L’accident ferroviaire dans le village de Lac Mégantic aurait pu être évité si l’un des principaux responsables, Ed Burkhardt, président de la compagnie de trains Montreal-Maine and Atlantic Railway (MMA) impliquée dans le drame québécois, n’avait pas priorisé les profits de sa compagnie à la protection du public.
Hier, à Lac Mégantic, Burkhardt s’est présenté comme un personnage sympathique qui comprend bien les problèmes des gens et qui veut les aider à se sortir de l’enfer, dont il est le responsable. Oui, il est le responsable, et c’est devant le congrès américain en 1997 qu’il nous l’a démontré. À ce moment-là, il témoignait avec insistance devant un comité de la Chambre des représentants pour demander que la réglementation ferroviaire soit assouplie afin de pouvoir doter ses trains d’un seul conducteur qui serait assisté par un système de contrôle central à distance. Il voulait éliminer l’obligation d’avoir un ingénieur ferroviaire et au moins un conducteur par convoi. C’est à ce moment qu’un élu républicain, le représentant John Dobyns, bien décidé à lui barrer la route et outré de ce manque de responsabilité pour la protection du public affirma « « Ed Burkhardt se fiche de la sécurité du public. Il pense à ses profits, point final ». Dobyns réussit alors à faire rejeter sa proposition.
Mais en mai 2010, suite à des accords avec des responsables américains et canadiens, Burkhardt put enfin mettre en place sa vieille idée, dans l’espoir d’économiser 4,5 millions. Depuis l’accident, et hier encore, il a persisté dans la défense de sa décision et affirme que « le simple fait d’assurer la surveillance des convois aurait été trop coûteux et aurait fait perdre des contrats à sa compagnie ».
La théorie du contrôle à distance de Burkhardt, pour justifier un seul ingénieur ferroviaire par convoi, s’est envolée avec l’accident de Lac Mégantic. Il est clair que dans de tels convois qui parcourent des milliers de km et durent de longues heures, un conducteur « standby » additionnel, au minimum, est absolument nécessaire pour assurer la protection du public advenant un problème avec l’ingénieur ou le convoi. Fini le « one-man show »!
Seules deux compagnies ferroviaires sont autorisées au Québec à faire circuler des convois avec un seul ingénieur ferroviaire à bord. Ce sont MMA et Quebec North Shore and Labrador (QNS). La première est dédiée au transport de pétrole par wagons-citernes et l’autre, la QNS, œuvre sur la Côte-Nord québécoise pour le transport de minerai. MMA part du Dakota Nord, traverse villes et villages du Canada pour le livrer dans l’État du Maine de l’est américain, avec des convois de 1,5 km de longueur sur une infrastructure de ligne mal-entretenue dont la condition est de qualité moyenne. QNS origine au grand nord Québécois, traverse des régions sauvages et roule sur une infrastructure en excellente condition jusqu’au fleuve St-Laurent, avec des convois de 3km de long.
Il y a en plus, au Québec, deux autres compagnies ferroviaires, moins importantes, qui utilisent des chemins de fer de juridiction québécoise dont une pour le transport de minerai de Port Cartier à Fermont. Celles-là ont l’obligation d’avoir à bord un minimum d’un ingénieur ferroviaire et d’un conducteur. Il y a donc une différence importante entre les législations américaine, canadienne et québécoise. Cela démontre que le lobby pétrolier, qui a appuyé fermement Burkhardt, conjointement avec les politiciens américains et canadiens qui ont accepté, sur leur territoire, l’application d’une dérégulation permettant de limiter à un ingénieur ferroviaire des convois de cette importance, doivent aussi porter une part de la responsabilité de l’apocalypse du Lac Mégantic.
Cette situation doit être corrigée dans les plus brefs délais, car l’accident de Lac Mégantic a mis en relief et nous a fait comprendre la croissance illimitée du transport du pétrole. La Presse rapportait aujourd’hui des statistiques inquiétantes : au Canada, en 2008, plus de 500 wagons-citernes circulaient sur nos voies ferrées, alors qu’en 2013 le nombre dépassera 140 000. C’est inimaginable.
