Le premier ministre Stephen Harper vient de perdre un de ses principaux lieutenants. Jim Prentice, député d’Alberta, quitte son poste de ministre de l’environnement pour entrer à la Banque Impériale de Commerce, comme vice-président exécutif. Il était un politicien aimé de ses commettants, un gentilhomme respecté par tous les Canadiens et Canadiennes, quelque soit leur parti politique. C’est une grosse perte pour le Parti Conservateur du Canada (PC) qui n’a que de rares députés conservateurs sociaux (red tory) avec une approche intelligente, nuancée, ouverte au changement et capable de faire la part des choses dans les décisions gouvernementales pour tenir compte des besoins de la société. Le PC a un grand besoin d’hommes ou de femmes comme lui.
Prentice faisait partie du Parti Progressiste-Conservateur du Canada (PPC) lorsque ce parti s’est fusionné avec l’Alliance Canadienne, parti strictement de droite, pour devenir le PC. Le PPC a toujours défendu les préoccupations conservatrices traditionnelles mais avec des idées sociales pour les questions économiques. Le nouveau parti a été envahi par les Alliantistes de l’Ouest et s’est fixé solidement à droite du spectre politique mettant au rancart l’approche sociale de la politique du PPC. C’est à cause de ce positionnement radical que j’ai quitté définitivement le PC, après plus de trente ans de membership actif dans le PPC, et que je suis devenu indépendant.
Malgré le malaise évident que Prentice ressentait au sein de sa nouvelle équipe, il a toujours fait un travail consciencieux au ministère de l’environnement. Il a même osé prendre des positions publiques qui ne correspondaient pas toujours aux dires du PM Harper, particulièrement sur le contrôle de l’exploitation des sables bitumineux, la position du pays sur l’accord de Kyoto et l’approche négative du Canada à Copenhague qui a contribué à ce que la rencontre onusienne sur l’environnement se termine en queue de poisson.
Le départ subit de Prentice est-il un signe de ce qui s’en vient ? Je le crois. Au lieu de viser à recentrer le parti et à gagner les indécis, le PC ne cherche qu’à satisfaire sa base, ceux du pays qui crient fort (un genre de teapartyers canadiens), qui lui a donné le pouvoir par ses votes. Il glisse lentement mais sûrement vers l’abime politique où l’entraîne son idéologie de droite de la droite.
La presqu’élimination du contenu du questionnaire du recensement, l’abolition du registre des armes, le militarisme excessif, le non-respect des décisions environnementales internationales, la construction de nouvelles prisons (alors que le taux de criminalité baisse), la fascisation des lois au ministère de la justice… sont tous des exemples où le gouvernement canadien perd son temps et où l’amène son idéologie. Pendant ce temps, le déficit augmente commensurablement, la dette réapparaît et le respect du Canada fléchit dans l’opinion mondiale.
Harper garde le pouvoir depuis quatre ans de manière tout à fait imprévisible puisqu’il est minoritaire à la Chambre des Communes et n’obtient que 35-38% d’appuis dans les sondages. Le manque de courage politique des autres partis pour le renverser, qui vient du désintéressement de la population pour une autre élection, doit s’estomper.
Nous, Canadiens et Canadiennes, devons remplacer ce gouvernement mené par des idéologues dont la pensée ne correspond absolument pas à celle de la majorité et dont les actions politiques non pertinentes nous amènent nulle part. Nous avons besoin que l’intelligence et le réalisme soient au pouvoir à Ottawa.
Une autre solution serait un putsch dans le PC pour qu’il redevienne le PPC. Mais çà, pour l’instant, c’est un rêve en couleurs !
À chacune de ses interventions à la Chambre des Communes, Jim Prentice a su élever le débat au haut niveau qu’il doit être. Il a accompli beaucoup et rempli plusieurs tâches difficiles que lui confiait le PM Harper. « Monsieur Fix-it », comme on le surnommait, aurait fait un bon premier ministre. Je rêve de le voir revenir en politique, à la tête du parti PC. Ce sera peut être le jour où le PC retrouvera le bon chemin. Qui sait ?
Merci Jim Prentice pour un travail bien fait, malgré tout, et bonne chance.
Claude Dupras
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