La question peut surprendre mais à voir évoluer actuellement le parti socialiste français, je crois que l’on peut exprimer un gros doute.
Depuis Guy Mollet, durant les années ’50, il a été intéressant de suivre l’évolution des idées des femmes et des hommes politiques français, particulièrement ceux qui ont été le moteur de leur mouvement respectif.
La surprise est surtout du côté de la gauche. En effet, on réalise que le parti socialiste français (PS) s’éloigne, au fur et à mesure des années, de la cause fondamentale pour laquelle il fut créé. C’est le pouvoir qui l’a changé. L’ayant goûté, ses dirigeants ont depuis glissé à droite simplement pour le garder ou le reprendre.
Aujourd’hui, plus que jamais, le PS se montre conservateur. Il s’oppose à tout changement, à toute adaptation à l’évolution des choses. Un exemple, parmi des dizaines d’autres : le PS s’oppose à l’augmentation de la retraite de 60 à 62 ans (alors qu’ailleurs elle est de 65-67 ans) et encourage tous les mouvements à manifester le 7 septembre prochain dans les rues de toutes les villes de France. Le PS est contre cette mesure et cela malgré que cette dernière vise à maintenir, à protéger et à améliorer la qualité des pensions pour les Français.
La constante inquiétude des dirigeants du PS de rester dans l’opposition fait en sorte que le parti n’a pas de stratégie concrète, ni réaliste, ni globale pour mener les Français et les Françaises vers le nouveau monde dominé, non pas par les mouvements ouvriers ou même les petits ou grands entrepreneurs économiques, mais par la Chine et l’Inde d’un côté et les multinationales de l’autre. Sa stratégie se résume à pratiquer un commerce d’images et d’illusions pour gagner le pouvoir.
Ce qui est inquiétant, c’est l’absence de nouvelles idées proposées par la soi-disant élite intellectuelle de la gauche qui a toujours joué un rôle fondamental dans le passé de cette mouvance politique, à commencer par l'ère des Lumières du 18ième siècle. Cette gauche intellectuelle a-t-elle déserté le PS ? Existe-t-elle encore ? Est-elle submergée par les dirigeants actuels qui priorisent la réussite de l’élection à l’importance des idées ?
La droite et la gauche prétendent défendre les intérêts des pauvres mortels mais depuis les trente dernières années, l’espace entre les « have » et les « have-not » ne fait que s’agrandir. Le parti socialiste français qui dit mettre l'homme et les valeurs humaines au-dessus des autres valeurs, propose-il des politiques capables d’arrêter l’élargissement de ce gouffre qui sépare de plus en plus les riches et le reste du monde ? Non !
Le désarroi à gauche est non seulement le fait du PS de France mais aussi celui d’un très grand nombre de mouvements politiques similaires dans les pays qui se réclament démocratiques comme les USA, l'Inde et un grand nombre de pays asiatiques. Il semble que seul l’hémisphère du monde qui continue aujourd’hui à réellement lutter pour la défense des « have not » est l'Amérique latine, qui paradoxalement était l'hémisphère le plus rétrograde durant tout le siècle dernier.
Le monde occidental a-t-il besoin d’une mobilisation globale des travailleurs et des moins nantis pour engager une révolution profonde afin d’éviter une noyade générale ? Combien de salaires additionnels devront être appréciablement réduits, quand ce n’est pas de la moitié comme on a vu encore récemment aux USA et en France, pour sauver, dit-on, les emplois et les entreprises ? Quand allons-nous nous offusquer de cette diminution de la qualité de vie d’un si grand nombre, au lieu de ne hausser que les épaules ? Et, lors de la prochaine crise, les salaires seront-ils à nouveau diminués et réagirons-nous de la même façon ?
N’est-ce pas évident que maintenir le rythme actuel ne pourra pas durer indéfiniment ? Comment faire réaliser aux sociétés occidentales, qui ne se rendent même pas compte de cet état de fait, qu’elles doivent trouver ensemble des solutions à cette évolution dramatique qui en réalité nous guette tous ?
Les civilisations romaine et arabe ont vécu de tels changements et ont finalement disparu. Vivons-nous le début de la disparition de la nôtre ? Je n’en ai aucune idée, mais des analystes qui s’y connaissent en parlent !
Une chose est certaine. Les chefs politiques du G20 n’écoutent pas les revendications qui s’expriment lors des manifestations de masse qui surgissent à chaque réunion de ce groupe important. Plusieurs observateurs, politiciens et policiers déblatèrent contre ces manifestants qui sont là pour exprimer leur profonde inquiétude de l’évolution de notre civilisation. Au lieu de frapper sur ces gens à coups de matraques, souventes fois sans raison comme récemment à Toronto, il serait plus important d’écouter l’expression de leurs craintes, de leurs souffrances et de leurs peurs. Plusieurs parmi ces manifestants semblent comprendre mieux que nos leaders politiques, l’envergure des calamités qui pointent à l’horizon.
Il est temps et important que le parti socialiste français retrouve sa vraie vocation de gauche. Il est facile pour ses ténors de se gargariser constamment avec tous les mots et les sentiments qui riment avec humaniste, mais être un vrai humaniste est le défi et l’outil nécessaire pour changer la tendance de nos sociétés d’aujourd’hui. Le pouvoir est intéressant et utile pour mettre en force ses idées, mais encore faut-il les proposer à l’électorat et les réaliser lorsqu’on l’exerce.
La France a été longtemps le phare pour les mouvances politiques de gauche du monde. Le demeurera-t-elle ? À ce que je constate aujourd’hui, je crois que ce temps est passé.
Claude Dupras
1 commentaire:
In it something is also I think, what is it good idea.
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