C’est par
dizaines de milliers que nous les voyons traverser la Méditerranée avec leurs
enfants, à leurs risques et périls, dans des embarcations fragiles après avoir
payé un gros prix à des bandits qui leur ont promis mer et monde et être assurés
qu’ils seraient protégés alors, qu’en réalité, ils se foutent d’eux et les
laissent le plus vite possible à leur misère et plusieurs à leur mort, dès que
la mer fait des siennes.
Hier, les
réfugiés arrivaient de l’Afrique noire. Ces jours-ci, ils arrivent en trombe de
la Syrie, d’Iran et d’Irak. Près de 40 000 sont entrés en Allemagne après
avoir traversé tout le territoire européen à partir des rives de la mer en
Grèce, en Italie ou ailleurs.
Le
gouvernement allemand n’a pas attendu que les pays d’Europe se décident sur le
sort de ces individus. Ce pays qui, plus que d’autres, met l’accent sur le
respect de l’État de droit et sur les valeurs fondamentales, a ouvert tout
grand ses frontières et ses bras pour les accueillir et a fixé à 800 000
le nombre de réfugiés qu’il est prêt à intégrer. Les Allemands les ont même
applaudis en les voyant entrer dans leur pays. C’est typique de ce peuple
germanique dont les actions passées d’intégration de nouveaux-venus ont toujours
été bien organisées et remarquables.
Les nouveaux
arrivants seront dirigés vers des centres d’enregistrements installés dans des tentes
temporaires pour y être recensés. Des interprètes sont sur place pour les aider à remplir les procédures qui
sont sous la surveillance de la police fédérale pour assurer la sécurité
nationale. Ensuite, on leur distribue vivres et vêtements. Puis, dans les jours
suivants, vitement, ils sont dirigés en régions en nombre déterminé proportionnellement
par la population de chacune de ces dernières.
Partout, ces
régions sont prêtes à leur trouver logements, nourriture, soins et tout ce qui
est nécessaire pour assurer leur bien-être immédiat. Dès les premiers jours,
elles placent les enfants dans des écoles. De plus, et c’est fort remarquable,
elles organisent, pour tous, des cours accélérés de langue allemande afin de
faciliter leur intégration. Elles cherchent du travail selon, si possible, les
qualifications de chacun. Ces réfugiés sont généralement bien instruits, ont un
bon métier ou une profession et veulent travailler. C’est ainsi qu’un État responsable
doit agir envers des gens dans le besoin qui doivent, pour leur sécurité et
celle de leur famille, quitter subitement leur pays et qui désirent s’installer
ailleurs, temporairement ou de façon permanente.
Pendant ce
temps-là, le gouvernement canadien entrebâille à peine ses portes pour n’y
laisser passer que quelques milliers de nouveaux arrivants par année, malgré le
potentiel de gain appréciable qui découle de la venue d’étrangers dans notre
pays. Les allemands ont su reconnaître dans les Syriens, des gens brillants, bien
éduqués, entreprenants, travaillants et avec du cœur. Ceux, comme moi, qui ont
eu l’opportunité de connaître, d’être amis et de travailler avec nos compatriotes
d’origine syrienne, le savent. C’est sûrement la même chose pour les Iraniens,
et les Irakiens.
La décision
de l’Allemagne est motivée d’abord par sa démographie décroissante et les
besoins de travailleurs et d’ingénieurs de son industrie. Cependant, ce ne sont
pas des travailleurs-invités pour une période de temps définie, comme elle l’a
fait dans le passé avec les Turcs, mais des immigrés invités à rester avec leur
famille de façon permanente pour devenir allemands. Elle voit dans les nouveaux
venus le maintien du niveau de sa main d’œuvre, de sa croissance et la
continuation du développement de son économie. Ce serait ainsi, pour la même
raison, au Canada et au Québec. D’ailleurs tout indique que le PM québécois
Philippe Couillard le sait, puisqu’il a offert de recevoir 10 000 réfugies
syriens, tout de suite.
Pour se
convaincre de la véracité d’une telle affirmation, on n’a qu’à se rappeler le passé
lors de la venue des 50 000 boatpeoples
vietnamiens au Canada et au Québec. De même de celle des 37 000 hongrois
et des 11 000 tchèques. Ils étaient pauvres mais éduqués, dynamiques, plein
d’initiatives et ils se sont bien intégrés. Ils sont devenus de bons citoyens et
un actif constant de développement économique pour le Québec et le Canada. Ce
fut ainsi aussi pour les milliers d’individus d’une centaine de nationalités
différentes qui vivent dans le Grand Montréal.
Malheureusement,
une partie de notre population s’oppose à recevoir les réfugiés syriens pour la
raison qu’ils sont en majorité de religion musulmane. Ce sentiment de rejet a
pris racine lors du débat sur la Charte québécoise des valeurs et sur le port
du voile. Suite à tout ce qui s’est dit de négatif à la Commission, rapporté
dans nos médias, mal répété, mêlé, tordu, déformé, amplifié et répandu de
bouche à oreille, un profond mal a été créé nonobstant que la Charte n’ait pas
été adoptée. Il reste à le déraciner.
C’est
similaire à la position du Front National en France. Ce parti d’extrême droite
est antimusulman. Il l’affiche tout haut et refuse tout nouveau réfugié de
cette religion en France, comme l’a encore répété sa cheffe Marine Le Pen lors
du weekend dernier à l’université d’été du parti.
