jeudi 23 juillet 2009

Un parti en déroute

Il y avait les Éléphants. Il y a maintenant les Éléphanteaux. Ils sont cinq jeunes députés socialistes français. Non, pas vraiment jeunes puisqu’ils dépassent les 45 ans. Leurs noms seront les grands noms de la politique française de demain : Manuel Valls, Arnaud Montebourg, Pierre Moscovici, Benoît Hamon, Vincent Peillon. Ils en ont assez de voir leur parti glisser sur une pente descendante de plus en plus à pic. Ils n’en peuvent plus de se laisser manœuvrer par la vieille garde du parti qui a amené le Parti Socialiste français dans une obscurité qui devient de plus en plus profonde. Ils ont décidé de brasser la cage. Avec eux, le respecté Jack Lang, ex-ministre de la culture, vient de qualifier le parti d’ « arbre sec », c’est presqu’admettre que le parti est mort.

Le problème du PS en est un de leadership. Pas un de programme comme le dit et le répète Martine Aubry, la première secrétaire du parti et le « boss » actuel. Dès son élection, au congrès de Reims à l’automne dernier, j’ai affirmé dans un blog que le parti venait de faire une erreur fondamentale en choisissant « la femme des 35 heures ». Cette politique erronée du passé se devait d’être vitement oubliée, mais, malheureusement, les Éléphants n’ont pas compris cela et ont propulsé Martine Aubry sur l’avant-scène. Depuis, la cacophonie s’est installée et le parti accumule défaite sur défaite car plus personne ne l’entend. Il perd constamment ses adhérents au profit d’autres partis de gauche, anciens ou nouveaux.

La gauche française a d’innombrables idées. Le contenu ne manque pas. Il lui faut un chef qui proposera son programme auquel les Français pourront s’identifier. Pour ce faire, les jeunes députés socialistes veulent que le parti institue, sur tout le territoire français, une grande élection primaire à l’américaine, ouverte à tous les électeurs de gauche du pays quelque soit leur parti. Ils ont la conviction que le chef qui en émergera deviendra un leader capable de rallier toute la gauche et de l’unifier pour faire face à Nicolas Sarkozy lors de la prochaine élection présidentielle. Je crois que c’est une très bonne idée qui a le mérite d’être pratico-pratique car les électeurs français se partagent, plus ou moins également entre la gauche et la droite. Mais une importante vague droite pointe à l’horizon européen où la popularité de mesures politiques à la social-démocratie est en baisse et la mondialisation pèse. Cela rendra la vie plus difficile au PS s’il ne fait rien pour se dégager de sa torpeur actuelle.

Suite à une critique sévère de Valls sur l’état actuel du parti, Martine Aubry a fait l’erreur de lui répondre publiquement en le menaçant d’expulsion du parti, comme si le PS n’était plus un parti pluraliste. Aujourd’hui, après la réponse cinglante de Valls, elle perd la face en ne mettant pas en force sa menace, alors que les députés socialistes s’unissent pour demander une « Halte au feu » en affirmant que « chacun est libre de son expression, de son ambition, de l’épanouissement de son talent… ».

Ce n’est pas d’un appel au calme qu’a besoin le PS pour se redresser. C’est en laissant les jeunes députés dirent tout haut ce que la majorité des gens de la gauche pensent tout bas, en les écoutant et en les laissant prendre une place de leadership dans ce parti. Le parti doit être secoué vivement, sinon il est voué aux bancs de l’opposition pour longtemps.

Claude Dupras

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