Pour la deuxième fois en un an, le PM Stephen Harper vient de proroger le parlement canadien alors que le gouvernement a d’importants dossiers à discuter dont celui du scandale de la torture des prisonniers Afghans aux mains de soldats canadiens.
Lorsque j’ai entendu la nouvelle, il y a quelques jours, j’ai sursauté. Je ne croyais pas que le PM aurait l’audace d’agir ainsi, puisque même si son parti est minoritaire il n’y avait aucun danger qu’il soit renversé. De plus, les débats étaient chauds pour le parti conservateur et importants à la Chambre des Communes et aux comités parlementaires. Ce n’était pas un temps propice pour les bâillonner. Malgré que la rumeur de la fermeture du parlement circulait dans la presse, depuis plusieurs semaines, elle me semblait impensable pour un PM qui se vante d’être démocrate et qui a fait ses dernières élections sur l’importance de respecter le parlement. C’est quand même hors du commun dans une démocratie qu’un homme, même s’il est un premier ministre tout-puissant, puisse décider seul de fermer le parlement pour trois mois. Le système parlementaire britannique qui nous gouverne n’a sûrement pas été mis en place pour favoriser une telle situation honteuse. Cela n’est pas possible aux USA, ni en France mais ce l’est dans les républiques bananières d’Afrique et d’ailleurs où règnent des dictateurs.
Je viens de voir et d’écouter le PM Stephen Harper dans une interview télévisée et c’est du revers de la main qu’il a rejeté la question pertinente d’un journaliste sur ce sujet. Il prétend que les Canadiens ne sont pas intéressés par cette question qui, dit-il, « n’est pas une priorité pour la population ». Il laisse croire que sa décision est normale. Or, un sondage, qui sort à l’instant où j’écris ce texte, montre que 58% des Canadiens ne sont pas d’accord avec cette décision et seuls 20% l’appuient. Ils veulent un bon gouvernement qui travaille fort. En quelques jours plus de 100,000 internautes se sont enregistrés sur un site Facebook pour critiquer la décision, et le nombre croit à vue d’œil. Le PM se trompe dans son analyse et l’arrogance qu’il démontre depuis un certain temps ajoutée à son imperméabilité aux critiques, affectent, de plus en plus négativement, sa popularité comme le démontre le sondage qui indique aussi que l’avance des Conservateurs sur les Libéraux a fondu de la moitié.
L’important magazine anglais « the economist » vient de critiquer aussi cette décision et affirme que le PM Harper ne pense qu’à « ses propres intérêts ». L’éditeur est surpris et ridiculise l’argument du PM à l’effet qu’il ne peut gérer l’économie, assister aux Jeux Olympiques de Vancouver et sièger au parlement, en même temps. Plusieurs diront : « il ne peut marcher et mâcher en même temps ».
Un tel geste ne fait que corroder davantage la confiance que les Canadiens ont dans leurs institutions politiques. Ne démontre-t-il pas, encore une fois, qu’une réforme en profondeur de notre système parlementaire devient de plus en plus nécessaire pour assurer que les principes de base de la démocratie soient respectés au Canada ?
Claude Dupras
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