lundi 12 janvier 2015

Le PM Couillard et la légitimité

Au Québec, les séparatistes prétendent que le premier ministre Philippe Couillard n’a pas la légitimité démocratique pour entreprendre les profondes transformations qu’il a entreprises pour assainir les dépenses publiques. Ils estiment cette légitimité sur la base des suffrages que son parti a obtenus à l’élection qui l’a porté au pouvoir par rapport au nombre d’électeurs inscrits sur les listes électorales. Et cela, même si son parti a remporté une forte majorité parlementaire et que le gouvernement sortant-de-charge du parti Québécois (PQ) a subi sa pire défaite depuis des décennies, venant même près de perdre le rôle de l’opposition officielle à l’Assemblée Nationale aux mains du parti Coalition Avenir Québec (CAQ). Ils prétendent que le PM ne peut agir comme il le fait car son parti n’a obtenu que 41,52% des voix alors que seulement 71,44% de l’électorat a voté. En réalité, ils calculent en multipliant les deux pourcentages pour affirmer que le PLQ n’a obtenu que 29,6% du nombre d’électeurs inscrits sur la liste électorale. Donc, pour eux, il n’a pas l’appui d’une majorité réelle de la population et, par conséquent, pas de légitimité pour entreprendre ses réformes importantes.   

Si on accepte ce raisonnement, on doit reconnaître qu’aucun parti politique ou chef québécois du passé n’a eu la légitimité d’entreprendre de grandes réformes, car aucun n’a obtenu une telle majorité. Par exemple, en 1960, Jean Lesage a pris le pouvoir en ne remportant que 41,95% du nombre d’électeurs inscrits. Pour l’élection de 1962, celle de la nationalisation de l’électricité, il a obtenu 44,8%. Robert Bourassa en 1970 a obtenu 38,2% et 43,9% en 1973. René Lévesque à l'élection de 1976 a obtenu 35,27% et a organisé un référendum en 1980 sur la séparation du Québec de l’ensemble canadien. Puis il obtint 40,6% en 1981 pour faire « un bon gouvernement ». Toutes ces années passées sont celles de la « révolution tranquille » durant laquelle des politiques importantes ont changé profondément la société québécoise pour lui donner un nouveau départ.

Plus tard, Gérard Parizeau imposa un second référendum après avoir obtenu 36,5% en 1994. Quatre ans plus tard, Lucien Bouchard obtenait 33,5% et imposa des coupures budgétaires draconiennes suite auxquelles des milliers de fonctionnaires compétents furent mis à la retraite et de nombreuses villes, dont celles de l’île de Montréal, fusionnées. Jean Charest ne fit pas mieux avec 32,3% en 2003, 23,5% en 2007 et 24,16% en 2008. Quant à Pauline Marois, elle obtint 23,8% en 2012 pour former un gouvernement minoritaire et son ministre des finances s’apprêtait à couper dans les dépenses. Les bas-scores depuis 1994 s’expliquent par la présence de tiers partis qui sont appuyés par de bonnes franges de l’électorat et qui en fait divisent le vote.

Je souligne à nouveau, les pourcentages précédents sont toujours sur la base des électeurs inscrits sur la liste électorale.

Tous ces chefs politiques avaient le droit de faire ce qu’ils ont fait et ils l’ont utilisé pour bien réorienter les politiques, économiques, sociales et culturelles du Québec. Ils ont agi avec responsabilité malgré de nombreuses et sévères critiques venant des milieux traditionnels, religieux et autres. Ils ont même perdu leurs élections par la suite.

De plus, on se rappellera que lors de la dernière élection, le sujet principal débattu a été la nécessité de réorganiser les dépenses gouvernementales pour protéger financièrement l’avenir du Québec. Le plus grand propagandiste de cette difficile politique fut le chef de la CAQ, François Legault. Sur toutes les tribunes, il a martelé sans cesse l’importance d’assainir les dépenses gouvernementales et de les réduire. Alors que les sondages le plaçaient très bas dans l’opinion publique en début de la campagne, il est revenu en force à la fin de celle-ci en obtenant 23,05% des suffrages et 22 députés alors que le gouvernement péquiste sortant-de-charge obtenait 25,38% des suffrages et 30 députés.

De son côté, le chef libéral Couillard développait longuement le même sujet dans ses discours. Avec moins d’ardeur que Legault, il est vrai, mais avec autant de conviction. Ils étaient, sur le sujet des finances, sur la même longueur d’ondes à quelques différences près.

Même si on cumule les suffrages en leur faveur, PLQ 41,52% et CAQ 23,05%, ils ne représentent que 46,12% du nombre d’électeurs inscrits. Encore là, le 50% n’est pas atteint.

