dimanche 26 juillet 2009

Rêve ou réalité politique

Suite à mon précédent blog, « Un parti en déroute », mon ami algérien Mansour m’a fait parvenir un commentaire par lequel il exprime une opinion contraire à la mienne en rapport avec la solution aux problèmes électoraux du Parti Socialiste français. Il contient beaucoup de vrai et c’est la raison pour laquelle je le publie ici, en le commentant par la suite. Le voici :

Claude

Ton blog concernant la déliquescence du parti socialise, depuis pratiquement le départ de Mitterrand, m'a rappelé la fameuse déclaration du grand révolutionnaire français, Mirabeau, je crois, qui affirmait que la France était en fait un ensemble de peuples désunis. Et cette évaluation de la société française au 19e siècle reste valide à ce jour, à mon avis. Dans un sens, c'est ce qui fait le charme de cette société extraordinaire, qui est toujours capable aussi bien du pire que du meilleur.

Mais pour être sérieux, je crois que les partis de gauche à travers le monde occidental, y compris les USA, entre parenthèses, traversent un grand désert d'idées et sont incapables de s'adapter aux conditions mondiales du jour. Le monde autour du monde occidental se transforme à une vitesse que les Occidentaux refusent de suivre. D’un côté, il est apparemment facile aux idées de droite de puiser dans le puits du refus, de toute la société occidentale, d'accepter qu'elle ne pourra plus façonner l'avenir de toute l'humanité comme elle le désire. De l'autre coté, il semble impossible aux idées libérales de la gauche d'adapter ses principes de défenses des droits du travailleur, par exemple, à l’inévitable vague de la mondialisation.

A mon avis, le problème du Parti Socialiste français n'a rien à avoir avec le manque de leadership. Plus grave encore, il souffre d'un essoufflement de sa propre idéologie. Et ce qui est plus important, c'est que l'opinion publique en France, aussi bien qu'à travers l'Europe, est aujourd'hui plus conservatrice que jamais pour défendre les gains socio-économiques garnis depuis le 19e siècle, malgré le fait que tout le monde sait que ces jours fériés sont à jamais du passé. Qu'on le veuille ou non, nous assistons à une première guerre mondiale économique que l'Occident est sûr de perdre et il ne sait pas comment s'adapter à cette défaite. Les monstres de l'Asie et du Sud-est asiatique décideront de l'avenir de l'humanité dans les décennies et les siècles à venir.

Mansour


Je suis d’accord avec Mansour sur son analyse des réactions de la droite ou de la gauche en rapport avec les transformations de nos sociétés qui découlent de la mondialisation et de la montée des géants économiques de l’Asie. D’ailleurs, dans mon récent blog, j’ai reconnu qu’une vague de droite s’élève à l’horizon européen et que la mondialisation a de grands effets sur la politique.

Mais il ne faut pas oublier que la bataille est électorale.

Les socialistes de tous les pays européens sont aussi inquiets de l’effritement de leurs appuis électoraux, et c’est pourquoi, au parlement européen, le parti qui regroupe les députés socialistes de chaque pays, cherche de nouvelles alliances et veut changer de nom.

Et en France, l’échéance des prochaines élections présidentielles est dans trois ans. Ceux qui prédisent, aujourd’hui, que le président Sarkozy sera réélu, ne semblent pas savoir qu’une telle période de temps est longue en politique. Tout peut arriver. Il faut aussi qu’il réalise, qu’il le veuille ou non, que la politique est devenue en France, comme ailleurs, un commerce d’images et d’illusions.

Un nouveau chef élu par un très grand nombre de gens de gauche aura une crédibilité certaine surtout s’il réussit à présenter un programme politique réaliste qui s’adapte aux problèmes du temps et de l’avenir et qui n’est pas basé que sur des idéaux sentimentaux.

Certains proposent que le PS change de nom dans le plus bref délai. Ils pensent ainsi faciliter la venue des électeurs vers leur formation politique. Je ne partage pas cette opinion. On ne change pas de nom de parti comme on change de chemise. Ceux qui dans le passé ont réussi une telle mutation ne l’ont fait qu’à l’étape finale d’une transformation interne et sérieuse de leur parti. Lorsque le PS aura réformé sa structure, repensé et modernisé ses politiques, ouvert son « membership » et élu un chef crédible, il sera temps de donner à cet important renouvellement le nom qui l’identifie le mieux.

Si le Parti Socialiste français persiste dans sa voie actuelle, il est foutu. S’il écoute ses jeunes membres, réagit intelligemment et redevient dynamique, il ramènera les brebis égarées au bercail et aura une chance sérieuse de devenir un concurrent valable pour reconquérir la présidence française.

Claude Dupras

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