Cela
explique le sentiment négatif de plusieurs de nos compatriotes envers la
religion musulmane, ses imans et les musulmans. Mais cela ne peut durer car ça
va à l’encontre du bon sens, de la vérité et de la liberté. Qu’on aime ou non
le voile, le fait demeure que la religion musulmane est une religion comme les
autres dans laquelle des milliards de personnes ont foi. Celle-ci est la
croyance dans un être supérieur et la religion, le moyen de le prier. Ceux qui
n’y croient pas, ont le droit de penser comme ils le veulent mais la foi est un
attribut de l’homme qui se doit d’être respecté et cela me semble indiscutable.
Il existe des
musulmans de toutes nationalités. Ils sont, par exemple, des centaines de
millions en Asie (Indonésie, Philippines, …), en Afrique (Maghreb, Arabie…). Ce
sont des gens intelligents, éduqués, entreprenants... comme l’indique
clairement leur lointain passé. J’ai eu le privilège de travailler
professionnellement dans des pays musulmans africain et j’ai appris à les
connaître, à rencontrer leurs familles, à être inviter à leurs fêtes et à en
faire des amis. J’ai été pour quelques-uns leur parrain lors de leur venue à
Montréal. Ce sont des gens de bonne famille qui veulent travailler pour gagner
leur vie honnêtement. Ce sont des gens bien qui ont du potentiel. Il faut
cesser de les diaboliser et mettre fin à cette injustice.
Nous nous
devons d’aider les réfugiés de tous pays quelles que soient leur couleur, leur
religion. Pour l’humain, c’est un geste naturel que d’aider ceux qui sont en
détresse. Certains diront obligatoire, et je suis d’accord ! De plus, c’est notre
tradition et il n’y a pas de bonnes raisons pour la discontinuer. Nous avons
aussi, dans le présent, besoin d’eux pour contribuer à la croissance de notre
économie. Voilà pourquoi, je suis triste de voir la France se laisser banaliser
par des sentiments irraisonnables basés sur la peur et de constater la même
chose au Québec à cause d’une crainte injustifiée.
Le Canada est
un pays de réfugiés. Ceux qui y sont venus, l’ont fait pour avoir une meilleure
vie. Ils ont réussi, se sont intégrés dans notre société et y ont apporté leur
soutien humain, économique et fraternel. Tous ces néo-québécois-canadiens sont
un atout pour notre société.
Avec la
grandeur de notre pays, ses richesses, son potentiel et sa relative petite
population, il y a de la place et une espérance de bonne vie pour beaucoup de
personnes.
Les
Nations-Unies estiment que les réfugiés syriens seront plus d’un million au
cours des cinq prochaines années. Et il y a ceux de tous les autres pays… Nous entrons dans une période de transfert de
population jamais vu.
N’hésitons
pas à accueillir les réfugiés et préparons-les à bien s’intégrer chez nous en
prenant l’Allemagne comme modèle.
Que le
gouvernement canadien bouge !
Claude
Dupras
6 commentaires:
Magnifique papier, que je partage et endosse sans réserve. Bravo !
DANS VOTRE BLOG, VOUS SEMBLEZ OUBLIER LE TRES GRAND NOMBRE INTÉGRISTES <plusieurs millions ) qui veulent changer nos lois avant même d'être reçu CANADIENS.....et il y a aussi c'est migres n Macédoine qui refusèrent la nourriture de la crois rouge, par ce qu'elle n'est pas halal...!
Je trouve que vous êtes un peu trop intellectuel et rêveurs et pas assez réaliste. Vous devriez peut-être suivre les conseils du cardinal de l'Irak et penser à protéger la Chrétiens qui ce fonds massacres par les intégristes musulmans.
Vous semblez oublier aussi que les riches pays arable ne semble pas très intéressé a ouvrir leurs pays et leurs bouses pour aider leurs frères musulmans......,
André G.
Merci pour votre e-mail. Il contient beaucoup de vrai.
J'ai bien dit que la police allemande voit à s'assurer que les procédures d'entrée au pays tiennent compte de la sécurité nationale. C'est certains qu'il y a dans le lot de mauvaises pommes. Il y en a dans notre propre société et non seulement des extrémistes. Mais si nos villes étaient bombardées sans cesse telle Alep, par exemple, le peuple voudrait partir et ils comprendraient des mécréants de toutes sortes. Mais il ne faudrait pas que cela empêche le départ, entre autres, des femmes et enfants qui sont tous en danger de mort. Et il y a l'Afrique noire. Il ne faudrait pas que la crainte des extrémistes ou la couleur de peau nous empêchent de sauver des milliers de vie.
Je vis en France 4 mois par an et je constate la peur chez plusieurs individus surtout depuis les récents attentats. Et c'est pourquoi Marine LePen est populaire chez plusieurs. Son problème est qu'elle n'a pas de solution pour ceux qui souffrent ailleurs et comme une petite politicienne joue sur la peur de l'autre.
Ce n'est pas un problème facile à résoudre mais dire NON ou entrebâiller les portes ne sont pas des solutions, à mon avis.
Que feriez-vous?
Cordialement
Claude Dupras
D’accord mon ami mais je ne suis pas confortable avec la philosophie de base de l’Islam,( Wahabite en particulier) incompatible avec le meilleur de note société : après lecture sérieuse.
J’ai également eu un associé égyptien pendant des années.
Prêt à en parler
A++
M
M.
Je te comprends mais je crois que nous en sommes rendus au point de non retour et que nous ne pouvons pas les refuser. Une question d'humanité.
Claude
Félicitation monsieur Dupras
Un excellent texte que je vous encourage a faire traduire en arabe afin qu'il soit publier aussitot que possible dans les médias de pays comme le Quatar ,aux Emiras Arabes Unies , au koweit ,en Arabie Saoudite
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