Il a malicieusement
tenté de démontrer que le passage de l’oléoduc du pétrole brut albertain à
travers le Québec a été décidé par la famille Desmarais afin qu’elle puisse profiter
de revenus additionnels de ses investissements dans la pétrolière française
Total. Rien moins que cela.
Le pétrole de l’Alberta, contenu dans des sables
bitumineux, a un volume d’environ
1,8 billion de barils de bitume, soit une quantité comparable en ordre de
grandeur à l'ensemble des réserves de pétrole conventionnel au monde. Avec les
méthodes modernes de production de pétrole, seuls 10 % de ces dépôts,
c'est-à-dire environ 170 milliards de barils sont économiquement et « proprement »
exploitables.
On le dit
sale. C’est l’exploitation qui est sale et qui est critiquée. Je l’ai fait
souventes fois dans mes blogs passés. Sa production génère beaucoup de GES et requiert
une quantité importante d’eau fraîche. Depuis le début, la qualité de l’extraction
s’est grandement améliorée mais il reste encore beaucoup à faire. Les pétrolières
y travaillent car elles veulent vendre leur produit. Quant à ce pétrole brut
qui est transporté, il a une consistance similaire à ceux du Venezuela et de l’Algérie.
Il n’est pas plus sale que les autres.
Pour le
vendre, il faut l’exporter dans le monde. C’est une difficulté majeure. À
l’ouest, via le Pacifique, aux pays asiatiques et l’Océanie. Au sud, via
l’oléoduc KeystoneXL et autres, aux USA et aux pays de l’Amérique centrale et
de l’Amérique du sud. À l’est, par l’oléoduc de l’est, aux raffineries des provinces
canadiennes et du nord-est américain, et, via l’Atlantique, à l’Europe et à l’Afrique.
C’est une
richesse incroyable qui appartient à tous les Canadiens. Pour 2014, les revenus
de l’industrie du pétrole et du gaz au Canada auront générés près de 150
milliards de $. Évidemment, les premiers bénéficiaires sont les citoyens de l’Alberta
dont près d’une centaine de milliers de travailleurs québécois qui y ont émigré
avec leurs familles pour trouver de bons emplois rémunérateurs. Le gouvernement
du Canada, ceux des provinces et tous les autres citoyens du pays sont aussi favorisés
car les revenus, partagés grâce au système de péréquation, allègent les systèmes
de taxation. Avec plus de revenus, les gouvernements ont la possibilité de rendre
de meilleurs services tout en diminuant les dettes publiques et les impôts.
En juin
2013, la production en opération fut de 3 537 000 barils/jour de
pétrole brut. La production des projets futurs était estimée à 7 694 120
b/j.
Voici ce que
PKP a affirmé :
- « La famille Desmarais est le plus important actionnaire de TOTAL ».
En réalité, elle n’a que 3,6% du capital et des droits de vote de la compagnie
conjointement avec un investisseur belge. En fait, elle détient près de 1,8%.
Le plus important actionnaire, vraiment ?
- « TOTAL est l’un des plus importants exploitants albertains du pétrole extrait des
sables bitumineux ». La compagnie est présente en Alberta avec les
autres grandes pétrolières du monde. Au début du printemps 2013, elle s’est
retirée du projet d’une usine pétrolière en Alberta devant réduire la viscosité
des pétroles bitumineux afin de pouvoir les traiter dans les raffineries
traditionnelles. Cette aventure s’est soldée par une perte de 1,6 milliards$
pour la compagnie. En juin 2013, TOTAL avait un investissement de 38,4% dans
les projets de Fort Hill (avec Suncor et Teck) et un autre dans le projet
minier de Joslyn. Elle a produit 192 384 b/j, soit 5,4% de la production totale.
En rapport avec le futur, sa part est prévue à 219 040 b/j, soit 2,84%. C’est
çà, le plus important exploitant ?
- « Les américains refusent l’accès vers le sud avec le projet Keystone actuellement
suspendu ». Les inquiétudes originales avaient rapport avec l’importante
nappe aquifère du Nebraska. Des dévoiements de l’oléoduc Keystone XL ont été proposés
par Trans Canada Pipeline et acceptés par le gouverneur du Nebraska qui a levé
son opposition. Aujourd’hui, c’est la tenue des élections législatives
américaines de novembre qui retarde l’accord final d’OBAMA. Ce dernier ne veut pas
déplaire à sa base environnementaliste avant les élections. Après, il devrait
agir comme il l’a déjà dit, surtout si, comme prévu par les sondages, les
républicains, qui y sont favorables au XL, détiennent la majorité au Sénat
américain tout en maintenant celle à la Chambre des représentants. Ce qu’on
doit savoir c’est qu’une grande partie de l’oléoduc Keystone d’une longueur de
3 462 km est déjà construite car il n’est pas un oléoduc mais un réseau
d’oléoducs. En effet, depuis la demande de permis de construction du XL, il y a
5 ans, des milliers de km ont été réalisés
et mis en opération. Ils transportent, actuellement, 600 000 des 2,5
millions de b/j que le Canada vend et livre aux USA. Avec trois des quatre
phases du Keystone en opération, il ne reste qu’une section connue sous le nom
de KeystoneXL, du sud du Nebraska aux champs de pétrole de l’Alberta, à
terminer. Cette dernière ajoutera 400 000 b/j (dont 25 % sera du pétrole
américain) au réseau. « L’accès
vers le sud » sera bientôt accepté.