Nonobstant les critiques et les opposants au pétrole, sa production augmente de façon exponentielle, particulièrement en Amérique du Nord. Il faudra donc aller vers les oléoducs au plus vite car moins dangereux pour le public.
Le 4 janvier dernier, mon blog portait sur la question « le boom pétrolier canadien » et je suggère au lecteur de le lire (voir archives du blog) pour mieux comprendre l’importance que prennent les modes de distribution du pétrole. Voici un extrait de ce blog sur la question d’ « oléoduc versus rails » : « Les chercheurs de l’institut Manhattan ont comparé tous ces modes de transport. Ils ont analysé les incidents passés occasionnés par chacun. Ils sont arrivés à la conclusion que les possibilités de fuites de pétrole, de morts ou de blessures sont 34 fois plus grandes par rails que par oléoducs. De plus, « les trains créent des gaz à effets de serre pour l’énergie qu’ils consument et la quantité de pétrole qu’ils peuvent transporter n’est qu’une fraction de ce qu’elle peut être par oléoduc ».
En résumé, les vrais responsables du terrible accident du Lac Mégantic sont Ed Burkhardt qui a eu l’idée, le lobby pétrolier qui a pressurisé les politiciens et ces derniers, qu’ils soient américains ou canadiens, qui ont autorisé la dé-réglementation permettant un seul ingénieur ferroviaire sur chaque convoi.
Claude Dupras
6 commentaires:
Je n'écrirai pas un commentaire sous votre texte.Je veux simplement vous dire que votre conclusion, tout le monde la connaît. Enfin, si vous croyez avoir été utile tant mieux.
Il me semble que si le Canada n’arrime pas ses normes à celles en cours aux U.S.A. quant à la fabrication des wagons, ceux qui transportent des matières dangereuses en particulier, c’est tout le Canada et le Québec qui vont financer le rajeunissement des flottes de wagons aux U.S.A. Même chose quant aux normes de sécurité, si elles étaient moins strictes que celles en cours aux U.S.A. Ce n’est pas seulement le Canada qui s’est formé au moyen du chemin de fer, c’est toute l’Amérique du Nord. Les villes et villages dans la situation de Lac-Mégantic sont légions.
À moins de ne plus vouloir faire partie de l’Amérique du Nord, ou de consentir à devenir une sorte de Cuba pour les vieux équipements, le Canada et le Québec auraient intérêts à ce que les normes de fabrication de ces équipements lourds ainsi que les normes de sécurité ne soient pas moins pertinentes que celles aux U.S.A.
Et même avec toutes les normes adaptées et arrimées, cela ne garantirait pas contre les accidents et les négligences.
Déjà au degré zéro de sa compétence en cette matière, l’institution fédérale est représenté par un ministre typique de la confrérie des « fédéraux » en M. Lebel, lui-même sous zéro et en dessous de tout en ce qui regarde la plus élémentaire politique des hommes et des femmes de chez nous. S’il y a un seul citoyen de Mégantic qui s’est senti réconforté par la litanie de statistiques « fédérales » du ministre, qu’il se manifeste. Cela serait bien le plus grand miracle à s’être produit au cours de ces si tristes évènements.
Bonjour monsieur Dupras
C'est irresponsable qu'un seul homme soit a bord d'un convoi ferrovière de
80 wagons de produit pétrolier qui circule de surcroit sur un chemin de fer secondaire mal entretenu et qu'un tel convoi soit laisser a l'abandon la nuit ,sans aucune surveillance avec une locomotive qui fonctionne sans surveillance .
Qu'il se produise un incendie,un déraillement ,un sabotage un malaise du conducteur ou toute autre situation d'urgence imprévue c'est évident que de ne laisser qu'un seul homme a bord c'est totalement irresponssable .
C'est un manquement grave a leur responsabilités que d'avoir agit ainsi .
Le hazard a voulu que ce soit le pire des scénarios qui se produise dans un centre ville en pleine nuit ,une nuit ou les gens avaient congé le lendemain et de ce fait profitait nombreux des bars et terrasses pour relaxer .
