Lettre envoyée aujourd'hui au Premier Ministre du Québec
Monsieur le Premier Ministre Jean Charest,
Je viens de vivre une expérience pénible et impensable dans un hôpital du système de soins de santé du Québec, l’Hôpital Anna-Laberge de Châteauguay.
Mercredi, le 7 avril dernier, ma fille ressentit un malaise à la poitrine. Elle appela le 811 pour obtenir une opinion médicale et un conseil pour alléger son indisposition. Suite à la description de ses symptômes, on l’avisa qu’elle avait peut être fait un infarctus et qu’il était absolument nécessaire de la transporter à l’hôpital le plus proche, en l’occurrence Anna-Laberge.
Le service ambulancier fut contacté et l’ambulance arriva dans les minutes suivantes avec deux paramédiques. Ceux-ci prirent vite contrôle de la situation. Ils apportèrent tous leurs instruments dans la maison et l’examinèrent. Leur électrocardiographe ne montra pas d’infarctus mais ils expliquèrent que leur instrument ne faisait pas un examen total du cœur et qu’il fallait d’urgence la transporter à l’hôpital. Ces deux personnes, très dévouées et compétentes, prirent toutes les précautions pour qu’elle ne fasse aucun effort.
L’ambulance arriva à Anna-Laberge à 9h30. Les paramédiques la transportèrent directement dans une salle d’examen pour un électrocardiogramme complet. Puis, ils l’installèrent dans un lit d’hôpital sur roue et le placèrent le long du mur du corridor du département de l’urgence, vis-à-vis l’entrée des ambulanciers, à quelques pas du poste de garde. Personne ne vint la voir pour lui expliquer quoi que ce soit ou pour lui donner le résultat de l’électrocardiogramme. Elle continuait à se sentir malade, avait des nausées, et, par moment, avait peine à respirer. Le temps passait. Tout le long du mur, d’autres patients attendaient dans leur lit installé à la file indienne. Plusieurs étaient, de toute évidence, très mal en point. Personne ne vint les voir. Lorsque j’arrivai à l’hôpital, une vieille patiente me prédit que ma fille en aurait pour 25 heures d’attente avant de voir un médecin. Cela me semblait invraisemblable.
Vers 13h00, comme on ne lui avait pas servi de nourriture, mon épouse se rendit à la cafétéria pour lui acheter une collation.
Vers 20h00, à mon retour, je lui ai demandé si elle avait mangé et encore une fois j’appris que rien ne lui avait été apporté. Je me rendis à la cafétéria que je trouvai fermée. On m’indiqua qu’il y avait à proximité une « machine à sandwichs », je la trouvai remplie de nourriture mais avec une affiche « hors d’usage ». Rien. Un préposé au nettoyage me suggéra de me rendre dans un restaurant de Châteauguay pour trouver de la nourriture à apporter. C’était pour moi invraisemblable que des patients « parkés » dans un corridor, près d’un poste de garde, n’aient reçu aucune nourriture de la journée. Je revins au poste pour expliquer la situation et on m’avisa que la nourriture était seulement sur demande. Et ceux qui ne sont pas en mesure de le demander, comme les vieilles femmes à l’air très faible dans d’autres lits, sans visiteurs, et n’ayant pas la force de se lever, comment peuvent-ils le faire ? Finalement, un aide-malade apporta un sac brun dans lequel ma fille trouva un sandwich, une boisson et un dessert. « Et les autres patients, lui demandai-je ? ». Il haussa les épaules et partit.
Le temps s’écoula. Dans le lit voisin, une jeune femme souffrait de pierres aux reins. Elle subit, tout à coup, une violente crise qui la fit gémir, tortiller, crier, pleurer, vomir... De toute évidence, elle souffrait le martyre. Je ne voulais pas me mêler de tout cela, mais je constatai que le personnel de l’hôpital : gardes, aide-malades, infirmiers, brancardiers, femmes de ménage et autres, passaient près d’elle sans même la regarder. Ils semblaient tous imperméables à sa souffrance. Au bout de trente minutes, n’en pouvant plus, je me rendis au poste de garde et soulignai à une secrétaire le tourment de cette femme. Elle me donna l’impression que je m’occupais de choses qui ne me concernaient pas. Je demeurai calme et répéta que cette personne souffrait énormément et qu’il fallait faire quelque chose pour la soulager immédiatement. Impatiente et comme pour se débarrasser de moi, elle me répondit qu’elle le savait et qu’elle irait la voir. Trente minutes plus tard, elle vint lui demander son nom et repartit aussi vite. Finalement, une autre heure plus tard, un brancardier tira le lit de cette malade, toujours très souffrante, vers une des salles d’examen de l’urgence. Le lendemain, en après-midi, nous l’aperçûmes toujours dans son lit et dans le corridor, mais elle semblait moins souffrir.
