Guy Lafleur a été un des plus grands hockeyeurs sur glace au monde. Il a fait la gloire du club « Les Canadiens de Montréal » et a des légions de « fans » non seulement à Montréal, mais aussi partout au Canada et dans un très grand nombre de pays. Infatigable sur la glace, il était rapide, intelligent, brillant. On le surnommait « la comète blonde », avec raison. Il a été un joueur qui a mérité le plus d’être au Temple de la Renommée du Hockey.
Suite à sa carrière de sportif, il s’est lancé dans la restauration où il s’est avéré un très bon administrateur et réussit très bien. Généreux, engageant, simple, dévoué, il participe au financement de nombreuses œuvres de charité et ne refuse jamais une invitation pour aller aider les plus démunis. C’est un citoyen modèle qui d’ailleurs a été décoré par les ordres de mérite du Québec et du Canada.
Mais, car il y a toujours un mais, Guy n’a pas bien réussi avec l’éducation de l’un de ses fils qui a fait face à 22 chefs d’accusation de voies de fait, d’agressions sexuelles, de séquestration et de menaces de mort à l’endroit d’une adolescente. Il a été trouvé en possession de drogues et est accusé d’en avoir fait le trafic. Tout ça entre 2004 et 2007.
Le fils a reconnu sa culpabilité dès sa comparution devant le juge sauf pour les chefs d’agressions sexuelles qui finalement n’ont pas été retenus contre lui. Il a été confiné, en attendant son procès, dans une maison de réinsertion sociale avec permission spéciale pour les weekends durant lesquels il pouvait vivre chez ses parents tout en respectant le couvre-feu. Il a été expulsé de cette institution à cause d’agissements inacceptables. Guy Lafleur a alors plaidé pour que son fils obtienne une libération conditionnelle avec obligation de vivre en tout temps à la maison familiale, sous la surveillance de ses parents. Malheureusement, son fils a violé les conditions de cette dernière libération.
C’est en rapport avec un bris de condition de la libération conditionnelle de son fils que Guy Lafleur, sous serment, a menti en donnant des témoignages contradictoires lors de différentes audiences de l’enquête pour la mise en liberté de son fils. Il a sciemment trompé la cour pour aider son fils et a été accusé à son tour. Au terme de son procès, Guy Lafleur vient d’être déclaré coupable et sa sentence sera rendue dans un mois.
Quelle sera-t-elle ? Guy Lafleur doit-il être pardonné parce qu’il est une icône québécoise ? Doit-on oublier que le parjure est un crime grave qui peut mériter une peine de 2 ans de prison ? Guy Lafleur n’a-t-il pas déjà payé suffisamment cette erreur suite à la médiatisation intensive qu’il subit et qui ternit sa réputation, jusque-là sans tache ? Le casier judiciaire qui en découle n’est-il pas un poids trop lourd à porter pour Lafleur qui se verra refuser, entre autres, l’entrée aux USA où il y travaille parfois ? L’arrestation abusive et publicisée de Guy Lafleur, pour laquelle tous les médias avaient été conviés et qui fut orchestrée par la police de Montréal, n’était-elle pas une injustice flagrante qui devrait effacer toute sentence ? Les Montréalais se divisent sur cette question.
Pour moi, il faut, dans un premier temps, séparer l’homme de la vedette. C’est l’homme qui est jugé et non la vedette. La justice dans notre pays nous permet de vivre normalement et la loi nous protège. On ne peut tolérer que la justice ne soit pas égale pour tous. On ne peut accepter que les jugements des cours soient basés sur des dépositions fausses. Notre système de justice doit être respecté et respectable. Les sentences doivent être équitables.
C’est pourquoi, je crois que Guy Lafleur, que j’aime toujours car il s’est mis dans ce pétrin pour son fils et non pas pour en bénéficier lui-même, doit avoir une punition qui correspond au crime. Cette condamnation doit faire mal.
Si le juge a le choix entre la prison et une amende sévère, je lui suggère l’amende. La prison n’aidera personne et nuira considérablement et inutilement à la vie de Guy Lafleur et à celle de sa famille. Par contre, une amende importante de $500,000 devant être versée à des œuvres caritatives, sera pour lui très difficile à verser. Mais cela lui permettra de continuer à travailler, de s’occuper de ses entreprises et de ses employés, de vivre auprès des siens et d’aider la société.
Claude Dupras
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