L'irresponsable qui roule dans un bazou rafistolé avec des freins finis,une direction lousse, des pneux usés a la corde le sais qu'un jour ou l'autre il vas causer une tragédie tout comme celui qui conduit en boisson ,sur les stupéfiants ou qui fait des textos en conduisant .
C'est certain qu'un jour ou l'autre qu'il vas se produire un accident du a son irresponsabilité et sa négligence .
Ce genre d'individus surf continuellement sur le hazard ,se foutes de la sécurité d'autrui , des conséquences et une fois l'irréparable commis parle de malchance et de bête accident pour se justifier .
Tout les ingrédients y étaient :insouciance ,négligence ,irresponsabilité.
Burkhardt as comme dangeureusement jouer a la roulette russe avec ses trains .
Le canon de son arme n'était pas pointé sur lui mais sur les citoyens des villes et villages que ses trains maudits traversaient.
Contrairement a tout les clics de l'arme qui n'ont pas craché la mort attendu ,cette nuit la ,le coup est parti brutalement et sans avertissement pour faucher cinquante vies humaines a Lac Mégantic ,un coup reçu aussi en plein coeur par toute la population de Lac Mégantic dont beaucoup de citoyens qui ont perdus des membres de leur famille, de leur amis, de leur connaissances .
Burkhardt ne semblent pas réaliser pleinnement que ce sont ses méthodes de gestion qui sont en grande partie responsable de cette tragédie a force de vouloir économiser.
Il préfêre congédier son employé probablement pour en engager un autre qui vas lui couter moins cher.
Pour Burkhardt la vie ne vaut rien s'il n'y as pas assez de profit .
Et Burkhardt, président de la compagnie de dire :Excusez moi c'est juste un bête accident et je ne savais pas qu'en jouant ainsi a la roulette russe avec la sécurité et la vie des citoyens que cela pourrait un jour se produire.
Ceux qui ont fermer les yeux et abdiquer leur responsabilités ,ceux qui se sont plier aveuglément a toutes ses demandes sans analyser les conséquences et qui lui ont permis d'opérer son entreprise de cette manière ne valent pas mieux .
C'est une forme de complicité aveugle et ils ont aussi une bonne part de responsabilité dans cette tragédie.
à Jean L.
Si le comité éditorial de Vigile a décidé de publier mon texte, c'est qu'il devait contenir un certain intérêt. Peut-être vous faudra -t-il le lire complètement.
Dans Lanaudière la cie de Gaz propane Bell-Gaz a une ligne de chemin de
fer.Siège social:St-Félix-de-Valois.
http://www.propane-bellgaz.ca/historique/.
" C’est également durant cette période que le Canadien Pacifique, qui
transportait le gaz par voie ferrée, cessa ses opérations dans
Lanaudière; Bell-Gaz ltée ne pouvait se permettre de perdre cette
importante source d’approvisionnement pour l’entreprise. Après deux
ans de négociations, la compagnie Bell-Gaz ltée acquerra une section de
17 kilomètres de voie ferrée du Canadien Pacifique et créa la Compagnie
du chemin de fer Lanaudière inc. Ainsi, Bell-Gaz ltée s’assurait
d’une garantie de livraison exceptionnelle."
La catastrophe de Lac-Mégantic m'évoque ces reportages qui nous viennent des pays lointains, comme l'Inde par exemple. Quand on voit ces images d'apocalypse, on se dit que cela se passe dans des pays en voie de développement, où la réglementation est approximative et/ou non appliquée, où le matériel est désuet, où la main-d'oeuvre est exploitée, etc. Pourtant, Lac-Mégantic c'est ici, dans notre pays, dans notre province. Je ne veux pas disculper Ed Bukhardt qui a sans doute sa part de responsabilité, mais avant de distribuer les trophées de la culpabilité je préfère en savoir plus. Nous vivons dans un état de droit, ce qui permet d'instituer des enquêtes qui permettent de faire la lumière sur l'ensemble de l'événement. Comme disait au Chêne, le Roseau :" Attendons à la fin..."
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