Je viens d’écouter le discours « State of the Union » du président américain Barack Obama et celui du gouverneur Robert F. McDonnell de Virginie, qui donna la réplique du parti républicain. Obama a fait un bon discours, à point et a démontré une détermination nouvelle pour mener à bien ses objectifs.
Suite à l’élection d’un républicain comme sénateur du Massachussetts, pour remplacer Ted Kennedy, la presse de droite s’est déchaînée contre Obama prétendant qu’il est devenu ineffectif et ne pourra dorénavant faire voter ses propositions de réforme. OBAMA passe un mauvais quart d’heure. Le niveau de sa popularité est passé de 63%, le soir de son élection il y a un an, à 51%, aujourd’hui. Ses adversaires affirment qu’il a perdu la confiance du peuple américain. Et si Obama avait le 35% de confiance du PM canadien Stephen Harper, que diraient-ils ?
Ce ne sont pas les actions d’Obama qui ont affecté les sondages, mais plutôt les campagnes insidieuses de l’extrême-droite américaine envers lui. Elle l’a sali, calomnié, traité de « socialiste » et même de « communiste » sachant que de tels mots font peur à plusieurs. Il a été caricaturé au point qu’un grand nombre d’Américains, peu familiers avec la politique de leur pays et pensant plus à leur situation personnelle qu’à celle de leur voisin, se sont mis à l’haïr et à le blâmer pour tout ce qui va mal dans le pays. Et ça continue, comme nous en avons été témoins hier…..
L’héritage que lui a laissé son prédécesseur n’était pas riche : deux guerres, une réputation des USA minée dans le monde, une crise immobilière domestique et devenue mondiale par laquelle des centaines de milliers de familles américaines ont perdu leur maison, une bourse effondrée, des scandales financiers au niveau bancaire dont la faillite d’une des plus grandes banques et qui risquaient de tuer le système monétaire du pays, etc…
Les positions politiques de Barack Obama ont réjoui le monde entier et les Américains y ont retrouvé une popularité renouvelée. Malgré cela, les Républicains lui reprochent le contenu de ses grands discours internationaux qu’ils qualifient de faiblesse. Le président américain n’a pas à s’excuser des politiques passées de son pays, disent-ils, car l’Amérique doit être crainte dans le monde.
J’ai suivi de près Barack Obama durant sa première année. Une fois élu, il a vite réagi . Il a très bien fait. Il a travaillé très fort et s’est engagé dans d’innombrables projets de réforme. Peut-être trop, calculent certains observateurs qui ont peut-être raison, car son engagement personnel intense dans chaque dossier lui a fait oublier de bien expliquer aux Américains les objectifs des grands changements qu’il proposait et de les engager avec lui dans ce travail important. Son slogan « Yes, we can » est devenu « Yes, I can » et ce fut son erreur. Mais, l’élection du sénateur républicain Scott Brown l’a secoué et il a compris.
La crise s’est arrêtée, mais le taux de chômage n’a pas diminué aussi vite qu’Obama avait prévu car il semble n’avoir pas réalisé que l’inertie de projets d’infrastructures est une réalité implacable. Les emplois ne sont-là qu’au moment où les projets atteignent leur vitesse de croisière. Hier soir, encore, les Républicains ont critiqué vertement le programme d’Obama d’investissements dans les infrastructures (et on sait, si on visite les USA, combien ces travaux sont nécessaires) les qualifiant d’argent dépensé inutilement qui ne font que grossir l’appareil gouvernemental et accentuent d’avantage la dette. Au Canada, particulièrement au Québec, nous savons que l’ensemble de nos programmes de financement de travaux d’infrastructures a réussi à casser la crise et à redonner une nouvelle vigueur à notre pays. Nous comprenons que ce n’est que grâce à une économie florissante que nous diminuerons la dette nationale.
Le chômage reste le tendon d’Achille du président Obama. On le blâme du taux actuel de 10% de chômeurs aux USA. Cette accusation est de toute évidence injuste, à ce moment-ci. Mais, les Républicains s’en foutent car leur motivation n’est que politicienne. Ils font fi de la vérité, de la réalité et mettent tout le blâme sur le dos d’Obama, oubliant volontairement le désastre GWBush. Ils le boycottent depuis le début, sur tout et rien, croyant que c’est la seule stratégie capable de le renverser. Ils sont contre, contre, contre… Cette attitude est en fait la preuve de la mauvaise foi des Républicains.
Ce fut encore évident hier lors du discours du porte-parole républicain. Il a affirmé que les Républicains sont favorables à des réformes sur la santé, l’éducation et l’environnement mais pas à celles d’Obama qui sont, disent-ils, trop à gauche. Comme si permettre à 35 millions d’Américains d’être protégés contre la maladie, par un système de santé privé, était une politique inacceptable. Les Républicains proposent, par exemple, de recommencer à zéro le débat sur la santé (il dure depuis près de dix mois) alors qu’il est évident que ce n’est qu’un manège pour empêcher l’adoption de la loi qu’Obama propose.
Hier soir, le président Obama a proposé, entre autres, une approche pour atteindre les demandes de la nation en rapport avec la création d’emplois. L’unité de la classe politique à Washington est nécessaire pour mener à bien ces mesures essentielles. Je crains que le parti républicain continue son boycott des propositions du président Obama et refuse de l’appuyer. Si c’est le cas, ce sera tragique car l’histoire nous enseigne que jamais, dans le passé, les grandes lois sociales et de droits civils américains ont été votées par un seul parti. Toujours, c’est la réunion d’élus de bonne volonté des deux grands partis politiques qui a permis l’adoption de ces lois qui ont fait des USA une terre accueillante pour tous.
Si les Républicains modérés ne se libèrent pas de l’influence grandissante des conservateurs de l’extrême-droite, de celle des « preachers » et de celle des grandes compagnies qui ne pensent qu’à leurs intérêts, ils perdront définitivement les rênes de leur parti. J’espère qu’ils réagiront avant qu’il ne soit trop tard. Les Américains méritent mieux !
Les élus doivent servir la nation et non leurs ambitions a rappelé hier le président Barack Obama.
Claude Dupras
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