Voilà un parti, le parti socialiste français, qui, il y a à peine quelques mois, était en plein désarroi. Ses membres principaux, les éléphants et les éléphanteaux, comme on les qualifie, tiraient à hue et à dia dans un manque évident de cohérence, d'organisation et de discipline. En 2008, les membres du parti, désespérés de la situation comico-tragique de leur parti, changèrent de 1er secrétaire lors d’un congrès et choisirent Martine Aubry pour remplacer le démissionnaire François Hollande. Le vote fut très serré et disputé par la perdante Ségolène Royal, l’ex candidate du parti à la présidentielle contre Nicolas Sarkozy.
Après le congrès, les supporteurs de Royal et la candidate continuèrent à harceler Aubry et à se plaindre, avec raison, d’irrégularités lors de la votation. Mais, peu à peu, une accalmie s’installa, conséquence des élections régionales qui étaient à l’horizon. Ségolène Royal se rangea. Le parti socialiste remporta ce scrutin haut la main en gagnant 22 des 25 régions alors que la droite subissait son plus grand revers depuis la Ve République. Les électeurs en très grande majorité exprimèrent ce jour-là leur désapprobation profonde de l’administration Sarkozy. Ce fut un vote contre Sarkozy plutôt qu’un vote pour Aubry et son parti. Comme ailleurs dans le monde, les électeurs votèrent surtout contre que pour quelque chose.
Martine Aubry, politicienne de grande expérience, a compris et depuis, elle ne fait que s’opposer à tout ce que le gouvernement français propose. Les socialistes votent non à presque tout, comme le font les républicains américains avec le président Barack Obama. C’est la politique du « non ». De plus, les représentants socialistes exploitent chaque mauvaise nouvelle visant Sarkozy ou son parti et, dès qu’elle se pointe, ils font tout pour la transformer en scandale, cherchant à émouvoir les Français et les Françaises pour atteindre leur objectif de troubler l’image du président. Et çà marche !
Le parti au pouvoir accuse le parti socialiste de ne rien proposer. Martine Aubry juge que ce n’est pas le temps car les médias sont concentrés sur tout ce qui se dit contre Sarkozy. Si le parti socialiste promet quoi que ce soit, ce sera examiné à la loupe par la droite et il y a risque que le débat dévie contre les propositions socialistes. Il vaut mieux ne rien proposer et se limiter à critiquer sans cesse. C’est la bonne stratégie à ce moment-ci pour le parti socialiste français. La descente de Sarkozy aux enfers des sondages le démontre bien. De plus, cette stratégie sert bien Aubry puisqu’elle a réussi à unir son parti et à éteindre tous les échos négatifs qui résonnaient et qui minaient son parti dans l’opinion publique, dans un passé encore récent.
Cependant, les « spins » sur chaque pseudo-scandale sont tellement exagérés qu’ils deviennent démagogiques. Que les politiciens français s’abaissent à utiliser à un tel point la démagogie comme arme politique est surprenant ! Que les socialistes démontrent une haine profonde de Sarkozy et ne visent qu’à le salir au lieu de discuter sérieusement de ses politiques ne fait pas sérieux ! Que ses adversaires le traitent de tous les noms et ne montrent aucun respect pour lui - n’est-il pas président de la France – cela diminuent l’importance de la politique dans l’opinion publique ! Qu’ils disent non à tout, est peut être bon électoralement mais ne correspond pas à ce que doit faire un parti d’opposition. C’est là le drame de la politique de nos jours. Et on est surpris que les citoyens s’intéressent de moins en moins à la gouvernance de leur pays.
Il reste plus de deux années avant la prochaine élection présidentielle. Rien n’est gagné pour les socialistes, loin de là. Surtout quand on sait qu’ « une semaine est une éternité en politique ».
Le parti socialiste organise une élection primaire et invite tous les gens de la gauche, quelque soit leur parti, à y participer et à voter pour le prochain candidat de gauche à la présidentielle. Belle idée ! Mais il y a un hic, puisque les candidats susceptibles d’être mis en nomination par le parti socialiste ont décidé de se rallier à l’un d’eux pour présenter un candidat unique afin d’éviter la dissension dans le parti et maintenir le pouvoir entre leurs mains. Donc les autres candidats, incluant ceux du parti socialiste qui ne sont pas dans le troupeau des éléphants, partent avec un désavantage insurmontable puisque ces derniers veulent piper les dés avant le jeu. Cela n’aidera sûrement pas l’image qui sortira de la primaire. Que le parti socialiste laisse la liberté à chaque candidat de se présenter et que le meilleur gagne. Une élection primaire c’est bon si on laisse tous les candidats libres de faire et de dire ce qu’ils veulent. C’est de la vraie démocratie. Et, celui qui gagne est généralement le meilleur politiquement. Obama en est la preuve.
Il y a aussi Sarkozy et son organisation électorale. C’est à ne pas minimiser. Il a toujours démontré qu’il est fort comme candidat et sait bien faire. Je ne donnerais pas cher pour lui si l’élection était tenue actuellement. Mais ce n’est pas le cas. À ce jour, le président Sarkozy a fait un très grand nombre de réformes, que plusieurs ont déjà oubliées. Il va en faire d’autres encore plus importantes durant les prochains mois. À la fin de son mandat, son bilan sera impressionnant.
De son côté, le parti socialiste devra, un jour, proposer quelque chose. Ce sera le moment de vérité. Il a, dans le passé, mis en place la pension à 60 ans (elle était à 65 ans) et les 35 heures. Propositions alléchantes, mais combien irréalistes et nuisibles à la France comme le temps l’a démontré. Dans le contexte de la crise économique actuelle qui affecte profondément toute l’Europe et particulièrement la France, le parti socialiste se doit d’être responsable et de proposer des mesures politiques nécessaires au redressement de la situation financière du pays. Ce sont des actions qui ne sont pas toujours populaires chez l’électorat. Le fera-t-il ? J’en doute car les éléphants ont faim.
Claude Dupras
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