non seulement tu suis tous les événements géopolitiques du jour, mais tu trouves le moment de nous donner des leçons d'histoire concernant le Canada d'une manière générale et du Québec en particulier.

La France de Louis XIV représentait plus de la moitié de la population de l'Europe et pourtant la petite île d'Angleterre a pu coloniser tout un continent grâce à ses hommes politiques de l'époque. Imagines un peu, si de Gaule avait été au pouvoir en France durant cette période plutôt qu'un roi pompeux qui ne s'intéressait qu'à sa cour et aux états européens du nord de la France, quel aurait été le sort de la culture française à travers tout le continent américain.

Ceci étant dit, il faut reconnaitre tout de même que l'Angleterre avait déjà un siècle d'avance sur le reste de l'Europe en rapport avec le pouvoir de la science et de la technologie aussi bien que l'importance du commerce mondial. Comme tu disais si bien, l'Angleterre avait gagné sa guerre contre la plus grande puissance mondiale de l'époque, la France, en construisant une puissance maritime jamais égalée dans le passé.

Nous voilà au début d'un nouveau millénaire et j'ai l'impression que nous commençons à revoir l'histoire se renouveler, mais cette fois-ci à l'échelle mondiale. Tout comme la France du 17ième et 18ième siècles qui se croyait omnipotente, le monde occidental d'aujourd'hui me semble continuer à croire que sa domination du monde est illimitée alors que deux nations géantes, la Chine et l'Inde construisent inlassablement leurs puissances économiques et militaires de demain. Et pourtant ce danger venant de l'Asie n'est pas inconnu du monde occidental.

Je me souviens de mon père, qui me disait, alors que je n'étais qu'un tout petit garçon, que le monde devrait un jour ou l'autre faire face a la menace asiatique à long terme. Et lui-même n'avait pas imaginé ce danger à long terme. Il se référait tout simplement aux écrits de penseurs arabes du passé qui affirmaient que le monde islamique devrait un jour ou l'autre faire face a l'émergence de l'Asie en général.

En fait, ces penseurs arabes avaient nommé ce fléau "koom jouj oua majouj". Grossièrement, cela se traduit en une invasion d'un peuple de fourmis. Ne trouves-tu pas cette description du monde asiatique assez perspicace. Voilà un continent qui a déjà plus de la moitié de la population mondiale et qui en plus se prépare à dominer le monde de la science et de la technologie de demain. Imagine le nombre d'ingénieurs, de mathématiciens et de scientifiques de tous genres que la Chine et l'Inde produit tous les jours, comparé à la faillite du système éducatif du monde occidental en général. Je n'ai pas les statistiques pour prouver mon point de vue mais je sais que la Chine, a elle seule, doit produire plus d'hommes de science que tout le reste de notre monde culturel. Et la domination de ces pays asiatiques n'a rien à voir avec le montant des ressources allouées à l'éducation. Les ressources investies aux USA, par exemple dans le système éducatif, sont astronomiques comparées a celles consenties par les pays asiatiques. Malgré cela, même aux USA, par exemple, on ne peut expliquer la différence énorme entre les résultats académiques des enfants asiatiques (japonais, vietnamiens, chinois) et les enfants d'origine européenne.

Est-ce que nous n'avons pas en fait affaire à un problème culturel qui dépasse les clivages politiques et les conditions économiques des différents segments de notre société américaine. J'ai toujours voulu croire que les mêmes conditions créaient les mêmes résultats, comme Lavoisier nous demandait de croire. Et pourtant, du moins pour le moment, dans le domaine de l'éducation, les enfants asiatiques réussissent beaucoup mieux que tous les autres enfants aux USA. Et ce qui renforce encore mon point de vue, c'est que dans ce dernier pays et dans tout le reste du monde occidental, les populations qui émigrent de l'Europe de l'est ou de l'Afrique réussissent encore moins bien que le reste de la société. Il faut croire que la différence dans la réussite académique entre les différents segments d'une société dépend particulièrement de la culture différentielle de chacun des segments de cette société hétérogène.

Salutations

Mansour


Est-ce que Mansour exagère? Pas en rapport, du moins, avec le Québec où le décrochage scolaire devient scandaleux et qu’une grande partie de ceux qui sont diplômés ne le sont que par la peau des dents. Par ailleurs, notre gouvernement a fait beaucoup pour nos universités. Par exemple, l’École Polytechnique de Montréal, que je connais bien, est devenue, grâce à ses anciens qui y ont vu, comme Bernard Lamarre, un leader dans le monde pour l’enseignement des sciences de l’ingénierie. Elle s’est donnée, durant les dernières années, tous les moyens matériels pour être à la fine pointe de l’éducation technique professionnelle et cela dans tous les domaines. Mais les jeunes de chez nous qui y accèdent ont-ils la préparation nécessaire pour leur permettre d’aller chercher le maximum qu’une telle école offre et devenir des supers ingénieurs ? J’en doute. Quant au nombre, toujours grandissant, d’asiatiques qui sont à Polytechnique, on me dit qu’ils réussissent fort bien.

Claude Dupras

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