À l’exposition internationale et universelle de Séville en 1992, le pavillon du Canada fut un très grand succès populaire. Les files d’attente pour y entrer étaient interminables et il fallait s’armer d’une patience à toute épreuve pour finalement le visiter et voir, entre autres, son fameux film en IMAX sur le Canada montrant, avec des images et des scènes inoubliables, ses peuples, sa nature, ses richesses et son potentiel extraordinaire. Les visiteurs en ressortaient avec le « goût du Canada ».
Arrivé le 10 mai à l’expo 2010, je me suis empressé de visiter le pavillon de mon pays, le Canada. Le bâtiment est imposant, géant et un des plus gros en volume. Sa forme est bizarre, variable, changeante et étendue à l’horizontale telle un ver de terre. C’est comme un grand « C » imparfait qu’on ne peut détecter que si on le regarde en plan. Ses arêtes vives, montantes et descendantes, suivent des angles incohérents qui ont rapport probablement avec l’activité intérieure du pavillon. Sans fenêtre ni vitrine, le pavillon est totalement couvert de tôles réfléchissantes et surtout de lattes de bois installées de façon à mettre en valeur sa forme changeante. La réalisation totale du projet a été confiée au Cirque du Soleil incluant le contenu.
La filée d’entrée exigeait une attente de 30 minutes. Le Canada attise donc la curiosité des Chinois, ce qui donne au pavillon la possibilité de devenir un attrait important de cette grande exposition. Malheureusement, ce ne sera pas le cas, car on en sort fort désappointé. On ne découvre presque rien dans ce grand bâtiment et ce qu’on y trouve n’est pas à la hauteur d’un pays spectaculaire, riche, attrayant et important comme le nôtre. Le bouche-à-bouche va le miner.
Mon sentiment fut confirmé par mon épouse qui ressentit la même chose que moi. Une heure plus tard, nous étions au pavillon du Mexique où nous avons rencontré, par hasard, six Québécois qui, comme nous, attendaient pour y entrer. Ils venaient tout juste de visiter le pavillon canadien et j’en ai profité pour faire ma petite enquête. La réaction était unanime : « pas fort ! ». Le lendemain, quelques Espagnols nous confirmèrent la même chose.
Le thème du pavillon veut respecter celui de l’Expo 2010 «meilleure ville, meilleure vie ». On peut à peine l’imaginer en visitant notre pavillon. Entrant comme dans un goulot de bouteille aux parois couvertes d’écrits difficilement lisibles à cause de l’étroitesse de l’entrée et du passage précipité des visiteurs vers la pièce suivante, qui est la principale, et où on a l’impression d’être dans une caverne au plafond fluo. Le seul message que nous y percevions était en rapport avec la vélocité qui était représentée par quelques vélos sur socle (à peine une douzaine). Seuls quelques visiteurs sur les centaines qui passaient pouvaient enfourcher ces bicyclettes et pédaler devant un écran arqué représentant des routes, des paysages ou encore des personnages de bandes dessinées. La deuxième pièce, complètement dans le noir, avait un plancher incliné vers un écran de 180 degrés sur lequel défilaient en boucle des images superposées, floues en partie, avec des scènes de vie urbaine pêle-mêle accompagnées de bruits de fond de ville. On voyait à peine où marcher et où se placer pour voir ce mélimélo d’images.
C’est tout !
Il ne restait plus qu’à passer à travers une mini boutique où on vendait des petites bouteilles de sirop d’érable, des toutous en peluche représentant des oursons, des oiseaux, des polices montées, des chats avec la feuille d’érable rouge. Le tout « made in China », les mêmes bricoles que l’on retrouve dans les giftshops bon marché pour touristes à Montréal. Pas d’artisanat canadien (sauf une dizaine de petites sculptures Inuit à prix très élevés), aucune littérature sur le Canada, pas de carte postale, photos-souvenirs. A l’extérieur, il y a un restaurant-terrasse qui n’a rien à voir avec ceux de la rue St-Denis.
Dans la cour intérieure, on annonçait la « Cour Bombardier ». Malheureusement on n’y retrouvait que des débris de construction car les ouvriers y travaillent encore. D’ailleurs, c’est la seule place à l’expo où nous avons vu des travaux inachevés.
Cette exposition de ce qu’est le Canada n’est pas à la hauteur de notre pays, ni à celle du Cirque du Soleil. Cela démontre encore une fois que « chacun son métier, et les vaches seront bien gardées ».
Le lendemain, après avoir visité les pavillons français, allemand, américain, belge et espagnol, j’ai compris que notre pavillon canadien n’est pas un flop, mais un super flop.
Claude Dupras
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