jeudi 8 octobre 2009

Louise Harel et le syndicat maudit

Ça n’augure pas bien pour les payeurs de taxes et la qualité des services municipaux de Montréal. Le syndicat des cols-bleus profite à nouveau de l’élection municipale imminente pour chercher à faire améliorer leurs conditions de travail, qui sont déjà parmi les meilleures au Canada. Le maire Gérald Tremblay, nonobstant sa popularité décroissante, vient d’affirmer, avec courage et conviction, qu’il n’acceptera jamais les demandes de ce syndicat qu’il fixe à plus de 100 millions de $.

J’ai vécu un tel moment. En 1986, après avoir pris la succession de Jean Drapeau, je devenais le candidat à la mairie du parti civique de Montréal. Dès les jours qui suivirent, je fus approché par les représentants des cols-bleus qui voulaient connaître mes intentions sur la position de l’administration sortante Drapeau-Lamarre qui refusait leurs demandes syndicales et qu’elle qualifiait d’exagérées. Je les assurai que je traiterais toujours tous les employés de la ville comme s’ils étaient mes propres employés car j’avais la conviction que la qualité de leur travail et leur productivité étaient directement liées à leur bonheur d’œuvrer pour la ville.

Je n’étais pas à ce moment-là, évidemment, en mesure de me prononcer sur un dossier aussi important et compliqué. L’avoir fait n’aurait été que de l’opportuniste politique. Par contre, je promis que ce conflit serait ma priorité première dès les premiers jours de mon administration. Cela ne fit pas l’affaire des représentants du syndicat qui voulaient que je persuade, sur-le-champ, l’administration sortante d’accepter leur entente collective, telle que proposée, avant le jour des élections. Ils laissaient planer l’idée que j’obtiendrais alors leur appui électoral. Malgré que ce fût du pur chantage, mon adversaire Jean Doré accepta leurs conditions. Le soir, lors de l’assemblée du syndicat à l’aréna Paul Sauvé, la télé rapporta des images qui montraient les cols-bleus portant des affiches à l’effigie de Doré.

Ce syndicat était alors dirigé, depuis un an, par Jean Lapierre. Avant lui, le syndicat avait menacé le maire Drapeau. Une bombe éclata dans l’escalier d’entrée de son magnifique restaurant « le vaisseau d’or » de la rue Peel. Des dégâts considérables et le danger potentiel pour ses clients obligèrent Drapeau à fermer boutique. Puis, une bombe éclata sous le balcon arrière de la maison du maire à Cité-Jardin et détruisit une partie de la maison alors que sa famille y était. Nonobstant ces incidents dangereux, le maire montra son courage et maintint ses positions qui étaient plus que raisonnables. Enfin, sous l’administration Bourque, la porte de l’Hôtel de ville fut enfoncée par les syndiqués sous la direction de Lapierre qui en plus s’attaquèrent à la brigade anti-émeutes. Il se retrouva en prison, près d’un mois.

Lapierre milita aussi activement au sein du Parti Québécois, pour la souveraineté du Québec. Il fut un des purs et durs séparatistes, tout comme Louise Harel. Finalement, il prit sa retraite mais demeure un salarié du syndicat, grâce à un contrat qu’il s’est négocié lui-même, selon plusieurs observateurs. Il choisit son successeur Michel Parent qui, certains disent, est contrôlé à distance par Lapierre. Les cols-bleus reconnaissants, pour qui Lapierre est un Dieu, lui érigèrent un monument face à leur local de la rue Papineau.

Récemment, lors de l’assemblée du Conseil municipal, on a aperçu Louise Harel accompagnée de Michel Parent, dans les estrades réservées au public. Ce fut un geste surprenant, irréfléchi, imprudent et triste de la candidate à la mairie qui en dit long sur les négociations futures de Montréal avec le syndicat des cols-bleus, s’il elle devait devenir mairesse.