- « L’ouest canadien est également bloqué en Colombie Britannique avec celui du Northern
Gateway ». Ce projet, consiste en deux réseaux de distribution : un
oléoduc pour le pétrole brut et un pipeline pour le gaz naturel. Ils
traverseront les montagnes Rocheuses situées dans la province de Colombie
Britannique (CB). Il rencontre l’opposition de bandes de Premières Nations, du
puissant lobby des environnementalistes, du Nouveau Parti Démocratique du
Canada et du gouvernement de cette province qui réclame une partie des royautés
que reçoit l’Alberta. Le 17 juin 2014, suite à de nombreuses discussions, le
gouvernement Canadien accepta l’avancement du projet conditionnellement à ce
que 209 problèmes, identifiés par des comités d’études, soient corrigés avant
la prochaine étape d’approbation du projet. On juge dans les milieux bien
renseignés que ces conditions seront rencontrées, que la province sera satisfaite
et que ce projet sera finalement débloqué.
- « Il
n’y a que l’ouverture vers l’est par pipeline, ou le transport ferroviaire
que les experts disent coûter $20 le baril, qui serait ainsi épargné pour le bénéfice des actionnaires de Total par l’oléoduc ». L’ex-premier
ministre Pauline Marois et son gouvernement ont accepté l’oléoduc de l’est.
Quant au port pétrolier de Cacouana, pour le ravitaillement des bateaux-citernes
vers les pays de l’Europe et de l’Afrique, il reste à vérifier si les
complaintes et les arguments de ceux qui s’y opposent sont valables. Il est
facile de susciter des sentiments anti-gouvernements, de s’opposer à la construction d’oléoducs, de pipelines, etc… mais encore faut-il démontrer
clairement que de tels projets vont vraiment à l’encontre de l’intérêt public. De
plus, ce sont tous les actionnaires de tous les producteurs qui bénéficieront
de cette ouverture vers l’est.
On voit
bien que les déclarations de PKP n’ont pas de bases solides. Je soupçonne que le
but réel de sa déclaration sur Facebook a été faite pour rallier, à sa candidature, les
séparatistes qui voient « les Desmarais » dans leur soupe ! D’ailleurs
plusieurs de ceux-ci, suite à la publication, se sont spontanément exclamés :
« déclaration extraordinaire », « super, super », « un
vrai chef »…
Que PKP se
donne comme objectif de séparer le Québec du Canada, c’est son affaire! Mais
qu’il se permette, par un court communiqué, de tromper sciemment ses
concitoyens sur un projet d’une importance capitale pour tous, est incompréhensible.
Çà sent la petite politique ! Et si c’est pour atteindre des ambitions
politiques, c’est désappointant.
PKP peut vouloir
montrer ses muscles à la famille Desmarais, encore faut-il qu’il soit de
taille. Paul Desmarais et Pierre Péladeau étaient des hommes d’affaires hors de
l’ordinaire qui aimaient aussi se mêler de politique. Tout le monde le savait
et les partisans appréciaient.
Mais nous
sommes dans une nouvelle ère. Les fils Desmarais sont des hommes qui s’occupent
de leurs affaires. Si Pierre-Karl Péladeau a préféré quitter le monde des affaires
pour la politique, c’est une décision noble et c’est très bien. Mais pour
réussir, il se doit d’être juste avec les Québécois et être à la hauteur d’un
chef politique.
Claude
Dupras
5 commentaires:
Bravo,tres bon résumé de la sitution globale du tranort pétrolier au Canada.Effectivement M.Péladeau fait de la petite politique sur ce sujet comme il en a fait sur d'autres et ce n'est pas fini.Petit,Je ne suis pas sur que son père serait fier de lui
J.G. bonneau,Saguenay
Ne soit pas naïf . Desmarais comme Péladeau ne font rien pou rien.
Le passage de l’oléoduc du pétrole brut albertain à travers le Québec va rapporter gros aux Desmarais.
D’ailleurs, Pratte et autres valets à La Presse font l’apologie de l’Alberta.
Même le chef éditorialiste de National Post affirmait qu’au Canada c,est La presse de Montréal qui
appuyait le plus l’Alberta.
l n’y a pas de quoi fouetter un chat
Gérard
....d'autant plus que dans les années '60l
Les pékurdes et la gogauche étaient anti Desmarais re concentration des médias: 2 poids 2 mesures !!
ça pogne au Quebec attaquer les gens qui ont du succès et leur faire croire n'importe quelle histoire!!
Comme ça on peut aussi nommer un pont du nom d'un exemple de nos vrais héros et modèles
A++
M
Superbe, j'espère que plusieurs Québécois le liront.
jean poirier
Bien dit et redit.
Amities a toi et Manon,
Jean B.
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