Le bruit généré dans le corridor par le va-et-vient du personnel et par les six portes automatiques de l’urgence, pour l’entrée des ambulanciers, qui s’ouvraient et se fermaient sans cesse (même lorsque qu’une personne ne faisait que passer devant), ajouté à l’éclairage puissant de ces corridors, le tout fait en sorte que le malade est non seulement incommodé, à la vue de tout ce beau monde mais il est surtout incapable de se reposer un peu.
Il n’y avait là aucune personne « volontaire », comme j’ai vu dans d’autres hôpitaux, pour parler aux patients, les écouter, les calmer... Je pris donc l’initiative d’aller de lit en lit pour dire quelques mots à chacun afin de les distraire quelque peu. Ils se montrèrent heureux de voir que quelqu’un s’intéressait à eux. Leur physionomie changeait, ils devenaient moins renfrognés et parlaient beaucoup. J’ai même perçu quelques sourires, dont chez une vieille dame unilingue anglaise qui avait mis ses grosses lunettes de soleil à cause de l’éclairage qui l’agressait. Mon geste était petit, mais l’effet fut surprenant.
Vers 21h00, je demandai au poste de garde à quel moment ma fille serait vue et quel était le résultat de l’électrocardiogramme. On me dit qu’il y avait seulement deux médecins de garde et qu’ils devaient traiter tous les patients à tour de rôle, ceux arrivés à la salle d’urgence durant la journée et ceux des lits du corridor. Quant aux nouveaux arrivants en ambulance (au rythme d’au moins 3 à l’heure) ils avaient la priorité si leur cas était grave. Pour m’encourager, probablement, on me dit que son dossier était parmi les prochains. Quant à l’électrocardiogramme, le médecin ne l’avait pas encore vu.
Quatre heures et demie plus tard, à 1h30 le matin du 8 avril, on vint chercher ma fille pour la salle d’examen où elle attendit une autre heure avant qu’une femme médecin n’arrive. Elle déclara l’électrocardiogramme satisfaisant mais ordonna une prise de sang et repartit. Deux heures plus tard, non satisfaite du résultat, elle fixa un rendez-vous pour 9h45 pour une écographie et une autre prise de sang, croyant déceler une pancréatite. Il était 4h00 le matin, plus de 18 heures et 30 minutes après son arrivée. Ma fille était exténuée et enfin libre de partir.
Le matin, elle se pointa à l’heure précise pour son rendez-vous. Après l’éco et la prise de sang, on lui demanda d’attendre quelques moments dans la salle d’attente de l’urgence. Elle y retrouva des dizaines de personnes très fatiguées, sans recours, découragées, affaissées… car plusieurs étaient là depuis la veille et n’avaient pas encore été vues par un des deux médecins.
Ce n’est que six heures plus tard, vers 16h00, que ma fille a vu le médecin qui lui annonça alors qu’elle n’avait pas de pancréatite. La nouvelle prise de sang montra qu’il y avait eu erreur de la part du laboratoire ! Qu’il n’y avait rien d’anormal. Selon lui, le problème était gastrique et il prescrivit deux médicaments.
Au total, ma fille a attendu près de 25 heures à l’Hôpital Anna-Laberge. Ce n’était pas la seule qui a dû subir cette horreur puisque cela correspondait à la prédiction de la patiente rencontrée en arrivant à l’hôpital.
Comme ingénieur, j’ai participé à la construction d’une douzaine d’hôpitaux. J’ai remarqué que le bâtiment de cet hôpital est de bonne qualité. Tous les systèmes thérapeutiques semblent en bonne condition. Les équipements et les accessoires pour les malades sont modernes. En somme, au point vue du matériel, je ne vois rien à vraiment critiquer sauf pour la propreté qui laissait à désirer.
Je ne suis pas non plus prêt à condamner le personnel que j’ai trouvé dévoué bien que débordé et fatigué. On ne peut le blâmer pour la façon déplorable avec laquelle les patients externes de cet hôpital sont traités.
Il y a un manque évident de médecins et d’infirmières dans cet hôpital, du moins à l’urgence. Il y a aussi un problème manifeste de gérance. J’ai l’impression que le directeur général de cet Hôpital Anna-Laberge de Châteauguay est dépassé par les événements et n’est pas à la hauteur de la situation car ces problèmes sont aussi une question d’organisation.
Monsieur le Premier Ministre, vous et vos ministres de la santé avez maintes fois affirmé que tout va mieux dans les urgences au Québec, que le temps d’attente y a considérablement diminué et que vous continuez à travailler pour qu’il soit encore meilleur. Eh bien, ce n’est pas du tout le cas à Anna-Laberge !
Il y a là des Québécois et des Québécoises qui y souffrent inutilement et cela est déplorable et inacceptable dans une société comme celle dans laquelle nous vivons aujourd’hui. N’y-a-t-il pas un code du malade qui dicte que le patient d’un hôpital ne doit pas souffrir ?
