Il y a
quelques jours, à la télé, le premier ministre français Manuel Valls a accusé
ses compatriotes de faire du « France Bashing ». Il a affirmé que ce
dénigrement de leur pays l’énervait et l’agaçait et que cela devait cesser.
Je rentre
au Canada après un bon moment en France durant lequel j’ai eu l’occasion de
rencontrer et de parler avec un grand nombre de Français et Françaises, de tous
milieux, de la situation actuelle dans leur pays. J’ai compris qu’ils sont
devenus pessimistes et désespérés face à la situation politique et économique
dans leur pays. Ils constatent le déclin de la France et la voit comme le pays
malade de l’Europe. Ils la trouvent moins compétitive, moins influente sur le
plan international. Ils regrettent que les jeunes diplômés s’exilent. Ils en
ont marre. Pour eux, la « Douce France… » de Charles Trenet a disparu.
Son âme s’est envolée.
Mais ce
n’est pas la France qu’ils dénigrent mais les politiciens qui l’ont amenée au
bord de ce précipice. Ils sont exaspérés devant leurs inaptitudes et leur
incompétence. Ce n’est pas du « French bashing », puisqu’il faut
parler anglais, mais du « Hollande bashing » qu’ils pratiquent. Ils
n’en peuvent plus de leur président et de ses gouvernements. Rien ne va plus.
Jour après jour, ils réalisent l’erreur monumentale qu’ils ont faite en
l’élisant avec son parti socialiste.
Les Français
savent bien que leur pays est unique et qu’il est une terre de grands
découvreurs, chercheurs, inventeurs, scientifiques, travailleurs, réalisateurs,
artistes, écrivains, cuisiniers… dans tous les domaines. Le passé lointain le
démontre et le récent le confirme. En effet, il y a quelques jours, deux prix
Nobel ont été choisis parmi les leurs, en littérature et en économie. Ils
reconnaissent que la France est un des pays les plus intéressants du monde et
qu’elle attire un plus grand nombre de visiteurs que tous les pays d’Europe. Ils
constatent son prestige dans tous les coins de la planète.
À toutes
questions sur la politique, ils regardent l’interlocuteur et, d’un air découragé,
haussent les épaules. Chacun a sa théorie mais toutes touchent principalement
l’incompétence de ses dirigeants actuels, les dérives de ceux du passé et le
poids du système social. Plusieurs
socialistes, pour se justifier, vont même jusqu’à prétendre que la France est
un pays ingouvernable tellement ils sont mal à l’aise et affaissés devant tous
les sondages qui placent Hollande entre 13% à 18% d’appuis favorables et les
défaites électorales successives de leur parti.
Pourtant,
Hollande n’a cessé de faire des changements, des « réformes» comme il dit.
Dès son entrée à l’Élysée, il a voulu respecter ses dénonciations des politiques
de son prédécesseur faites en campagne électorale. Il a mis fin à plusieurs
projets et lois malgré qu’elles étaient importantes et nécessaires.
Particulièrement celles qu’il qualifiait de « cadeaux aux riches » et
celles devant corriger la magistrale erreur des « 35 heures » du
gouvernement Jospin. Toutes ces « méchantes » lois avaient été
supposément inspirées par la méchante « Finance », qu’Hollande
qualifiait de « mon pire ennemi ». Pourtant, elles avaient été votées
pour relancer l’emploi en diminuant appréciablement le « coût du
travail » dans le but d’aider les petits entrepreneurs à engager des
apprentis et des ouvriers additionnels pour leur permettre de croître, et les
grandes entreprises afin qu’elles deviennent plus concurrentielles sur le
marché mondial.
Parallèlement,
Hollande a augmenté les taxes, sans bon sens, en ne tenant pas compte des
conséquences négatives sur l’emploi et sur la capacité de payer de la classe
moyenne et des moins riches.
En somme,
il a tout fait pour nuire au développement de la France et cela, souventes
fois, pour des raisons politiques partisanes. Il refusa de faire la part des
choses. Il est clair qu’Hollande n’a jamais été en affaires et ne connaît rien
aux vrais défis d’un entrepreneur. Il n’a cru qu’en ses thèses idéologiques qui
n’ont rien à voir avec la vraie vie démontrant clairement ainsi qu’il est
déconnecté de la réalité.
