La chef du Parti Québécois, Pauline Marois, vient de prendre une décision qu’elle regrettera sûrement. Dès le début de la présente élection, elle et ses stratèges avaient décidé de ne pas parler de souveraineté durant la campagne électorale parce que le sujet n’était pas populaire et que la question économique dépassait de beaucoup toutes les autres. Mais, surprise, voilà qu’au « débat des chefs » Pauline Marois a décidé d’aborder soudainement le sujet, en affirmant que la séparation du Québec du Canada était le remède à tous les maux actuels et futurs des Québécoises et Québécois.
Au lendemain du débat, en réponse aux questions des journalistes, elle a nié avoir relégué aux oubliettes le sujet de la séparation du Québec et omis volontairement d’en parler depuis le début de la campagne électorale. Cela n’est pas exact et tout le monde le sait. Pourquoi a-t-elle changé de stratégie ? Est-ce parce qu’elle traîne de 10-13 points dans les sondages derrière le PM Jean Charest ? Est-ce parce que le parti libéral se dirige vers une majorité de députés à la prochaine assemblée nationale du Québec ? La réponse est évidente : sa stratégie originale ne fonctionnant pas, elle la change pour une nouvelle.
Pauline Marois revient donc au sujet qui est la raison d’être du Parti Québécois : la séparation du Québec de l’ensemble canadien afin que notre province devienne un pays et puisse exercer une souveraineté totale sur son territoire. Elle se sentira mieux ainsi car elle y croit sincèrement. Elle fera une meilleure campagne électorale, sera plus naturelle et plus efficace. Elle revigorera ses troupes qui n’aimaient pas l’allure de sa campagne à ce jour. Elle rassemblera les « purs et durs » qui la critiquaient. Pour les séparatistes, c’est enivrant. Et dire qu’elle a créé un précédent dans l’histoire du Parti Québécois en refusant d’accepter, pour cette élection, la candidature d’un ancien député à la mise en nomination de son comté parce qu’il voulait à tout prix parler de séparatisme.
Le malheur pour elle c’est que 70% des Québécois ne veulent pas de la séparation. Face au tsunami mondial qui engloutira l’économie québécoise durant au moins les deux prochaines années, ils savent que le temps n’est pas au changement radical que propose Pauline Marois. Au contraire, ils veulent que les gouvernements fédéral et provinciaux du pays s’unissent pour les aider à traverser la tempête. Ils veulent travailler et maintenir leur mode de vie.
En rouvrant le débat constitutionnel, Pauline Marois trouvera un Jean Charest redynamisé sur son chemin. Alors que ce dernier était dans la position d’un PM sortant-de-charge sur la défensive pour refuter les accusations et les insinuations venant de toutes parts, voilà que Pauline Marois et le parti Québécois lui offrent une belle opportunité. Il expliquera que ceux-ci ne comprennent rien aux problèmes réels de leurs compatriotes québécois puisque qu’ils proposent une solution radicale et irréaliste au moment le moins opportun économiquement de l’histoire moderne du Québec.
Lors du débat, au lieu d’expliquer clairement son programme politique et de critiquer objectivement le gouvernement Charest, elle a passé son temps à lancer des phrases chocs qui ne voulaient, en fait, rien dire : « Moi, je respecte mes promesses », répétait-elle à outrance, « Il (en parlant de Charest) dit n’importe quoi » lorsqu’elle ne pouvait le contredire. En plus, elle a ouvert toute grande la porte au débat constitutionnel et à la séparation du Québec et démontré qu’elle ne comprend pas l’envergure de la crise économique mondiale qui aura pour effet de réduire appréciablement la qualité de vie des Québécois et Québécoises. Elle vient de mettre fin à tous ses espoirs de gagner la présente élection.
Claude Dupras
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