On parle beaucoup à Montréal du retour possible de notre club de baseball « Les Expos ».
Revenons à 1967, lorsque la Ville de Montréal fait les démarches en vue de l’obtention d’une franchise de la Ligue Majeure de Baseball. Elle trouve un preneur en Charles Bronfman. Montréal est choisie en 1968.
Pour le loger, Montréal n’a, à ce moment-là, que
le vieux stade Delorimier en décrépitude et celui de l’Autostade de l’Expo 67,
qui n’a pas la configuration d’un stade de baseball. Il y a aussi un petit stade
existant au parc Jarry. La ville le choisit, le modifie et l’agrandit pour accueillir
notre nouveau club que le maire Jean Drapeau nomme « les Expos de
Montréal». La joute d’ouverture a lieu 14 avril 1969.
Montréal est une ville de baseball. Elle a une
équipe professionnelle depuis 1897, les Royaux de Montréal, sauf pour une
interruption de 1917 à 1928. De 1939 à 1960, l’équipe est le club-école des
Dodgers de Brooklyn de la ligue Nationale. De grands joueurs noirs dont Jackie
Robinson, Don Newcombe, Roy Campanella, Roberto Clémente y jouent en attendant que
les autorités des ligues majeures acceptent la venue de joueurs de couleur. Rejetés,
ils se sentent bien à Montréal car il n’y a pas de ségrégation raciale. Les
Montréalais sont gâtés d’avoir de si grands joueurs dans l’équipe de leur ville.
Ils sont solidaires de leur cause, de leur bataille et en font la leur. Finalement,
la barrière anti-noirs des ligues majeures est brisée par le propriétaire des
Dodgers, Branch Rickey, qui les intègre dans le grand club. Les Montréalais
sont heureux. Le problème de ségrégation les a marqués profondément et leur
réaction positive a fait en sorte que le baseball est devenu pour eux plus qu’un
jeu. C’est une mission réussie qui fera partie dorénavant de leur ADN, comme
dit le maire Coderre.
En 1960, les Royaux quittent Montréal suite à
une décision de la direction des Dodgers qui a déménagé son équipe à Los
Angeles dans l’Ouest américain et qui veut que son club-école soit à proximité.
Heureusement, en 1968, les Montréalais héritent d’un nouveau club de baseball
professionnel grâce à une expansion de la Ligue Nationale. Deux nouveaux clubs sont
ajoutés, Montréal et San Diego. Et là, tout devient fantasmagorique. Les
Montréalais rêvent. Le stade Jarry accueille, souventes fois, 30 000
spectateurs. Certains jours, il y a de la neige, du temps froid et venteux, de la
pluie. Rien n’arrête les amateurs dont certains qui se présentent en costume de
motoneigiste. Mais l’assistance est directement liée aux victoires des Expos et
au climat. En 1976, ils connaissent une année de misère et la moyenne de
spectateurs fléchit à 7 084 spectateurs par match.
Puis les JO de 1976 obligent Montréal à
construire un stade olympique. Il est conçu aussi pour tenir compte des besoins
de divers sports, dont le baseball. Il aura un toit ouvrant, à partir de 1989. En
1977, les Expos y élisent domicile et le match d’ouverture est joué devant 57 000
spectateurs. Avec les années, les Montréalais apprécient les grandes vedettes
du club : Carter, Dawson, Rodgers, Raines, Cromartie… En 1983, les expos
attirent 2,320,000 spectateurs pour une moyenne de 28 641 par match. Super !
Par contre, 1989 déçoit malgré tous les
efforts de Bronfman pour gagner un championnat. Il est découragé et, en 1991, vend
le club à un consortium de Montréalais sous la direction de Claude Brochu. Mais
la malchance les attend. La toile du stade se déchire, une poutre du stade s’effondre
et le club doit jouer ses 13 derniers matchs locaux à l’extérieur. L’équipe subit
91 défaites et l’assistance, pour la première fois, tombe sous le million de
spectateurs (moins de 12 300 par match).
Heureusement, en 1993, avec un nouveau
gérant, Felipe Alou, le club remporte 94 victoires et acquiert le lanceur
vedette Pedro Martinez. Puis en 1994, grimpe en 1ère place avec une avance de 6
parties lorsqu’une grève, déclenchée le 12 août par l’Association des joueurs,
vient mettre fin aux espoirs des Montréalais de voir leurs Expos accéder pour
une première fois aux séries éliminatoires et fort probablement à la série
mondiale. Le conflit prend fin le 31 mars 1995.