Notre système politique est ainsi fait. Certains diront : la solution, c’est un système électoral comme en France avec deux tours de votation. Analysons la dernière élection présidentielle en France où Hollande a obtenu, au deuxième tour, 51,64% des suffrages. Ce résultat ne représente en fait que 41,49% des français ayant le droit de vote. Donc pas de telle majorité là non plus.

Tout ça démontre bien que l’on ne peut accuser un chef politique au pouvoir ou son parti de manquer de légitimité sur la base du nombre de suffrages qu’il a reçus. Si on le fait pour un, on doit le faire pour tous les autres. C’est ridicule et teinté de démagogie.

La légitimité est le fondement de notre vie sociale et politique. Un élu qui n’a pas un sens naturel de la justice, qui ne respecte pas les droits de chacun ou qui décide de façon partiale perd sa légitimité même s’il a été élu avec une majorité absolue.

Claude Dupras

7 commentaires:

Claude Dupras a dit…

Salut,

Attention mon cher,
Tu portes des accusations erronées

Il n’y a pas que les séparatistes qui contestent la légitimité
de M. Couillard.
Il y a un très grand nombre d’intervenants politiques et sociaux qui ne sont pas nécessairement séparatistes qui
contestent le PM.
Même le sacro-sainte associations des économistes du Québec, qu’on ne peut pas accuser d’être séparatistes s’inquiète sérieusement.

M. Harper avec 33% du suffrage fonctionne comme s’il avait une majorité.
C’st le propre des gens de la droite d,abuser du pouvoir qu’on leur a conféré.
Le PQ avait fait pareil... c’est notre système qui est vicié.
Ce serait plus important d’avoir un système proportionnel pour bien représenter les forces en place que d’atteindre
le déficit zéro en un an et de massacrer à la tronçonneuse tout le système social du Québec et de détruire surtout en région le tissu social.
Mais que veux-tu.

Coquillard est comme Harper, il se croit investi d’une mission. Il est un peu moins à droite que Harper, j’en convient quoi que je me demande, indépendamment des personnes,
si ce n’est pas dangereux que PM et que les ministres des deux plus gros ministères soient issus d’une même profession.

En passant mon cher, par respect pour ceux et celles qui pensent qu’on pourrait créer notre pays (environ 40%), on suggère des les nommer indépendantistes.
Et d’ailleurs, dans les prochaines années, il se pourrait qu’on parle beaucoup d’indépendance...

Bye mon cher,
Gérard

Claude Dupras a dit…

Erronées? Gérard va sur vigile et lit le dernier message de Lehir qui dans un épître essai de démontrer que le PM doit démissionner pour manque de légitimité. Je réponds par mon blog à son premier argument. Je vais aussi répondre â quelques autres avec lesquels je suis en désaccord. Je ne peux donner un argument sans tu te sentes attaqué. Je peux avoir raison parfois!
Mon pays est indépendant. Vous voulez vous en séparer. Vous êtes comme il se dit partout dans le monde, en Écosse, en Catalogne, des séparatistes . Il n'y a rien de mal là-dedans. Vous semblez avoir peur du mot ou vouloir vous justifiez en utilisant un autre mot comme si c'était une honte de dire "séparatiste".
Je ne fabrique pas des arguments.

Claude

Gérad St-D. a dit…

Tu tombes dans le piège mon cher.
Les fédéralistes, qui manquent d'arguments sur leur position avec raison, cherchent la bibitte noire.
Lehire a droit à son opinion tout comme Sam Hamad pour le parti libéral.
Il y a des tarlets dans chaque parti.
À ce jour, le PQ n'a jamais affirmer que l'on devait renverser le gouvernement. Dans 3 ans on décidera...

Continue à employer le mot séparatiste si tu veux...
ca te sécurise tant mieux.

Moi, je parle d'indépendance, de vivre dans un pays à notre image avec nos valeurs. Pas le pays de Harper..
Je défendrai cette position avec acharnement en respectant les autres sans utiliser des termes négatifs, restrictifs.
J'ai suffisamment d'arguments pour faire valoir mon point de vue sans utiliser une terminologie inappropriée.
Je suis indépendantiste.
Si les reste du Canada voulait me donner mon indépendance, comme pour 182 pays, je n'aurais même pas à me séparer.!
Ça fait bientôt 40 ans que je suis indépendantiste et membre du PQ. J'ai même signé le formulaire de PKP.
Je lis rarement Vigile car ce n'est pas la position officielle du PQ .
Vigile existe pour énerver, bouleverser, nos amis fédéralistes inquiets.
Lors de nos rencontre, on s'amuse bien de les voir lancer des roches dans la mare.
Les prochains mois vont être palpitants.

