Malheureusement hier, sans vraiment penser à ce qu’il disait,
il est allé trop loin. Le maire a déclaré « avoir honte de Montréal »
parce qu’en 2006 un important centre de divertissement a été rejeté par la
ville de Montréal, a-t-il dit en ajoutant « Montréal lui en doit une »
en parlant de Guy Laliberté créateur et propriétaire du Cirque du Soleil.
Ce projet du promoteur immobilier Canderel consistait à développer
un terrain, sur lequel il avait la main mise et pour lequel il faisait des
pieds et des mains pour trouver des solutions pour le développer. Il était
situé au bassin Peel du port de Montréal, à proximité de quartiers les plus
pauvres de Montréal, près de l’autoroute Bonaventure.
Canderel a imaginé d’y installer un mégacomplexe récréotouristique
qui devait comprendre, entre autres, le casino de Montréal, relocalisé depuis l’île
Notre Dame, une salle de spectacles de 2 500 sièges dédiée à des
représentations du Cirque du Soleil, un centre de foire, etc… Canderel avait évalué
le projet à 1,2 milliards et entrepris alors une grande campagne médiatique
pour en faire accepter l’idée.
En blâmant l’ex-administration du maire Tremblay de ne pas « avoir
mis ses culottes », le maire Coderre a continué à donner l’impression, qui
existait alors et continue depuis, que le Cirque du Soleil allait financer une partie de
ce projet alors que Laliberté ne voulait rien investir dans la construction
mais être engagé par le propriétaire du centre pour produire des
représentations du style de celles que le Cirque offraient à Las Vegas et à Orlando
aux USA. En somme, il voulait une salle
pour monter et présenter ses spectacles pour des raisons évidemment commerciales.
Politiquement, le premier ministre Charest et une majorité
de ministres n’étaient pas chauds à l’idée de ce projet puisqu’il devait être
financé par une société de l’État. Malgré cela, les dirigeants de la société Loto-Québec
se montraient favorables puisque, à cette période, ses revenus avaient commencé
à rétrécir comme une peau de chagrin. Elle avait autorisé l’installation de « slots
machines » dans un très grand nombre de commerces et en ressentait l’effet
au casino. Un de ses représentants a affirmé, à ce moment-là vouloir rapprocher
le casino des Montréalais pour mieux faire face à ses compétiteurs, qu’elle
avait créés. Invraisemblable !
Quant au maire Tremblay, il était sympathique à l’idée et
faisait des démarches pour aider, contrairement à ce qu’a insinué Coderre.
Dès l’annonce de ce projet, je me suis opposé à cette aventure.
Entre le 23 juin 2005 et le 11 mars 2006, j’ai écrit cinq blogues expliquant
mon point de vue. Mon argumentation se rapprochait de celles des mouvements des
groupes sociaux qui s’opposaient au jeu de hasard et à cette localisation en
particulier. Déjà, on remarquait que des milliers de joueurs invétérés avaient
développé « la maladie du jeu ». Des gens admettaient avoir tout
perdu. Des gens dont les proches, femme et enfants, étaient les vraies victimes
et qui souffraient profondément. Des rapports d’experts médicaux furent révélés
publiquement pour démontrer le ravage que faisait le jeu sur notre population
pauvre. On a tous vu, le jour d’arrivée des chèques du bien-être social, les
récipiendaires s’aligner pour acheter 20-$30-$40 de billets de loto et constater
aussi l’affluence qui augmente au casino. Pour moi, c’était trop et on devait
tout faire pour empêcher Loto-Québec d’accroître le problème.
Je suggérai au maire Tremblay « que la ville se donne un instrument valable pour planifier
intelligemment le développement de ce secteur avec un bon plan urbain préparé
par une équipe d’urbanistes de la ville à laquelle le maire pourrait greffer
quelques sommités du domaine, Elle n'a pas le droit de risquer qu'il
se gâte en acceptant des idées farfelues qui me semblent irréfléchies »
Je soulignai que « le maire Drapeau n’a jamais accepté, durant des
années, que la ville de Montréal ajoute du fluor dans l’eau domestique produite
par ses usines de filtration. Et cela malgré les pressions qui venaient de tous
côtés, même des scientifiques. Il voulait à tout prix protéger la santé de ses
commettants. Voilà une raison, entres autres, pourquoi il a toujours été
réélu et maire de Montréal durant 30 ans ».
Finalement,
le 10 mars 2006, Loto-Québec décida d’enterrer le mégaprojet peu après que le
Cirque du soleil eut annoncé son retrait de l’aventure jugeant que le contexte
d’incertitude de ce projet le rendait impossible.