Brochu a des problèmes financiers et blâme le
stade olympique pour ses déboires. Il se débarrasse des vedettes de 1994. Le
club est dernier en 1995. Mais 1996 est meilleure et Brochu annonce son
intention de construire un nouveau stade au centre-ville de Montréal. Le
gouvernement québécois refuse d’y participer financièrement, avec raison. Pendant
ce temps, une nouvelle vedette émerge, c’est Vladimir Guerrero qui fait rêver
les partisans. Puis Brochu se voit forcer par les actionnaires de quitter la
direction du club.
En 1999, l’assistance chute à 750 000
spectateurs pour une moyenne de 9 260 par match, malgré une saison
extraordinaire de Guerrero. Puis, un américain Jeffrey Loria, devient le
nouveau commandité et l’espoir revient. Mais rien ne fonctionne en 2000 :
absence de contrats de télédiffusion et de radiodiffusion anglophone,
assistance décevante, blessures aux joueurs-clé, dollar canadien à la baisse… Pourtant,
Guerrero joue de façon extraordinaire.
En 2001, le grand coach Felipe Alou est
remercié de ses services et l’assistance s’écroule à 642,748 spectateurs. En
2002, avec 39 circuits et 40 buts volés, Guerrero entraine son équipe qui
remporte 83 victoires. Malheureusement, les Montréalais écœurés par Brochu ne
répondent plus. En 2003, les Expos se voient forcer de jouer 22 parties locales
à Puerto Rico pour renflouer leur caisse.
En 2004, la Ligue annonce le déménagement de
la franchise des Expos à Washington. 31 395 amateurs sont au dernier match
le 29 septembre.
Au total, durant 35 ans, les Expos n’ont
jamais remporté le championnat. Près de 49 millions de spectateurs ont assisté
à leurs matchs, soit une moyenne de 1,4 millions par année pour 17,283 par
match.
Aujourd’hui, moins de 11 ans après leur
départ, les Montréalais nostalgiques veulent leur retour. A lire l’histoire que
je viens de raconter, est-ce réaliste ?
Une chose est certaine. Les nouveaux
propriétaires devront avoir des poches profondes. Les 87 années de l’histoire
du baseball à Montréal nous enseignent qu’ils doivent avoir de telles poches,
car les années grasses sont régulièrement suivies d’années maigres. Bronfman soutenait
économiquement son équipe contre vents et marées. Le groupe de Brochu, avec ses
multi-millionnaires francophones, se disait incapable. Ceux qui moussent l’idée
d’un retour des Expos aujourd’hui, sont-ils du genre Bronfman ? Je
l’espère. Sinon, nous nous retrouverons dans quelques années dans la même
position qu’en 2004.
Ces événements surviennent alors que le
nouveau commissaire du baseball, Rob Manfred, a déclaré, plus tôt cette
semaine, que si Montréal voulait un jour accueillir une équipe du baseball
majeur, il lui faudrait se doter d’un nouveau stade. Quelle condition farfelue !
C’est comme s’il ne sait pas que le stade Olympique existe. Le maire Coderre et
d’autres disent comme lui. Ils semblent tous avoir été endoctrinés par Brochu. C’est
une erreur.
Si une telle proposition se concrétise, j’espère
que les gouvernements canadiens, québécois et la ville de Montréal ne contribueront
pas directement ou indirectement à la construction d’un tel stade.
Un nouveau stade doit être couvert. Il coûtera
cher et cela se répercutera sur les coûts des billets qui déjà aujourd’hui sont
très chers. Donc, le père de famille qui voudra amener sa femme et ses enfants à
une partie de baseball devra payer un coût total très élevé à Montréal. C’est
un facteur important à considérer si on veut avoir du monde au Stade. En 1969,
le prix était de $ 5. En 2004, il était de $ 40. Aujourd’hui à Toronto il est
de $ 70. Que sera-t-il-en 2018 ?
Lorsque l’assistance diminua au parc Jarry on
blâma le stade non couvert. En 2004, on blâma
la grandeur du stade olympique. Chaque enceinte a connu ses jours de gloire et
ses jours de honte. Ce n’est pas une
question de stade, mais celle de présenter, en tout temps, toujours la meilleure
équipe possible. Sans détour.
Le stade olympique est un endroit vivant. Il
répond à tous les critères. On y est confortable. Des travaux ont été faits
durant les années 90 pour rapprocher le marbre des spectateurs. Deux stations
de métro le desservent, son parking à une capacité de milliers d’autos, sa
situation au centre de l’île de Montréal le rend facilement accessible. Il a
été bien pensé. Il est couvert. Il faut cesser de le vitupérer malicieusement pour
justifier la construction d’un nouveau stade. Ça fera !