Puis,
voyant sa cote de popularité s’écraser, il a changé son fusil d’épaule et s’est
tourné radicalement vers la droite pour renaître. Il a commencé à détaxer et à
revoir ses décisions passées. Il affirme maintenant aimer le monde de « la
finance » et justifie sa nouvelle position en affirmant qu’il a compris,
laissant entendre qu’il était dans l’erreur dans le passé. Il cherche à
reprendre le temps perdu des deux dernières années par des voltefaces
spectaculaires. Mais les résultats se feront attendre car normalement, quatre à
cinq années sont nécessaires avant que l’État puisse réellement bénéficier de
nouvelles politiques économiques. Deux ans ont été perdus et son quinquennat à
la tête de la France est à moitié complété. Il est donc probable que ce sera
son successeur qui sera, politiquement, le bénéficiaire.
De plus,
pressé de redevenir populaire, le président dit « oui » à tous ceux
qui critiquent ses politiques et fait des changements afin qu’ils soient
satisfaits et arrêtent de chialer. Vous n’aimez pas une politique, alors
manifestez, menacez de grève, critiquez et vous verrez, ô combien vite, le
président comprend vos doléances et s’adapte à vos demandes. Il renie ce qu’il
affirmait il n’y a pas tellement longtemps, aussi vite que Judas. De plus, il
va-t’en guerre à la moindre occasion Mali, Centrafrique, Irak, Syrie, Ukraine…
et voyage vers des pays étrangers le plus possible pour impressionner les Français
avec des qualités de leader mondial.
Le malheur
est que souvent ces voyages sont inutiles. Par exemple, il ira au Canada et au
Québec au début de novembre prochain pour une visite officielle. Pourquoi ? Il
n’y a aucun conflit majeur entre nos deux nations. La bonne entente règne. Certes,
il y a quelques petits différents, par exemple sur la question des subsides aux
jeunes français qui étudient dans nos universités, mais rien qui ne peut être
réglé via nos ministres respectifs et nos ambassades. Il s’est invité et nous
sortirons le tapis rouge pour bien le recevoir. Alors que la France a des
problèmes par-dessus la tête et que la responsabilité première de son président
est de rencontrer les Français pour en discuter et les encourager, il part faire
le beau au Canada et tenir quelques discours qui seront aussi vite oubliés
qu’ils seront débités. Pour couvrir ce déplacement du président français et de
sa suite, la France, le Canada et le Québec vont engendrer des frais importants
au moment même où chacun coupe radicalement, chez lui, dans les dépenses
inutiles pour diminuer ses déficits.
En somme,
il tasse l’intérêt de la France pour redorer son image et rehausser sa
popularité. Au diable les principes, les politiques du parti socialiste, rien
ne va plus, la roulette tourne. Pendant ce temps-là, le chômage continue de
grimper, la production industrielle stagne, les entreprises tirent le diable
par la queue, le chômage augmente, la croissance est aux arrêts, les
statistiques sont au mauvais fixe, les plus défavorisés souffrent davantage et
les français chialent. Son parti est divisé et les « frondeurs socialistes
(députés socialistes non-satisfaits des politiques de droite d’Hollande) le
menacent avec, en tête, Martine Aubry, la femme des 35 heures.
De plus, le
physique du président laisse percer son état d’esprit. Son visage est triste,
sa démarche plus lente, ses discours moins dynamiques. Il semble perdu, sans
amis, seul et incapable de pouvoir jouer son rôle. Il n’est que l’ombre d’un
chef de l’État. Triste constat pour un pays aussi extraordinaire que la France.
Comment avec une telle attitude de son président, peut-elle reprendre confiance
?
Le récent livre
du polémiste Eric Zemmour « le suicide français » a un succès énorme car
il est le symptôme des angoisses françaises. Il estime que « la France se
meurt, est morte ». « Que ses élites crachent sur sa tombe ».
Que l’on vit « les dernières pages de l’Histoire de La France ». Exagéré, sûrement. Mais ce qui arrive en France se situe aussi dans le grand
réaménagement du monde où repères, identités et certitudes s’effacent.
Malheureusement, le président Hollande n’est pas à la hauteur de ces défis.
Pour être
utile à son pays, Hollande devrait démissionner. Mais sur çà, les Français me
disent « n’y comptez pas ».
Il reste à
espérer que la Providence soit bonne pour la France.
Claude Dupras
7 commentaires:
Bonjour,
Eh oui, nous sommes désespérés tant il est triste d'être gouverné par des incompétents de tous bords qui pour une grande part sont aussi des gens qui trichent, trichotent, profitent et font profiter les copains sans se poser de question sur les compétences. Et c'est à tous les niveaux. Les gens corrects, il en existe beaucoup, sont mortifiés et se sentent impuissants devant tant de négation de valeurs, tant de bassesse. Nous sommes dans la délinquance de "bas vol" même si les détournements se montent à des sommes importants.
