En 1955, Fidel Castro a une belle surprise. Le président de Cuba, Fulgencio Batista, accorde une amnistie générale aux prisonniers. Fidel est en prison depuis l’attaque du 26 juillet 1953, lorsqu’il dirigeait ses compagneros contre la caserne militaire de Santiago. Libéré le 15 mai, il prend sur-le-champ la direction du Mexique. Comme il veut continuer son action révolutionnaire, il sollicite des fonds aux USA et y fait des discours pour répandre ses idées. C’est là, au pays des Aztèques, qu’il fait la connaissance, entre autres, d’un jeune homme qui aura une importance capitale sur son avenir : Ernesto Guevara. Guevara est argentin, médecin et jeune idéaliste révolutionnaire qui veut aider Fidel. Tous l’appellent « Che ». Il s’offre pour mener la guérilla contre l’armée de Batista. Fidel et son frère Raul, toujours près de lui, apprécient cette nouvelle collaboration.
Le 15 novembre 1956, Fidel annonce que le temps est venu de se rendre à Cuba. Il s’embarque sur une mer houleuse avec 82 insurgés à bord d’un petit bateau de 60 pieds, le Granma, chargé de munitions. Raul et le Che sont là. Tous vivent un vrai cauchemar. L’arrivée a lieu plus tard que prévue. Batista a été prévenu et ses soldats les accueillent. Seuls douze d’entre eux survivront dont Fidel, le Che et Raul. Finalement, après plusieurs semaines de pérégrination, le groupe forme la première guérilla de la Sierra Maestra et y établit le premier territoire libre de Cuba. Il adopte comme moto Patria o Muerte.
Cette année marque le 40ième anniversaire de la mort du Che. Ses derniers mots devant les policiers boliviens qui le dénichèrent dans la jungle bolivienne furent : « Tirez, bande de lâches, tout ce que vous tuerez n’est qu’un homme ». La nouvelle de sa mort est accompagnée d’une photo où on le voit étendu sur une table, sans chemise, la tête relevée, les yeux entre-ouverts. Une image inoubliable. Dans le monde entier, une peine profonde est ressentie par d’innombrables personnes qui avaient appris à respecter cet homme particulier. J’étais un de ceux-là. Il était devenu l’idole des jeunes qui le lisaient, qui l’enviaient et qui rêvaient de vivre à sa façon et faire comme lui.
Jeune à Buenos-Aires, Ernesto « Che » est un fils de famille riche, d’allure attrayante qui peut vivre dans l’aisance car tout lui est offert, par sa famille et sa profession. Mais il est obsédé par la pauvreté et la misère du monde qu’il a constatées lors de voyages. Il en est revenu révolté et juge que le problème réside dans le fait que les pays d’Amérique du Sud et d’Amérique centrale sont sous la botte de dictateurs soutenus par le gouvernement américain et aux services de compagnies étrangères comme l’United Fruit Company des USA. Il décide de dédier sa vie à changer les choses et c’est pourquoi il offre ses services à Fidel Castro.
Il est asthmatique et l’humidité le fait souffrir. Cette condition mine sa qualité de vie, particulièrement lorsqu’il vit avec Fidel et ses barbudos dans la forêt tropicale de la Sierra Maestra.
Le 29 décembre 1958, à la surprise générale, le Che, devenu commandante, prend Santa Clara et fait mille prisonniers. C’est la plus grande victoire de la révolution. Fidel et Raul descendent alors vers Santiago le même jour. La veille du jour de l’an, se sentant battu, Batista s’enfuit de la capitale avec ses sacs d’or vers Saint-Domingue en République Dominicaine. Le lendemain, du haut d’un balcon face à la Cathédrale, Fidel fait son premier discours de vainqueur à la place centrale de Santiago. Puis il entreprend sa route vers La Havane.
Le 1er janvier 1959, Che rentre à La Havane et prend contrôle de la capitale avec Camilo Cienfuegos. Le 7 janvier, Fidel Castro arrive à La Havane aux acclamations d’une foule débordante d’allégresse. Che influence fondamentalement Fidel sur le genre de régime politique à implanter à Cuba. Il devient ministre et voyage dans le monde pour faire valoir ses pensées sur l’importance d’une révolution par le peuple et pour le peuple dans les pays où le peuple est en détresse. Il s’adresse aux Nations Unies, visite l’URSS...
À Cuba, même s’il n’est pas Cubain, une vie de pacha s’offre à lui car il est au sommet du pouvoir politique. Mais, le Che se sent appelé ailleurs. Il explique que « le plus beau sentiment pour un « guerrillero » est de ressentir qu’une injustice créée dans le monde devient son affaire ». Il avise Fidel qu’il quitte son gouvernement et part pour la Bolivie afin de susciter une révolution pour libérer le pauvre peuple bolivien de ses politiciens corrompus et de la main mise des capitalistes sur les ressources du pays. Le Che entreprit cette aventure, au succès prévisible fortement discutable, nonobstant les conseils de Fidel Castro. Malheureusement, elle devint son cercueil.
En comparant la vie d’Ernesto « Che » Guevara à la nôtre, on peut se demander quelles sont nos motivations et où sont nos actions pour arriver à ce monde meilleur qu’il imaginait. Nous vivons pour nous, notre famille, notre confort, nos buts personnels et notre sécurité. Et les autres, chez nous et ailleurs ? Je crois que le Che est pour tous un bon exemple de vie, de générosité, de sacrifices et de compassion pour les autres.
Claude Dupras
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