Avec
le temps, on a constaté les problèmes de Loto-Quebec avec ses casinos partout
au Québec. L’affluence baisse, les revenus aussi. La société continue à
dépenser des centaines de millions de $ pour vouloir relancer une nouvelle
clientèle. De même, le Cirque du soleil voit ses spectacles souffrir et
plusieurs à Vegas ont dû fermer leurs portes. La compagnie a annoncé une
diminution importante de ses revenus. Laliberté l’a vendu et seul l’avenir nous
dira quel sera le destin du Cirque du Soleil à Montréal.
Aujourd’hui,
si le mégaprojet de divertissement de Canderel avait été réalisé, les
Montréalais seraient probablement pris avec un gros éléphant blanc. Ouf !
Quant
au maire Coderre, je n’accepte pas sa déclaration à l’effet que l’ « on
en doit une » à Laliberté et qu’il considère lui céder une partie du grand
parc public qu’est l’île Ste-Hélène pour que ce dernier y installe une nouvelle
entreprise commerciale, même si elle est très originale. Oui, Montréal doit remercier
ses concitoyens qui excellent et qui lui apportent des investissements, des
emplois, de la reconnaissance et de l’honneur. C’est le cas de Guy Laliberté
qui est un individu exceptionnel qui a fait générer des retombées énormes pour
Montréal, et sa population.
Mais
le bien public appartient à tous les Montréalais. On n’en donne pas une partie
en cadeau. Tout le monde doit être traité sur le même pied. Le maire ne peut en
disposer à sa guise même s’il a une majorité au conseil municipal. Montréal n’« en
doit pas une » à personne, sauf une médaille.
Claude
Dupras
10 commentaires:
Sans commenter l'ensemble du dossier, je vous dirais qu'effectivement Montréal ne doit rien à Guy Laliberté en lien avec l'échec du projet de casino dans Pointe-Saint-Charles. Il persiste, à tort, cette idée que c'était le projet du Cirque du soleil. Rien n'est plus faux. Jamais il n'a été question que le Cirque investisse dans l'aventure. La contribution du Cirque se limitait à des représentations de spectacles comme il le fait au Vieux-Port annuellement. Aucun spectacle permanent et encore moins d'investissements du Cirque.
Malheureusement, l'opinion publique – et celle de nombreux commentateurs/trices de toutes sortes – n'a pas retenu ces distinctions fort importantes.
Je comprends donc le maire de Montréal d'avoir retenu de cet épisode d'il y a 10 ans ce qu'il s'en dit depuis. Il reste beaucoup de temps d'ici à ce qu'il se passe qqchose d'avis ce dossier...
Bonne journée à vous !
Benoit Dorais, maire
Bien d'accord avec toi. Première véritable erreur de Mister Coderre ... qui roule la pédale au fond dans tous ses dossiers ...
Michel D
Très bien tapé.
Bravo !
Jacques
M. Claude Dupras,
Je partage votre opinion.
Paul G
Pourquoi pas !
Laliberté a un projet d'avenir pour tout ceux qui vivent une spiritualité sans être attaché à une religion .
Je ne pense pas qu'il fait çà pour l'argent et s'il en fait encore plus avec ce projet ,c'est qu'il aura eu raison
Gaston Th.
Je suis d'accord avec «Gaston Th»!
Bonsoir,
Je lis toujours vos blogs avec attention et m'amène à y réfléchir.
Merci de prendre le temps m'envoyer ces billets.
Marie-Paule
Salut Claude,
Si je ne m'abuse Guy Laliberté a jeté son dévolu sur un autre projet de gambling à Macao par suite de l'échec à Montréal.Si tu a suivi l'affaire tu t'en souviens peut-être. L'idée derrière cette rebuffade était de dire "bonjour Montréal, ce que vous rejetez ici je le trouverai ailleurs" Et ce projet a échoué, je crois bien qu'il a échoué misérablement en entraînant des pertes énormes.
C'est un peu comme PKP et le stade de Québec. Investissez et je profiterai.
Je vois venir aussi un autre projet de stade pour le baseball cette fois, à Montréal. Oui le gars est un bon politicien mais il se glisse tranquillement vers la mégalomanie. À surveiller.
Denis Coderre « buldoze. » : Une réponse à tout ce monsieur le maire. Pas de problème!
Et pourtant les policiers sont mécontents, casquette rouge et pantalon de clown.
…Nos protecteurs cet automne comme beaucoup d’automnes politiques de perturbation sociale.
La police, comment se faira l’entente avec ces gendarmes ?
Ben d’accord!
PM.
Enregistrer un commentaire