Il y a très longtemps que tous ces gens qui n'ont pas de connaissances économiques, ni politiques et dont le seul intérêt est leur porte-monnaie personnel, bateaux, robes... nous gouvernent. Nous fatigons.
Sur le plan juridiciaire, on les amnistie malgré toutes preuves objectives. On fait des lois pour une affaire et non une loi générale.
Nous sommes gouvernés par des fonctionnaires sortis de l'ENA qui ne connaissent pas le prix du pain, la force de l'URSSAF, à qui on n'apprend pas les humanités, ni que le monde doit tourner autour de l'Homme et pas l'homme autour de l'Argent, par des ingénieurs qui ne devraient pas faire du travail administratif dans les bureaux mais être dans les chantiers et laissés la place aux administratifs pour le travail administratif, aux juristes pour la confection des lois...
Le travail politique aujourd'hui est un travail sans aucun projet. C'est un travail pour aujourd'hui, maintenant. Un jour on va politiquement dans un sens, le lendemain on apprend qu'on va de l'autre côté mais entre temps et sans que cela soit objectivement argumenté, on a droit à une petite augmentation d'impôt, de taxe, à une diminution d'un avantage... sans que les niches fiscales des plus riches ne soient touchées, sans que certains privilèges qui ne se justifient plus économiquement ne sautent...
Quelle plus-value ces hommes politiques nous apportent, à nous les travailleurs du petit matin ?
Voilà, voilà
je vais aller prendre un bon petit déjeuner
avant d'aller travailler.
Cordialement
Danièle Rubio
http://lirelivrelecture.blogspot.fr/
Bonjour Claude. J’ai toujours beaucoup de plaisir à te lire.Salutations à Manon. Merci. Maurice.
BRAVO!!! Tout ce que contient ton billet est exact. Je le fais suivre à mes collègues (dont beaucoup sont à Gauche!)
Nous verrons ce qu'ils en penseront.
Jean-Claude
Bonsoir,
Votre analyse est globalement réaliste sur la situation présente dans notre pays.
Bien à vous et salutations.
Gérard Renouard.
Ce n'est pas plutôt les Anglais, surtout les hommes d'affaires de Londres, qui font du "France Bashing" ?
Bon dimanche.
Jacques
Bonjour Claude,
Je viens de lire ton article sur l’état de la France et en particulier sur l’état d’esprit des français face à la chute de leur beau pays. L’analyse qui y est faite est tout à fait pertinente et je n’aurais pas pu dire mieux. Bravo
La situation est grave en effet, le pays s’enfonce, tout le monde le constate et pourtant nos dirigeants ne font rien. Manifestement, François Hollande est incapable d’occuper le poste que la France lui a confié. Non seulement il est incompétent mais aussi, il est paresseux. Un récent sondage montre que seulement 13% des français souhaitent qu’il se représente en 2017 à la présidence de la République. Et il ne faut pas espérer qu’il démissionne. Incidemment , il est intéressant de noter que le 21 octobre dernier, le Sénat a d’adopté un projet de loi portant sur la possibilité de destituer le président de la république.
Les derniers chiffres du chômage montrent que le nombre de demandeurs d’emploi a encore augmenté au trimestre dernier. M. Rebsamen, Ministre du travail a fini par admettre que la lutte contre le chômage menée par le gouvernement est un échec. Rappelons nous des promesses de F. Hollande, l’an passé, d’inverser la courbe du chômage avant la fin de l’année. Mensonge.
Chaque année la France demande un délai pour permettre de revenir à un déficit budgétaire acceptable de 3% du PIB et chaque année on s’aperçoit que les promesses ne sont pas tenues. En 2014 on sera au dessus de 4%. On craint donc cette année à ce que le budget de la France pour 2015 soit refusé par Bruxelles ce qui serait une humiliation supplémentaire pour notre pays.
En septembre dernier, je voyageais dans l’ouest du Canada et J’avais honte en lisant certains articles de la presse locale parlant de F. Hollande.
Nous avons suivi les évènements qui se sont déroulés récemment à Ottawa. Nous sommes désolés d’apprendre l’assassinat d’un soldat par un musulman canadien . A cette occasion, la presse nous a fait également savoir qu’un autre musulman avait, peu avant, assassiné une autre personne à Montréal.
C’est un début et nous sommes intéressés de savoir ce que le gouvernement du Canada va décider face à la menace de l’Islam.
Mes amitiés à Manon
Bien cordialement
Michel
Chers amis`,
`La France est malade…
Denise G.
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