Une
question dont on ne peut parler en période électorale est bien celle du système
de la Gestion de l’offre qui a été mis-en-place pour protéger les revenus des producteurs
de lait, de poulet, de dindon et d’œufs. On vient de le constater clairement suite
à la position du président Trump qui cherche à l’abolir via ses négociations de
l’Alena et à la vive réaction de nos chefs politiques au Québec comme au
Canada.
Il n’y
a pas un parti ou un politicien qui osera donner une opinion autre que
favorable à cette politique nationale, s’il veut se faire élire, car le lobby
des producteurs est trop fort et un grand nombre de comtés électoraux en
bénéficie. Le seul qui a bravé par principe et sans crainte est le député
conservateur de la Beauce, Maxime Bernier, et il en a payé les frais puisqu’il n’a
pu devenir chef de son parti dû à la révolte des cultivateurs conservateurs
québécois et autres qui l’ont opposé subtilement durant la course au leadership.
Le
Canada est le seul pays au monde (depuis 7 ans) qui maintient une politique de
gestion de l’offre pour protéger ses producteurs et le Québec qui produit 44%
des quotas canadiens est évidemment le plus grand défenseur de cette politique.
Nos
gouvernements favorisent cette méthode puisqu’elle est un mécanisme qui assure
les revenus aux producteurs sans qu’ils aient l’obligation d’accorder des subventions
comme aux USA et dans d’autres pays du monde. De plus, elle contribue à la
richesse de plusieurs de nos villages québécois où œuvrent 7 000 producteurs
à haut revenu. Cela n’est pas un argument négligeable au point de vue de la qualité
de vie de ces villageois.
Les
pénalisés, ce sont nous qui payons. Sans gestion de l’offre, les prix aux
consommateurs seraient de beaucoup moins élevés. Par exemple, le lait se vend
aux USA 1,12 $CDN le litre alors qu’il est 1,50 $CDN le litre chez nous. On
peut comprendre aussi que les gens à faible revenu sont grandement défavorisés
par ce système de contrôle des prix par les producteurs.
Avec la
gestion de l’offre, les supers fromages français nous étaient inaccessibles.
Mais les Européens ont décelé une faille dans le système en rapport avec l’exportation
de leurs fromages au Canada. Elle a été reconnue et maintenant nous pouvons
déguster les fromages français puisque l’importation de 16 000 tonnes a
été autorisée. Sur le champ, Ottawa a annoncé une subvention de 4 milliards aux
producteurs canadiens de fromage pour compenser la baisse de leurs ventes.
L’importation
d’une certaine quantité de produits agricoles de producteurs étrangers est
acceptée mais pour protéger les hauts prix générés par la gestion de l’offre, de
fortes pénalités douanières s’appliquent. Ces surtaxes varient de 150% pour le
dindon à 300% pour le beurre, le fromage et le yogourt. Ce sont ces
pourcentages très élevés que dénonce le président américain Trump pour attaquer
le Canada si durement ces jours-ci.
L’argument
principal des producteurs canadiens est que la gestion de l’offre assure un
revenu décent aux agriculteurs et qu’ils sont essentiels, par la qualité de
leur production, à la qualité de vie des Canadiens.
La
méthode de la gestion de l’offre est-elle défendable ? Une telle ingérence
déloyale des gouvernements canadiens dans un secteur économique de la première
importance doit-il être maintenue alors que tous les pays du monde l’ont
rejetée ? Est-ce raisonnable de tolérer qu’un tel monopole aille à l’encontre
du libre-échange mondial ? Est-ce acceptable que ce système défavorise les
moins nantis de notre société pour les produits essentiels à leur vie ? Est-ce
qu’un système de subventions gouvernementales ne serait pas finalement plus
équitable que la gestion de l’offre ?
Avec
les prix des produits des grandes épiceries qui grimpent à une vitesse
vertigineuse, n’est-il pas temps que l’on cherche à les stabiliser ?
Claude
Dupras
1 commentaire:
Gestion de l'offre. De nouveau domination de la majorité (silencieuse) par une minorité bruyante et plus ou moins efficace. Pourquoi le producteur moyen tenterait-il de s'améliorer puisque son revenu de base est assuré. En principe je suis contre toute aide permanente à la production de quelque bien ou service.
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