jeudi 22 avril 2010

Nos Florence Nightingale québécoises sont de plus en plus nécessaires

Dans mon récent blog sur la situation catastrophique de l’urgence à l’hôpital Anna-Laberge de Chateauguay, je soulignais le manque de « bénévoles » dans ce centre hospitalier. Il y en a peut-être mais ce n’était pas visible.

Le hasard a voulu que je sois, cette semaine, au St. Mary’s Hospital de Montréal pour visiter une parente. En entrant à l’hôpital, j’ai aperçu un groupe de bénévoles, reconnaissables à leur sarrau de couleur, qui m’indiquèrent la direction vers la chambre que je cherchais.

La personne malade que je visitais me disait combien elle trouvait réconfortante la visite d’une bénévole. Une d’elles venait la voir presque tous les jours pour « jaser », la distraire, lui offrir des livres, l’aider dans ses déplacements, etc. « Elles me font du bien » m’a-t-elle dit.

Malheureusement, il n’y a pas de bénévoles partout et, de nos jours, le nombre diminue. On les trouve dans les hôpitaux « anglais » de Montréal et chez un grand nombre d’hôpitaux francophones dont l’hôpital Sacré-Cœur où le service de bénévoles est particulièrement bien organisé et qui vient de célébrer ses 50 ans. Il y en a aussi à Québec, Rimouski, Sept-îles, dans l’Outaouais, dans les Laurentides, dans les Cantons de l’Est, à l’hôpital Montfort d’Ottawa, etc.

Le Jewish General Hospital de Montréal a un service de bénévoles particulièrement remarquable. On y trouve le plus grand nombre de bénévoles, le double de ce qu’on retrouve ailleurs. Ces bénévoles (hommes et femmes) aident non seulement les patients mais aussi l’hôpital. En plus d’être à l’accueil pour informer les nouveaux patients et les visiteurs, ils oeuvrent aussi aux cliniques externes et à l’urgence. Ils visitent les patients à leur chambre. Ils aident à la pastorale. Ils préparent des sandwichs à la cafétéria, en assurent le service et sont à la caisse. Ils apportent les plateaux aux patients incapables de se déplacer. Ils gèrent le magasin de cadeaux. Et encore… Tous les profits sont remis aux patients sous toutes sortes de formes pouvant assurer leur mieux-être.

Du côté francophone, au Québec, les bénévoles, que l’on appelait jadis « les dames auxiliaires », se recrutent surtout chez les femmes au foyer et les personnes retraitées de plus de 60 ans. D’autres, plus jeunes, temporairement sans emploi, offrent leur service à l’hôpital pour se rendre utiles. De plus, certains hôpitaux font des arrangements avec la faculté de médecine pour permettent à des étudiants en médecine de devenir bénévoles, dans le but non pas de soigner les patients mais plutôt d’apprendre à connaître leur comportement, leurs transes, leurs inquiétudes, leurs angoisses…

Le gouvernement du Québec sait l’importance du travail des bénévoles dans les hôpitaux et le démontre en reconnaissant l’organisation d’un « service de bénévoles ». Il accepte que la chef de ce service soit rémunérée et en assume les frais.

Les syndicats, par contre, s’opposent à ce que les bénévoles exécutent des tâches qui ne sont pas de leur ressort et qui pourraient être dévolues à un employé syndiqué. En somme, ils ne les veulent pas dans leur plate-bande. Généralement, la limite entre un travail bénévole et celui d’un employé syndiqué est maintenant assez bien définie. Par contre, aujourd’hui, avec les budgets limités et les problèmes croissants des hôpitaux, le bon sens prime et les syndicats semblent prêts à accepter qu’un plus grand nombre de bénévoles remplissent un plus grand nombre de tâches.

Parmi les nombreux commentaires que j’ai reçus, plusieurs de mes lecteurs affirment que la situation d’Anna-Laberge est généralisée au Québec. D’autres racontent des histoires d’horreurs dont ils ont été témoins et qui montrent bien que le malheur des patients d’Anna-Laberge se répète à plusieurs endroits. Pour faire la part des choses, j’ai fait ma petite enquête auprès de personnes œuvrant dans les hôpitaux de Montréal et de région, et plusieurs m’assurent que ce n’est pas comme çà dans leur hôpital mais que le service hospitalier n’est pas ce qu’il devrait être.

Anna-Laberge m’a démontré qu’une bonne organisation est essentielle pour assurer le mieux-être des patients. Un nombre suffisant de bénévoles, dont la symbiose avec le personnel infirmier s’est avérée naturelle et mutuellement bénéfique dans le passé, est indispensable pour le bien-être des malades surtout aujourd’hui dans ces temps de grandes difficultés financières et de minimum de personnel dans nos hôpitaux,

L’Association des gestionnaires de ressources bénévoles du Québec devrait faire la promotion du travail de ses membres, en valoriser publiquement le rôle pour en définir l’importance afin qu’un grand nombre de personnes, et beaucoup sont disponibles, réalisent clairement l’apport personnel et important qu’elles pourraient fournir dans un centre hospitalier et soient motivées à joindre les rangs. L’Association devrait œuvrer pour qu’il y ait un tel service dans chaque hôpital québécois.

Notre hôpital doit devenir partie de nos responsabilités. Son directeur général doit comprendre l’importance du service des bénévoles et y accorder sa meilleure attention car le mieux-être des patients en dépend.

Le civisme est une foule de petites choses et le bénévolat est la plus noble d’entre elles.

Claude Dupras


Ps.
1. Florence Nightingale était une infirmière professionnelle anglaise qui a créé la Victoria Order of Nurses. Je crois que ses qualités de dévouement et de générosité, son humanité et la charité qu’elle a toujours démontrée s’appliquent bien aux bénévoles de nos hôpitaux et c’est la raison pour laquelle je n’hésite pas à utiliser ce nom célèbre pour souligner leur valeur.
2. Cette semaine est celle de la reconnaissance envers tous les bénévoles, au Québec. Merci à ceux et à celles qui s’occupent de nos malades et de nos patients.

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