Ce n’est pas drôle de vivre en Israël, du moins au nord et au sud du pays où les roquettes du Hamas pleuvent sur la tête des Israéliens. Je n’aimerais pas vivre, jour après jour, dans la hantise qu’un tel projectile tombe sur ma famille, mes amis, mes voisins, mes concitoyens. Je comprends les Israéliens d’en avoir assez de ce climat de panique et de réagir en appuyant leur gouvernement qui prend les grands moyens pour faire cesser ce danger, cette peur collective. Nous ferions de même car il est normal de vouloir se défendre contre une telle violence. Cependant la question n’est pas là, car le passé nous dit que ce ne sont pas les présentes attaques d’Israël et l’invasion de Gaza qui règleront définitivement ce problème. Je crains que les Israéliens soient à nouveau frustrés lorsque le cessez-le-feu sera déclaré car la résistance palestinienne ne cessera pas son harcèlement.
La bande de Gaza est un territoire équivalent à la moitié de la ville de Montréal et compte 1,5 millions d’habitants. La très grande majorité de ses habitants est très pauvre et nourrie au compte-goutte au bon vouloir des Israéliens. Captif à l’intérieur des limites du territoire, ce peuple palestinien en est un de « réfugiés, d’assiégés, de dépossédés » qui n’a pas droit d’avoir une armée. Il n’a pour se faire valoir que des roquettes artisanales, des mitraillettes russes, des explosifs et des pierres. Il fait face à Israël qui est riche et qui a les armements militaires les plus modernes et la bombe atomique. Ce n’est pas un peuple de terroristes mais un peuple qui conteste la main mise d’Israël sur son territoire par une résistance qui utilise des moyens clandestins terrorisants pour reprendre ses droits, arrêter le carnage et pouvoir vivre éventuellement en liberté. Ce n’est pas un peuple assoiffé de sang.
Le Hamas est l’outil qu’il s’est donné démocratiquement pour le représenter, dans une élection organisée par les américains et que les observateurs mondiaux avaient jugée conforme aux règles internationales. Le Hamas est islamiste tout comme le sont des dizaines d’États dans le monde. Sa stratégie de résistance meurtrière est discutable et critiquée. Les USA de GWBush, ne voulant pas faire la part des choses, le qualifient de terroriste et cela a eu comme conséquence que le Hamas ne fut pas invité aux récents pourparlers de paix alors qu’il était essentiel qu’il y soit.
Le conflit existait depuis longtemps avant la création d’Israël qui est venue renverser le vase. Les juifs qui sortaient de la Shoah ont obtenu un pays en 1948, par une mince majorité à l’ONU. Pour les Palestiniens, cette décision fut un bouleversement sans pareil, un cataclysme. Craintifs, un très grand nombre d’arabes, vivant sur le territoire assigné à Israël, crurent sage de se réfugier, entre autres, à Gaza, tout en espérant revenir un jour à leur propriété dans le nouveau Israël. Cela ne se concrétisa pas et les refugiés sont encore des réfugiés après 60 ans.
Les Palestiniens ont manifesté contre ce qu’ils qualifient d’une injustice envers eux et ont sans cesse exprimé leur désaccord, souvent violemment, au point que l’armée israélienne, en 1967, entreprit une guerre et conquit tout le territoire palestinien. Selon le droit international, cette occupation donnait aux Palestiniens « le droit inaliénable de résister » pour reprendre leurs terres. Cela dure encore aujourd’hui et le problème s’accentue car de nouvelles colonies juives sont toujours construites sur les territoires occupés où y vivent maintenant des milliers de familles israélites.
Ce n’est que le jour où les représentants Palestiniens, le Fatah et le Hamas, et ceux d’Israël accepteront de faire les compromis qui colleront à la réalité de leur histoire et signeront une entente définitive de paix que les deux nations protagonistes pourront vivre normalement.
Certains diront que c’est rêver en couleur puisque jamais le Hamas ne voudra faire la paix avec Israël car il veut l’anéantir, le faire disparaître. Le Hamas reconnaît que ses affirmations passées, répétées encore aujourd’hui par certains leaders, sont insensées et irréalistes. Il se dit maintenant prêt à accepter les limites territoriales d’avant 1967. C’est son premier ministre et un des leaders du Hamas, Ismail Haniya, qui a admis, récemment, que le Hamas est à un point tournant et, même s’il doit conserver approximativement le même discours idéologique, modifie sa politique. Haniya affirme que le Hamas veut renoncer à la violence et reconnaître à Israël le droit d’exister en retour de la reconnaissance par Israël d’un État palestinien dans les frontières de la bande de Gaza, de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est. Selon les observateurs, ces déclarations marquent un changement de cap remarquable et, à mon point de vue, démontrent que le Hamas doit participer aux prochains pourparlers de paix. On saura alors s’il « bluff ».
Que ferions-nous si nous étions Israéliens ? Que ferions-nous si nous étions Palestiniens ? Posons-nous la question.
Claude Dupras
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