mardi 9 juillet 2013

Election de Montréal: le bon choix

Les dés sont jetés. Le milieu des affaires a obtenu son candidat à la mairie de Montréal en la personne de l’économiste Marcel Côté. Il confrontera Richard Bergeron, Denis Coderre et Mélanie Joly. A mon avis, chacun de ces candidats a le potentiel d’être un bon maire.

L’entrée de Marcel Côté, entouré de joueurs importants de la métropole, a été bien préparée. On ressent qu’il connait bien la ville et qu’il a pour elle de grandes ambitions. Son site web, très bien fait, deviendra le point de repère pour ceux et celles qui voudront savoir ce qu’il pense et fera, s’il est élu. Cependant, j’ai été surpris par son idée de former une coalition avec Vision Montréal et des partis d’arrondissements qui n’existent pas encore et qu’il veut créer. Les problèmes de la dernière administration ont été la conséquence d’une telle coalition. Qu’il s’agisse de « Coalition Montréal » ou « Union Montréal », c’est du pareil au même, au départ. Même conclusion ?

L’alliance avec Louise Harel, chef de Vision Montréal et séparatiste de premier rang est surprenante car Côté est un fédéraliste convaincu. « Ensemble », dit-elle (oui, c’est elle qui parle), « nous créerons une coalition qui permettra à tous les Montréalais, anglophones ou francophones, résidents de l’est ou l’ouest de la ville et quelque soit leur position sur la question nationale », de se sentir à l’aise pour appuyer Marcel Côté à la mairie et pour voter pour les candidats, maires et conseillers, de Vision Montréal et ceux des futurs partis d’arrondissements prêts à appuyer Côté, là où Vision Montréal ne présentera pas de candidat. Il est clair que cet amalgame bizarre permettra à Harel, si Côté est élu, de jouer un rôle capital dans l’administration de la ville.

Opportuniste, Harel, en désespoir de cause, s’est jetée dans les bras de Côté. Trois maires d’arrondissements, élus sous sa bannière, l’avaient quittée pour joindre Denis Coderre, la dette de son parti dépasse les 500 000$ et les sondages montraient son impopularité. Son avenir n’était pas rose. Pour s’en tirer, elle se camoufle avec le mot « coalition », alors qu’il devrait être « arrangement ». J’ai été surpris que Côté accepte. En fait, c’est potentiellement un futur « nid à chicanes » car rien ne garantit que dans les moments de grande décision, Harel sera là pour l’appuyer. J’espère, pour lui, qu’il puisse faire élire une majorité de conseillers au conseil municipal, hors-Vision-Montréal.

Un vrai parti politique est un ensemble de personnes ayant des opinions, des aspirations, des affinités communes et associées en vue d'une action politique.

Dans les années ’40 et ’50, Montréal a vécu des coalitions et ce ne furent pas ses périodes les plus roses. Ce qui se passait au conseil municipal était honteux. La venue du parti de l’Action Civique de Pierre Desmarais, devenu le Parti Civique de Jean Drapeau a permis d’éliminer la pagaille et la corruption. Montréal a alors été relancée grâce à l’unité de pensée et d’action des conseillers de ces partis. Forte d’une saine majorité au conseil municipal, Montréal a pu réaliser l’expo67, les JO de 1976, la construction du métro, etc…Ces conseillers savaient qu’en travaillant ensemble, la ville et les Montréalais seraient bien servis.

Au Parti Civique, le membership était limité à un seul membre par district électoral (58) plus le maire. Le parti a duré plus de 30 ans. A chaque élection, des légions de supporteurs motivés par ses actions se levaient pour l’aider à gagner. J’étais l’un d’eux.

Le RCM de 1986 comptait 25 000 membres grâce à l’union de différents groupes de citoyens qui réclamaient des changements à la vie urbaine de leur milieu. C’était un vrai parti démocratique. Il a été fortement élu. Une fois au pouvoir, ses dirigeants qui n’avaient pas une pensée commune ont oublié les points principaux de son programme politique au point qu’à l’élection de 1990, le parti n’avait qu’un peu plus de 4 000 membres, pour se retrouver en 1994 avec une poignée d’individus. Pour survivre, il s’est rallié au nouveau parti Vision Montréal de Pierre Bourque, qui devint maire. Depuis il a disparu.

Élu en 2001, le parti Union Montréal du maire Tremblay a fait, avec sa majorité, de grandes choses pour la métropole, mais malheureusement il a faussé le système en exerçant un patronage honteux et malhonnête visant à garnir sa caisse électorale. En 2013, après 12 ans de pouvoir, le parti a été dissout.

Aujourd’hui, un seul vrai parti démocratique montréalais demeure sur les rangs. C’est Projet Montréal, créé en 2004 par son chef Richard Bergeron, architecte et urbaniste. Ce dernier est à nouveau candidat à la mairie. Son malheur actuel est qu’il souffre d’un problème d’image. Plusieurs de ses prises de position des dernières années ont donné l’impression qu’il est irréaliste. Ses commentaires trop souvent bizarres ont arrêté l’ascension de sa popularité et depuis, son parti stagne dans l’opinion publique. J’espère, pour lui, qu’il saura dissiper ces soupçons.

Quant à Denis Coderre, ex-ministre fédéral et ex-député durant 16 ans, il propose une équipe portant son nom, sans structure démocratique, et bâti avec 50% d’ex-élus-transfuges. Il blâme la formule de parti pour la collusion et la corruption et affirme, avec raison, que Montréal a besoin pour progresser de l’unité de ses élus. La question qui se pose : « peut-on réaliser une telle majorité avec des vire-capots ».

Enfin, il y a l’avocate Mélanie Joly. Bien éduquée à Montréal et à Oxford, elle est une jeune femme brillante, impressionnante et nous entendrons beaucoup parler d’elle dans l’avenir et qui sait si un jour elle n’atteindra pas son ambition d’être maire de Montréal.

À ce moment crucial, Montréal a besoin d’un vrai chef politique pour diriger notre ville, appuyé par une équipe solide, unie, déterminée et… majoritaire. Les Montréalaises et les Montréalais se doivent, durant la campagne électorale qui s’amorce, de porter toute leur attention aux faits et gestes de chacun des candidats à la mairie et aux postes de conseiller, d’apprendre à les connaître, d’apprécier leurs idées, de déterminer leur sens civique et leur esprit d’équipe.

Avec internet, toutes les informations sur chacun des candidats sont maintenant à la portée de tous. Il n’y aura donc plus d’excuses pour ne pas déposer un vote sérieusement réfléchi. Finie la partisannerie aveugle… Un choix judicieux de nos prochains dirigeants devient d’importance capitale pour l’avenir de Montréal.

Claude Dupras

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