Kadhafi est un dictateur politique parmi les pires. Depuis que GWBush a décidé, pour des raisons qui relèvent des intérêts des compagnies pétrolifères américaines, de lui pardonner ses gestes infâmes passés, voilà qu’il est devenu une vedette internationale courtisée par les présidents de pays, dont Nicolas Sarkozy. Il a pris la parole à l’assemblée générale des Nations Unies où il n’a respecté aucune règle et a agi avec disgrâce. Il a lancé au président de l’assemblée, avec une expression de dédain, le livre de la constitution de l’ONU. Quel triste personnage !
Cependant, son discours a traité de la réforme de l’ONU et a fait tinté une cloche chez plusieurs délégations de pays et chez plusieurs individus dans le monde.
Beaucoup se plaignent que l’ONU, créée après la deuxième guerre mondiale, n’est pas démocratique, ne sert que les grandes puissances et est dépassée. Je crois que c’est vrai. Le monde a changé considérablement depuis 1945, et pour le mieux. N’est-il pas temps de modifier la structure de l’ONU afin qu’elle devienne un véritable parlement international où la voix démocratique de chaque pays sera entendue et respectée ? La tragique situation planétaire actuelle démontre bien que le monde a besoin d’un instrument fort pour la défense de la stabilité et de la paix.
Il me semble illogique qu’un organisme comme l’OTAN se mêle de choses qui doivent normalement relever de l’ONU, comme en Afghanistan.
Le conseil de sécurité devrait devenir le comité exécutif de l’ONU et répondre à l’assemblée générale des pays. Il devrait avoir le pouvoir d’agir au nom du meilleur intérêt de tous les citoyens de la planète.
Évidemment, la représentation des pays à l’ONU devra tenir compte de la grosseur des pays. Un petit pays avec quelques centaines de milliers d’individus, ne pourra avoir le même poids que les grands pays comme les USA, la Chine, l’Inde ou le Brésil. Le parlement européen est une bonne référence pour établir les principes d’une telle représentation.
Utopie ? Peut être, mais j’ai l’impression que l’ONU risque de se disloquer puisqu’elle devient de moins en moins pertinente face à la cacophonie émanant du G8, du G20, de l’OTAN et d’autres organismes ou gouvernements qui cherchent à établir des politiques qui influencent le monde entier. L’importance grandissante de ces voix discordantes montre bien que ce n’est pas en élargissant le conseil de sécurité, comme on le suggère actuellement, que la dégradation de l’ONU s’arrêtera.
Certains diront qu’il est impossible de faire appliquer centralement des lois qui seront respectées par tous les pays. Hippocrate n’a-t-il pas institué la discipline et les règles éthiques à tous les médecins du monde ? Faut-il être toujours défaitiste, accepter que l’ONU meure et que « la loi de la jungle » continue. Depuis 1945, les pays qui sont les plus respectés dans l’arène politique internationale sont ceux qui ont l’arme atomique. Alors que le Japon est la deuxième puissance économique mondiale, après les USA, il a moins de poids politique que le Royaume-Uni, la France ou même l’Inde, le Pakistan et Israël. Est-ce normal ? Non, il faut mettre fin à ce règne du plus fort.
Après le conflit du communisme versus le soi-disant « monde libre », voulons-nous laisser à nos petits-enfants, un monde plus divisé que lors de la deuxième guerre mondiale ? Les nations riches ont-elles seules droit de définir l’avenir de l’humanité ?
Et l’Islam dans tout cela ? Allons-nous continuer à nous lamenter et à craindre les affres du terroriste islamique ? Avons-nous oublié que le mouvement islamique n’existait même pas il y a à peine 50 ans et que jusqu’au 11 septembre 2001, le jour de l’attentat des «Twin towers », il était supporté par toutes les nations occidentales, incluant le Canada et la France.
J’ai connu l’émergence de l’islamisme en Algérie et même à Montréal. En Algérie, cela s’est traduit pas des centaines de milliers de victimes innocentes, tandis qu’à Montréal j’ai été témoin de l’attitude d’individus comme certains de mes employés arabes qui, du jour au lendemain, se sont présentés au travail avec une barbe, une robe et un bonnet et un discours nouveau (souvent agressif) sur le rôle de l’Islam dans la vie de chaque musulman et envers les USA et Israël. Alors que le FLN algérien, le parti au pouvoir, se forçait à éradiquer ce nouveau mouvement extrémiste, nos dirigeants politiques occidentaux (particulièrement les Américains) faisaient tout pour supporter l’élection de leur parti politique, le Front Islamique du Salut (FIS), qui avait l’appui moral et financier des Saoudiens.
Jusqu’à l’attentat de New York, ces islamistes étaient les bienvenus à Washington, Paris, Londres ou Ottawa. Ceux qui recherchaient l’asile politique en obtenaient le droit alors que les Algériens qui étaient menacés dans leur pays par ces mêmes islamistes se voyaient refuser un droit d’asile similaire. Les principaux représentants du FIS avaient plus d’accès aux officiels américains, allemands, anglais ou français que l’ambassadeur officiel du pays.
Comment les individus de ces pays, où l’islamisme a pris racine et gagné le pouvoir, peuvent-ils avoir confiance dans le monde occidental pour organiser le monde politique de demain ? Non, ils ne voient qu’une ONU réorganisée pour obtenir une politique libre des dictats des plus forts. Ils en ont assez d’être menés par ceux qui ont un gourdin à la main.
Une chose devient de plus en plus claire de jour en jour. L’humanité de demain ne sera pas bâtie exclusivement sur la base des valeurs occidentales. La Chine et l’Inde marqueront profondément son avenir immédiat. Mais il nous faut être réalistes et reconnaître que les musulmans, qui sont plus d’un milliard et demi d’individus, les Africains et les latino-américains auront éventuellement un impact majeur sur l’humanité.
Comment gérer cette transformation culturelle de toute l’humanité afin qu’elle soit profitable à tous, si ce n’est que par une ONU transformée.
Claude Dupras
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