Il n’est pas facile de nos jours d’être un chef politique. L’opinion publique, façonnée par des informations qui arrivent de directions opposées et souventes fois contradictoires, devient difficilement manipulable. L’électeur a appris à décortiquer tout ce qu’il entend et à faire la part des choses.
On le voit bien en France où le président François Hollande, aux prises avec une crise financière qui touche l’Europe et particulièrement son pays, voit son taux de satisfaction plonger spectaculairement à 20%. Il a promis la croissance mais a empilé un tas de taxes sur la tête de ses compatriotes, qui freinent le développement de l’économie. Malgré tous les beaux discours, les Français y voient clair et le disent.
Il en est de même pour Barack Obama face au problème informatique majeur qui menace la réalisation de l’Obamacare, l’assurance-santé pour tous. L’importance de ce programme, le long débat qu’il a suscité sur des années et les hautes attentes qu’il a générées ont fait en sorte que cet accroc a miné la confiance des Américains envers leur président. Lorsque les républicains l’accusaient de tous les péchés de la terre, Obama demeurait populaire mais suite à la déception que cause la mise en marche de l’Obamacare, sa cote positive s’est évaporée de 51% à 40%.
Au Canada, le PM Harper, souffrant du manque d’appui légendaire du parti conservateur au Québec, a décidé de viser les comtés hors-Québec pour maintenir sa majorité. Contrairement au PM John Diefenbaker, qui avait su rallier les Québécois et faire élire 50 députés, Harper prend sciemment des positions qui sont impopulaires au Québec pour gagner ailleurs au pays. Une approche clairement anti-unité canadienne. C’était sa stratégie! Mais hier, les Canadiens ont jugé cette mesquinerie politique lors de l’élection partielle dans quatre comtés. Partout, le vote conservateur a fondu.
Au Québec, le sondage du CROP du 20 novembre dernier, indique que s’il y avait eu une élection précipitée au Québec, comme le laissait croire la rumeur, le parti libéral serait revenu au pouvoir avec 63 députés contre 45 pour le PQ. Le gouvernement du parti québécois n’est pas arrivé à gagner en popularité malgré ses nombreuses annonces, à saveur électorale, de projets et d’octrois nouveaux et sa proposition de la charte des « valeurs québécoises ». Au contraire, il a reculé.
Les séparatistes québécois ont cherché à lier le chef libéral Philippe Couillard au scandale de la construction du méga-hôpital McGill. Ils l’ont accusé d’avoir mal géré la supposée rébellion de sa député musulmane Fatima Houda-Pépin; d’avoir été traître aux siens, dont l’empire Desmarais, en appuyant la légitimité de la Loi 99 traitant de l’exercice des droits fondamentaux et des prérogatives du peuple québécois et de l’État du Québec; d’être lié à certains ex-députés libéraux de Jean Charest qui « seraient » dans la mire de la commission d’enquête Charbonneau; d’avoir cautionné des mutilations barbares en application de la charia en Arabie Saoudite alors qu’il y travaillait comme conseiller de l’État en médecine; et encore. Faute d’arguments sérieux, ils ont utilisé malicieusement la méthode de « coupable par association sans preuves concrètes ». De la pure invention !
Le résultat du sondage montre bien que les insinuations trompeuses contre Philippe Couillard ne l’ont pas atteint et cela malgré l’omniprésence des médias qui rapportent 24h/24 tout ce qui se dit par et envers la classe politique. En réalité, ce résultat démontre les faiblesses politiques du PM Pauline Marois et du PQ, puisque leur message ne passe pas. J’ai affirmé, dans mes blogs précédents, mon appréciation positive du travail de Pauline Marois. Son problème est le boulet au pied qu’elle traine : la séparation du Québec du Canada.
Ce que les séparatistes refusent de reconnaître, c’est que Philippe Couillard est un homme compétent, cultivé, brillant et a été un bon ministre de la santé. Racé, il sait parler et expliquer ses politiques. Mais surtout, il ne se vautre pas dans de la petite politique et parle franchement aux Québécoises et Québécois.
Oui, il est fédéraliste et il l’affirme hautement car il y voit le meilleur intérêt des Québécois. Oui, il signera l’accord de 1982 pour assurer la pleine participation du Québec dans le Canada. Oui, il est contre l’inutile charte des « valeurs ». Oui, il respecte la laïcité de l’État. Oui, il respecte le droit de religion pour tous. Oui, il respecte les libertés individuelles. Oui, comme tout le monde, il fait des erreurs et le reconnaît, et encore… Ce sont de telles positions claires, nettes et réalistes qui frappent l’imagination et qui rejoignent les gens de chez nous. Pour lui, c’est le « Big Picture » qui compte ! Ce l’est aussi pour les Québécois! Le dernier sondage l’indique à nouveau, et ça c’est sain !
En France, aux USA, au Canada, au Québec et dans les provinces canadiennes, les électeurs ont réagi de façon identique. Ce ne sont pas les beaux discours, les promesses, les accusations non fondées, les insinuations mensongères contre l’adversaire qui les ont influencés. Ce qui compte pour eux, c’est le « Big Picture » qu’est l’intérêt supérieur de la nation. Bravo !
Claude Dupras
1 commentaire:
Le travail de Pauline Marois n’est pas toujours positif puisqu’elle ne veut pas abandonner son boulet. Les québécois ne veulent pas diviser leur beau pays. Si oui, il y a belle lurette que ce serait fait. La politique n’a jamais été facile. Je pense à un député, je ne me souviens plus pour quelle raison, qui a tenté de se suicider lors d’un voyage en France et il a raté son coup. Aujourd’hui, tout est changé, même les politiciens qui ne travaillent plus pour le peuple, s’ils l’ont déjà fait. Certains d’entre eux sans doute, mais la pension est importante et il faut tenir le coup pour l’obtenir. Enfin, que peut-on y faire? Voter pour la personne qui a notre confiance. Un fois au Parlement, rien ne change!
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