Ce n’est pas drôle, aujourd’hui, d’être un homme politique. S’il est accusé de trafic d’influence ou de quoi que ce soit d’autre, même sans fondement, il est vite écrasé par une avalanche de nouvelles qui le salissent. Les nombreux médias qui existent de nos jours, pris dans une spirale de surenchère de popularité, n’hésitent pas à dire n’importe quoi pour émettre la nouvelle la plus percutante qu’importe la vérité ou encore, et c’est fort dommageable, les conséquences pour l’épouse, les enfants et la famille de l’individu visé. Ce dernier est vite déclaré coupable par l’opinion publique, même s’il est innocent. Mais où donc est le journalisme professionnel au Québec pour faire la part des choses ?
En ce moment, c’est le premier ministre du Québec, accusé par son ancien ministre de la justice, qui est la victime de ce nouveau mode d’harcèlement. Les sondages indiquent que les allégations de cet ex-ministre libéral, Marc Bellemare, sont crues par 65% de la population devenue cynique. À ce jour, ce dernier a insinué que le PM ne l’écoutait pas lorsqu’il se plaignait des influences de son parti politique en rapport avec les décisions du gouvernement et particulièrement avec la nomination des juges qui était de son ressort.
Le PM a vite réagi à ces insinuations et a institué une commission d’enquête publique sur la nomination des juges, présidée par un ex-juge de la Cour suprême du Canada. Récemment, il avait demandé au Directeur général des élections de faire enquête sur le financement des partis politiques. Avant cela, il avait ordonné à la police du Québec de créer une opération d’envergure pour enquêter sur de présumés scandales dans le domaine de la construction. Malgré que, dans tous ces cas, le parti libéral du Québec puisse être interrogé, touché et accusé, le PM n’a pas hésité à mettre en place toutes ces enquêtes.
Cela n’a pas calmé la rumeur publique qui a décidé que Jean Charest est coupable. Et les médias en mettent encore plus…
La grande erreur de Jean Charest a été de refuser d’instituer une enquête publique sur la construction. La population a été amenée a réclamer cette enquête et le PM a résisté pour des raisons, dit-il, de gouvernance et de coût. J’ai été parmi les premiers à la suggérer et je la veux toujours car c’est la seule façon de déterminer les vraies raisons des augmentations faramineuses des coûts de la construction. Si Jean Charest avait accepté de la créer, il ne serait pas dans la mire de ceux qui pensent qu’il veut cacher quelque chose et qui font tout pour l’ébranler.
Qu’importe le long passé politique du PM, ses victoires électorales répétées, son service comme élu au gouvernement du Canada et à celui du Québec, Jean Charest est, aujourd’hui, la victime d’insinuations et d’accusations gratuites sur tout et rien. On cherche à le dénigrer afin de le paralyser dans son travail. Les partis d’opposition voient là une chance unique de se remplumer électoralement. La chef du Parti Québécois, n’hésite pas à aller jusqu’à affirmer que ce sont les bailleurs de fonds du parti libéral qui mènent à Québec. Un « gouvernement clandestin » est la dernière trouvaille médiatique qu’a lancée Pauline Marois qui semble oublier qu’elle vit dans un château de verre.
Il est temps que nous nous ressaisissions tous et attendions le résultat des enquêtes. Il y a trop de problèmes importants qui confrontent notre société aujourd’hui pour se laisser distraire ainsi. Halte, les moteurs ! Soyons calmes, ne nous inquiétons pas, la lumière sera faite sur toutes ces affaires et nous saurons qui dit la vérité et connaîtrons les vrais coupables. Quand même, la démocratie n’est pas en péril !
Quant à l’octroi des contrats gouvernementaux, laissez-moi vous raconter un moment de ma vie : j’ai été durant 40 ans dans le génie conseil et le temps où ma firme obtint le plus de contrats directement du gouvernement du Québec fut lorsque René Lévesque était le PM québécois. Il avait institué un système de « roulement » d’octroi de contrats à toutes les firmes professionnelles. Dépendant de l’importance de la firme et de sa compétence, les nouveaux contrats étaient distribués à tour de rôle. Lorsque notre firme obtenait un mandat, alors son nom tombait au bas de la liste. La couleur politique des dirigeants de la firme ne comptait pas, ni les contributions financières au parti. Malheureusement suite son départ, le système a été démonté.
Aujourd’hui, le gouvernement du Québec devrait revenir à ce système de « roulement » qui évite le favoritisme, qui donne une chance égale à tout le monde et protège la réputation des hommes politiques et des partis. C’est une façon de faire qui est juste pour tout Québécois ou toute Québécoise qui a la compétence pour bien servir le gouvernement et qui offre ses services.
Claude Dupras
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