Pour aider Louise Harel, le syndicat mène une campagne démagogique contre le maire sortant. Par exemple, pour combattre la privatisation de certains emplois prônés par l’administration Tremblay, il dénonce l’honoraire de $60 l’heure pour un plombier fourni par une entreprise privée de plomberie prétextant que ce n’est que de l’argent dépensé inutilement puisqu’un col-bleu-plombier peut faire ce travail et ne coûte que $25 de l’heure à la ville. C’est une comparaison boiteuse qui ne tient pas compte que le salaire mentionné du col-bleu n’inclut pas tous les autres frais rattachés à son salaire, comme doit le faire obligatoirement l’entreprise privée pour couvrir ses frais comme : les équipements, les outils, les frais sociaux, les vacances et congés, les frais généraux, etc…

De plus, le syndicat refuse de reconnaître que le taux de productivité d’un très grand nombre de cols-bleus est faible, que plusieurs quittent le travail avant l’heure et qu’en général, ils sont lents et nonchalants dans l’exécution de leurs tâches. Michel Parent nie publiquement ces faits alors que les citoyens, témoins du travail des cols-bleus dans leur milieu, les constatent quotidiennement. Parent sait aussi que plusieurs de ses membres se consacrent aussi à des occupations personnelles sur leur temps de travail payé par la ville et il ne réagit pas.

Je ne veux pas donner l’impression que tous les membres des cols-bleus agissent ainsi car j’en connais personnellement plusieurs qui sont d’excellents employés de la ville. Malheureusement, un trop grand nombre d’entre eux agissent comme je l’ai décrit précédemment. Ils sont, en fait, motivés par l’exemple de leurs chefs et, en plus, les craignent. Ces derniers sont, en définitive, les vrais responsables de la tension permanente qui existe entre la ville et ce syndicat et il est clair qu’ils trompent sciemment la population montréalaise pour atteindre leurs fins. On me dit, qu’ils aiment à répéter que ce sont eux qui mènent à Montréal.

De son côté, Louise Harel ne dit rien face aux menaces que profère actuellement le syndicat maudit de la métropole et ne déplore pas les arrêts de travail qu’il provoque. Ce chantage éhonté se traduit par des nuisances majeures pour la population. En agissant ainsi, le syndicat croit pouvoir convaincre les électeurs que la paix ne sera retrouvée que s’ils élisent un maire qui acceptera leurs demandes. A mon avis, ils se trompent. Louise Harel erre aussi. En se montant chummy-chummy avec ce syndicat (ou un autre), elle perd de sa crédibilité. Les Montréalais et les Montréalaises ne sont pas dupes et comprennent qu’elle ne fait que de la « potilique » pour gagner des votes. Ils en ont soupé des grèves-éclairs déclenchés impunément par le syndicat et qui paralysent plusieurs services de la ville, dont la collecte des ordures.

J’espère que le syndicat des cols bleus deviendra un jour un syndicat responsable. Car il a aussi des bonnes idées, comme il l’a démontré en s’opposant à la privatisation de l’eau. Je l’appuie dans cette démarche car je connais bien les frais énormes réclamés aux consommateurs par des compagnies privées qui gèrent la distribution d’eau dans des villes hors Québec. Des exemples renversants viennent, entre autres, de la France où les sociétés distributrices d’eau surfacturent exagérément leurs clients et corrompent les élus afin d’accroître les taux et de maintenir leur emprise sur ce service.

Il est essentiel que le prochain maire n’ait aucune attache ni obligation envers quelque syndicat que ce soit. Il, ou elle, se doit d’être en mesure de négocier librement toute entente dans le meilleur intérêt de tous les Montréalais et Montréalaises.

Malheureusement, il semble que l’histoire se répète et que Louise Harel, tout comme Jean Doré, s’est laissée menotter les poignets. Cela risque de coûter 100 millions de $ aux contribuables. Ça fait cher le vote !

Claude Dupras

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