L'important pour le moment, c'est de travailler pour mettre Harper dehors.
Bonne journée mon ami, et ce soir au souper, je vais gouter à mon premier gravlax de saumon....

Gérard en toute amitié

Claude Dupras a dit…

Merci.

Le Canada n'est pas Harper. Ne te trompe pas. Il ne fait que passer. Le Canada c'est la liberté, la grandeur, la richesse, le potentiel, la diversité, l'envie du monde. Pourquoi céder le grand Canada aux autres alors qu'il nous appartient. Je ne peux faire ça à mes descendants ni a mes ancêtres qui l'ont fondé. Ma famille est depuis 1647 est au Canada et a toujours parlé français, pratiqué la religion qu'elle voulait. Toujours libre, Je suis le premier Dupras a avoir fait plus d'une 9ème. Le premier à l'université. Aujourd'hui mes 3 enfants sont universitaires et mes 5 petits enfants s'en vont dans cette direction. Pas seulement ma famille, mais tous ont cette possibilité. Nos universités débordent. Le riche potentiel du Canada de demain est à tous ces jeunes qualifiés pour prendre. Je ne peux me résoudre à leur enlever cette richesse. Je crois que ce serait une erreur magistrale. Notre langue est protégée, nos besoins rencontrés, Je crois que la structure politique est la meilleure. Une fédération qui aide les plus pauvres, où chaque partie administre tout ce qui concerne les personnes de son territoire mais qui profite de l'ensemble. Ah! Ce n'est pas parfait mais avec le temps la situation politique s'est bien améliorée et ça continue. Il y a des bas, mais il y a aussi des haut. J'ai toujours été nationaliste. Membre de la société StJean Baptiste, de l'ordre de Jacques Cartier, du club Richelieu, etc.. J'ai toujours défendu tout ce qui nous touche, comme la langue, l'autonomie... Je te suggère de lire mon autobiographie sur mon site. 700 pages où tu réaliseras les batailles que nous avons tous fait pour être nous sommes rendus. Je suis Québec. Je suis Canada.

Claude

Gérard St-D. a dit…

Ma femme qui n’a qu’un seul œil doit avoir un chirurgie de la cataracte. Normalement le temps d’attente est de deux à trois mois maximum.
Or, elle a fait sa demande au début de juin. Elle sera traitée la semaine prochaine soit 7 mois plus tard.
Le Dr Saurel que je connais bien m’ dit ceci :
Depuis la mi-juillet, on a coupé le personnel technique nécessaire de moitié. Donc les temps d’attente seront maintenait de 6 à 7 mois.
Par contre, je fais 3 fouis plus d’interventions privées. Dans ce cas, je paye le personnel technique, je loue l’espace à l’hôpital (payant pour l’institution et disponibilité tant que je veux) :
Cout 1500$
Quand je te parle de la brisure du tissu social, c’est ce que je veux dire. Je crois qu’en région, c’est pire.
C’est vrai que Couillard n’est pas un con. J’en conviens. Mais il est par son passé très favorable à la privatisation des services de santé.
D’ailleurs, son chef de cabinet Jean-Louis Dufresne défenseur de la privatisation des soins de santé. Très inquiétant.

Si je t’écoutais, je ne critiquerais pas notre PM. Mais, j’ai 76 ans, je ne suis pas riche, et je voudrais avoir des services de santé de base gratuits.
Est-ce trop demander?

Gérard

Claude Dupras a dit…

"Si je t’écoutais, je ne critiquerais pas notre PM. Mais, j’ai 76 ans, je ne suis pas riche, et je voudrais avoir des services de santé de base gratuits"

Au contraire Gérard. Je t'invite à critiquer si nos administrateurs faillissent à la tâche. Je le fais. Malgré que je suis un bleu, j'ai critiqué Harper sans cesse dans mes blogs. J'ai même voté pour Jack a la dernière élection. Imagine un conservateur à vie qui vote socialiste. Cette année, je ne sais pas encore. Peut être Harper pour la façon qu'il dirige l'économie canadienne et les résultats qu'il a obtenus. Mais il a bien des moins et c'est ce que je vais mettre dans l'autre plateau de la balance. Je ne sais pas encore de quel côté qu'elle baissera.

Toute critique positive est productive. C'est la force de notre régime politique.

Claude

Liane a dit…

Je n'ai jamais vu deux personnes discuter de politique sur ce ton; honnêtement et ouvertement.Chacun en a le droit! La politique étant ce qu'elle est, attire toujours l'attention de quelqu'un et qui aura raison? Attendons voir! Dans ce domaine, tous à ses raisons suivant ce qu'ils vivent ou espèrent du futur. Bonne chance!