Les Québécois pensent que l’enjeu de l’élection générale du 8 décembre prochain est la santé et les services médicaux du Québec. Il est vrai que depuis plusieurs décennies ça va mal de ce côté-là. Attentes de 6-8 heures dans les salles d’urgence des hôpitaux, difficultés pour plusieurs d’avoir un médecin de famille ou de consulter un spécialiste, salles d’opération fermées… Certes, il y a eu des améliorations, mais le problème demeure entier.
La diminution radicale du nombre d’infirmières et de médecins, la fermeture de classes des écoles infirmières et l’imposition de quotas à la baisse imposés aux facultés de médecine, au début des années 2000, se fait encore sentir. Ce ne sont pas les facilités hospitalières qui sont inadéquates, c’est le manque de personnel médical compétent pour prendre soin de nous qui fait que le Québec souffre toujours du manque de services normaux.
Cependant, ce que les Québécois doivent réaliser, c’est que l’enjeu réel de cette élection n’est pas le problème de la santé, mais, et de beaucoup, la crise économique qui est arrivée. Oui, elle est là ! Je le répète car je suis abasourdi de constater que tant de Québécois et Québécoises ne réalisent pas que la situation est grave même si un très grand nombre d’entre eux ont vu fondre l’argent de leur régime de retraite à cause de la baisse des Bourses.
Contrairement à ce qui se passe aux USA ou dans d’autres provinces canadiennes, j’ai l’impression qu’ici les consommateurs se sentent immunisés au danger et à la menace du tsunami économique qui s’élève à l’horizon. En effet, peu d’habitudes changent malgré que tout commence à s’écrouler autour de nous : les loyers augmentent encore, le prix des maisons se maintient, augmente même à certains endroits car il y a encore des acheteurs; les ventes d’autos neuves ont augmenté; l’emploi a même crû légèrement en octobre, le prix des aliments croît, etc. Nous vivons dans une bulle qui de toute évidence est irréelle et qui nous éclatera en plein visage. Il est temps que nous enlevions nos lunettes fumées.
Malgré que le dollar canadien ait été déprécié par rapport à l’US dollar, que le prix du pétrole ait diminué de la moitié et que le taux d’inflation ait baissé, nos manufacturiers dans presque tous les domaines voient leur carnet de commande s’assécher car les Américains n’achètent plus à cause de la grave crise économique qui les frappe de plein fouet. L’effet se ressent à Montréal mais il s’est surtout fortement accentué en région. Des mises à pieds sont de plus en plus annoncées. Aux 130,000 jobs déjà perdus dans le domaine manufacturier au Québec s’en ajoutent tous les jours de nouvelles centaines. De plus, un nombre important de commerçants qui desservaient les familles de ces travailleurs remercient un gros pourcentage de leur personnel et envisagent sérieusement de fermer leur entreprise.
La chute des prix de nos ressources naturelles, minerais et bois, est étourdissante et c’est à se demander si quelques compagnies exploitantes ne feront pas simplement faillite. En tout cas, l’effondrement de la valeur de leurs titres à la bourse n’est pas rassurant. Et si l’inflation continue sa descente, les économistes nous annoncent une diminution de la production qui se traduirait par davantage de mise-à-pieds. Il semble que nous soyons coincés de tous les côtés.
Le PM Charest a justifié le déclenchement de cette élection en invoquant les menaces de la crise économique et l’importance d’avoir les bonnes personnes à la tête de notre gouvernement pour y faire face. Malheureusement, depuis le début de la campagne électorale, Charest et surtout les autres chefs, parlent peu de cet important objectif initial. Profitant de l’indifférence des électeurs, ils se plaisent, tour à tour, à nous embêter avec des détails de petite politique mesquine. Cela doit cesser car cette élection, dans les circonstances mondiales actuelles, devient très importante pour nous. Il est temps que nous nous réveillions tous et réalisions vers quoi nous nous dirigeons.
Même le PM canadien Harper vient de se réveiller. Après nous avoir endormis durant la dernière campagne électorale fédérale en nous berçant pour nous faire croire que le Canada n’était pas en danger malgré le déferlement de la crise économique américaine, voilà qu’hier il a admis que le pays se dirige directement et rapidement vers une récession, qu’elle durera longtemps et que s’il n’agit pas vite, il est possible qu’elle se transforme en dépression. Et çà, ce n’est pas drôle pour personne !
Alors, Québécois et Québécoises, ressaisissons-nous et réfléchissons au réel enjeu de la présente campagne électorale. Oui, la qualité des soins de santé est importante, mais la survie économique de notre milieu est primordiale à ce moment-ci.
La vraie question que nous nous devons de nous poser pour l’élection du 8 décembre prochain est « qui est le meilleur timonier pour faire naviguer le Québec dans les eaux troubles de la crise économique que nous traverserons ? » Et en corollaire, « quelle est la meilleure équipe pour remplir toutes les tâches ministérielles et faire les efforts nécessaires pour bien appuyer notre capitaine ? » Ce n’est pas le temps des considérations partisanes ou idéologiques. Ce qui compte, c’est que nous mettions tous la main à la pâte et que nous soyons bien gouvernés. Comme dans les grands moments de l’histoire du Québec, notre solidarité devient capitale car les prochaines années ne seront pas faciles pour nos familles, nos ainés, et l’avenir de nos enfants dépend de ce que nous ferons aujourd’hui.
Claude Dupras
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1 commentaire:
La politique du Québec tourne autour de plusieurs enjeux de politique publiques et le politologue Benoit Lapierre peut vous permettre de vous instruire sur la politique québécoise et vous aider à faire entendre vos points sur la scène publique.
Prenez une bonne formation politique pour réussir vos objectifs et apprendre à faire la différence.
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