Le stade Olympique a coûté cher aux payeurs
de taxes et continue à coûter cher. Il faut augmenter son taux d’occupation
afin d’aider à son financement. 81 parties des Expos dans une année, c’est
beaucoup de jours occupés. Ils doivent jouer dans le Stade olympique.
Claude Dupras
11 commentaires:
Je partage tellement votre idée sujet du stade !
Je n'en peux plus de voir nos dirigeants nous endetter indéfiniment, et vouloir ensuite équilibrer les budgets, sur le dos du pauvre monde.
Par exemple, vouloir construire un nouveau stade, alors que nous en avons déjà un !
J'en ai assez aussi de voir les salaires et les primes de séparations de nos députés ou ministres, tant provinciaux que fédéraux.
Surtout les fameuses primes de séparation qui sont sensées exister pour aider des députés non-réélus à se réorienter.
EXEMPLE:
Madame Jérome-Forget qui décide de prendre sa retraite (donc pas question de se chercher un emploi et de regarder les mois passer...) et à qui on paie cette fameuse prime.
AUTRE EXEMPLE: Des personnes qui se font élire et qui quittent après quelques mois... pour une autre carrière déjà emploi déjà choisi.
DERNIER EXEMPLE: Des personnes qui poursuivent une carrière politique, mais qui changent de parti politique ou qui changent pour aller au fédéral....
JE N'EN PEUX PLUS ! Si j'avais vingt ans, je changerais de pays !
ET JE POURRAIS EN RAJOUTER...
LL
Bravo mon cher
Je suis parfaitement d’accord qu’on doit utiliser le stade actuel.
Je comprends mal cette phobie de craindre d’utiliser notre stade.
Salut et bonne journée
Gérard
Pas de nouveau stade,pas de baseball
J-Guy
Les Montréalais ont abandonné leur équipe de Baseball.onc quand on dit qu'ils aiment le baseball,pas sur.Peut-être qu'ils aiment le baseball a condition de gagner.Les partisans des nordiques n'ont jamais abandonné leur équipe comme les partisans des expos l'ont fait
J-Guy B
Jonquière
Salut,
Merci pour ce retour sur l’histoire du baseball à Montréal. Je croyais tout savoir mais je viens de recevoir une magistrale leçon d’histoire. Sur le fond, je partage ton opinion. Pour les chiffres sur la popularité de l’équipe c’est très éloquent. Il fallait des proches profondes autrefois et il en faudrait encore plus pour l’avenir. Mais je ne vois personnellement aucune option pour celle-là. Enfin nous verrons. Bronfman a tenu le cap mais il ne faut pas oublier qu’il a vendu l’équipe pour 100 M alors qu’il avait déboursé quelques millions pour l’avoir (7 je crois). Brochu est sorti de l’aventure en s’enrichissant, il avait débuté sans mettre rien, il était un employé de Bronfman. Enfin du fling flang d’argent comme nous en avons vu pour les autres sports incluant le hockey à Québec. J’aime bien notre maire actuel mais son amour du baseball m’inquiète sérieusement. Cet acharnement à vilipender le stade que nous avons est un curieux phénomène. Mon père était un fan fini des Expos, il avait même déménagé au Village olympique pour sa proximité, du moins c’est que j’ai toujours pensé. Il se pointait à pied pour la plupart des parties, toujours au niveau 500 avec d’autres mordus de son espèce. Il adorait le stade. Il en avait vu d’autres ( à NY entres autres) et il me jurait que nous n’avions rien à envier à personne.
Ciao amigo
Claude,
Tu as bien raison au sujet du stade,
Denise
Vraiment tripant comme article. Merci monsieur l'historien !
Michel D.
Bravo pour le contenu de l'article,mais je ne crois vraiment pas au retour des expos.C'est une belle histoire mais......
On va tu se faire avoir encore vous pensez? L'Histoire bégaye et on a même pas identifié le syndrome encore! :O
L'Histoire bégaye certain! ... Du pain et des jeux alors que l'Empire s'effondre et les peuples en subissent les dommages collatéraux.
votre texte commence bien mais fini mal...
le stade olympique ne correspond absolument plus au standard du baseball majeur. la preuve a été pourtant plus que fait.
heureusement que les maires modernes Labeaume et coderre ont compris le phénomene.
ils existent des moyens pas choquantes du tout pour le contribuable pour financer un stade digne des majeures, ce que nous avons jamais eux.
-les impots des joueurs
- taxes aux touristes étrangers sur les chambres d'hotel et voiture de location
- les investisseurs étrangers
bref un peu de créativité.
est-il plus logique d'investir plus de 500 millions (toit et structure) pour un stade la plupart du temps vide?
gilbert pelletier.
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