Je vous prie, Monsieur le Premier Ministre, d’intervenir personnellement pour régler le cas de l’urgence de cet Hôpital Anna-Laberge de Châteauguay qui fait souffrir les malades qui s’y rendent. Il faudrait que votre action soit dans les plus brefs délais puisque bien des patients supportent des douleurs inutiles au moment même où vous lisez cette lettre.
Merci de votre bonne attention.
Claude Dupras
5 commentaires:
J ai vécu une situation semblable a l hopital Pierre Le gardeur de Lachenaie,je crois malheureusement que le probleme es pareil ds ts les hopitaux du Québec,c est une épidémie,pire que la h1n1!!!!!!!!!
C'est sur que c'est pire que la H1N1, on a rien vu, là-dessus.... mais la situation dans les hopitaux est épouvantable, il faut faire quelque chose et je ne crois pas que ce soit notre cher ministre qui fera quelque chose, malheureusement!!!!!!
Excelente lettre Monsieur Dupras.
Malheureusement mous avons tous vécu la même situation. Nos gouvernements présents et antérieurs n'ont jamais vus venir la hausse fracassante des cas dans nos urgences. Les coupures de madame Marois non pas aidé non plus . Le malheur dans tout çà c'est que Jean Charest est imperméable aux demandes et suggestions des Électeurs. Il ne vas rien y changer car le dégat vint d'une autre administration.
Je peux vous certifier que je connais le probleme dans les urgences ayant subi une Infarctus moi-même. Je connais aussi les problemes qui s'agravent dans nos Dortoirs de la mort , les Centres d'hébergement pour les vieux. Mon épouse étant Infirmiere depuis 19 ans. Oui il ya a unmanque d'effectifs et oui le personnel est suoer débordé et la raison est simple. Ils engagent des infirmieres d'Agences qui arrivent dans un lieu de travail qu'ils ne connaissent pas, N.ont aucune notion des soins à dispenser et ne connaissent pas les malades sous leurs responsabilité.
Les infirmieres passent en moyenne 4 heures par quart de travail à rédiger des dossiers et faire de la paperasse. Ma femme à elle seule a dans les 4 jeures qui lui reste disons, 38 patients sous sa responsabilité et je parle de cas excessivement lourds ( alzeimer, infirmités chroniques, cancers, et le reste.) Pas mëme une seule minute pour leur faire un doux sourire de temps à autres comme ils l'ont appris à l'école des Infirmieres et dans le code de déontologie. L,administration veut de plus en plus de patients mais veulent de moins en moins débourser pour les soins. Aussitôt qu'une nouvelle infirmiere arrive, cé la paperasse administrative qui a priorité à moins d'une sérieuse urgence......évidemment. Oubliez le temps de Florence Nightingale et des religieuses qui passaient leur temps dans les hopitaux auprès des malades , ce temps là est révolu. Bienvenue dans le monde de la productivité hospitaliere et bureaucratique que j'ai le regret de vous dire.
Des cas comme le vôtre il y en a des centaines de milliers au Québec. Les médecins en ont ras le bol et la plupart du Staff dans les hopitaux sont des Stagiaires en Médecine car les vrais spécialistes eux préfèrent les cliniques privés ou à leurs cabinets.
Voulez vous maintenant qu'on entame les gaspillages et les ingérences administratives de nos élus ???
Mes salutations les plus distingués .
Donald Rouleau
Ingénieur DOT USA à la retraite
C'est des situations qui ont trop perduré dans nos urgences. Ces situations seraient normales lors de catastrophe naturelle ou de crash d’avion.
Il est temps que les infirmiers puissent initier des examens diagnostiques et des traitements pour diminuer l'attente dans les urgences. Des infirmiers de dispensaires dans les urgences du Sud. Les patients n'attendraient plus des heures pour quelques sutures, pour une infection urinaire, pour des cas cliniques simple, etc. Les quelques médecins disponibles seraient mieux employés. Les médecins auraient déjà en main des résultats de labo, etc. Moins de temps passé a l'urgence, moins de patient dans les corridors.
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Je peu vous dire que les patients Inuits et nos visiteur du Sud québécois, apprécient notre travail et le temps d’attente qui ne dépasse pas 4 heures (exceptionnellement). Quand les cas sont plus complexes on consulte un médecin en personne ou par téléphone, on initie les traitements et les labos. Lors des suivis par le médecin, les résultats de labo sont déjà disponible et, ou le patient a déjà débuté une médication au besoin. Les CLSC du Sud pourraient fonctionner comme les dispensaires du Nord, il en résulterait des urgences moins achalandé et des patients pris en charge plus rapidement.
Malheureusement lorsqu’un infirmier de dispensaire revient au Sud son expérience n’est pas utilisée.
On commence tranquillement à déléguer des tâches réservés auparavent aux médecins mais cé pas vite. On tente aussi de créer un genre de Super Nurse aussi mais comme on le sait cé long démarrer au Québec.
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