lundi 16 septembre 2013

Pourquoi une charte ?

Le débat actuel sur « la charte des valeurs québécoises » me rappelle ma jeunesse.

Né à St-Henri dans un pauvre quartier ouvrier, mes parents s’installent, deux ans plus tard, à Verdun, banlieue de Montréal, sur le bord du fleuve Saint-Laurent, où ils pratiquent leur métier de barbier et de coiffeuse. Nous vivons dans le quartier no 4, composé d’une population à 70% anglophone. Nous sommes des Canadiens-français « pure laine ». Oups ! Non, pas tout à fait puisque mon arrière-grand-mère paternelle (Élizabeth Carey) était irlandaise et mon arrière-grand-père maternel (Peter Heyer) était allemand. Nous vivons en français et nous sommes de forts pratiquants catholiques.

Nos voisins sont des canadiens-français, des anglais, des irlandais, des écossais, des polonais, des lituaniens, des juifs, des italiens et d’autres. Chacun parle, chez lui, sa langue et le fait que nous sommes devenus bilingues anglais nous permet de nous comprendre, de nous apprécier mutuellement, de travailler et de vivre ensemble. La vie n’est pas facile à cause de l’économie et de la guerre. Mais tous les pères de familles travaillent dur pour apporter à la maison les argents nécessaires aux besoins minimums de leur famille. Pauvres, peu éduqués, ils rencontrent difficilement « les deux bouts », ils sont d’humbles ouvriers qui œuvrent dans les usines de St-Henri et de l’ouest de Montréal comme la Canadian Tube and Steel, la Dominion Engineering et la Dominion Bridge. Ils partent tôt le matin et reviennent après 18h, fatigués souvent exténués. Tous les jours sauf le dimanche, toute l’année.

Malgré ces difficultés, tout le monde semble heureux. Ah ! il y a des conflits, mais surtout entre les jeunes de mon âge. On nous traite de « frenchies » ou de « french pea soup » et nous, on répond par « têtes carrées » ou « johnny cake ». À chacun ses insultes… Au hockey, par exemple, ce sont les français contre les anglais et ça joue dur. Mais dans le fond, nous nous aimons bien. La clientèle du « Manning and Beauty Parlor and Barber Shop» de mes parents est majoritairement non-francophone. Les affaires sont bonnes.

Il n’y a pas de problème de religion. Catholiques, protestants et juifs vivent côte à côte. Chacun pratique la sienne sans déranger l’autre. Que de fois, ai-je vu les protestants sur leur balcon regarder passer la procession élaborée de la Fête-Dieu dans leur rue alors que nous nous époumonons à chanter plus fort pour les impressionner « Sancta mater, ora pro nobis, Sancta… ». Ils sont respectueux, tout comme mes parents le sont envers leur religion même si on nous enseigne qu’ils sont dans l’erreur et « qu’ils n’iront pas au ciel ». Durant toutes ces années, je n’ai jamais entendu dire qu’un catholique soit devenu protestant et qu’un protestant soit viré catholique. On est ce qu’on est !

Depuis, des immigrés d’Asie, du Moyen-Orient, d’Afrique, d’Amérique du Sud, d’Amérique centrale et des Caraïbes sont venus au Québec. Nos gouvernements les ont invités par une publicité visant à leur démontrer les avantages de vivre dans notre milieu. Cela fait notre affaire puisque le nombre additionnel d'individus ajoute à la force de notre économie. Ils sont là bien implantés, travaillant et élevant leurs familles. Ils sont devenus Canadiens et Québécois avec les mêmes droits et privilèges que nous.

Mais ces nouveaux venus sont différents des Occidentaux qui ont découvert et créé le Québec et le Canada. Ils pratiquent des religions que nous connaissons mal, entres autres l’Islam et le Sikhisme. Ils sont pratiquants et obéissent aux règles et obligations de leur religion respective, tout comme nos ancêtres et nous jadis aux préceptes catholiques. Pour plusieurs Québécois, ces coutumes étrangères sont choquantes et c’est pourquoi notre gouvernement a décidé d’agir, afin de mettre tout ce beau monde au pas grâce à une « charte des valeurs québécoises ».

Depuis la révélation du projet devant régir le port des signes religieux ostentatoires des fonctionnaires ayant affaire avec le public, un tourbillon de « pour » et « contre » s’est formé et la tempête ne cesse de croître.

Le « pour » affirme que la charte est équitable et raisonnable, qu’il est bon que l’État soit neutre, que c’est une bonne façon de protéger l’identité du Québec, que le gouvernement cherche à solidariser la société, que cela rendra les femmes plus égales aux hommes, que c’est acceptable parce que personne n’impose à quiconque de travailler dans la fonction publique, que pas de voile signifie égalité pour les femmes, que la neutralité de l’État face aux religions est une garantie de la protection des droits civiques en tant que société égalitaire, que la charte proposée n’est aucunement inspirée des valeurs du nationalisme ethnique contrairement à ce qu’a affirmé une député bloquiste, expulsée subito presto de son parti.

Le « contre » soutient que la charte est un projet simpliste qui ouvre la porte à l’arbitraire et à d’interminables conflits, qu’elle risque d’éliminer l’accès des femmes à des postes importants de la fonction publique, qu’elle est inutile et xénophobe, qu’elle divise notre société, que le PQ ne l’a proposée que pour gagner de votes à la prochaine élection, que c’est scandaleux d’allouer 1,9 millions $ pour en faire la promotion, qu’il en coûtera des millions $ additionnels pour la défendre contre les protestations juridiques qui fuseront de toute part, que le Québec a invité des musulmans francophones et compétents à venir au Québec et qu’il les trahit avec cette charte, que c’est une mascarade qui révèle le côté noir du nationalisme québécois…

On donne toujours l’exemple du voile musulman pour bâtir l’argumentation « pour » ou « contre » la charte Marois. Mais je rappelle qu’elle touche aussi d’autres religions comme le Sikhisme. Cette dernière « est monothéiste et a été fondée au XVe siècle au nord de l’Inde. Ses adeptes croient en un seul Dieu Suprême. Pour eux, il n'y a pas de péché originel puisque la vie émane d'une Source Pure, le Seigneur de Vérité demeure en elle. Ils ne reconnaissent pas le système de castes en Inde, car le sikhisme s'est créé sur une égalité de droits pour tous. De même, ils ne croient pas en l'adoration des idoles. Cette religion correspond à une manière d'être, de rendre service à l'humanité et d'engendrer tolérance et fraternité vis-à-vis de tous. Le Salut peut être atteint si le sikh gagne honnêtement sa vie et mène une existence normale. Le Sikhisme n'accepte pas le pessimisme. Il préconise l'optimisme et l'espoir ». Il exige qu’un Sikh porte obligatoirement le turban qui est une partie importante de sa culture. Il représente l’honneur, le respect de sa personne, son courage, sa spiritualité et sa piété. Il sert à couvrir ses longs cheveux qu’il ne coupe pas. S’il devait l’enlever on découvrirait un fonctionnaire barbu aux cheveux très longs.

En 1990, la Cour Suprême du Canada a décidé que l’officier Baltej Singh Dhillon de la Police Montée pouvait garder son turban sur la tête en toutes occasions. Et nous au Québec, on veut forcer ces individus de qualité à se découvrir s’il veulent être employés du Québec !

Il y a aussi l’illogisme apparent de maintenir en place des signes religieux catholiques pour des raisons historiques, tels le crucifix à l’Assemblée Nationale et la croix du Mont-Royal. Il en ira de même sûrement pour le drapeau du Québec. « De couleur blanche, la croix renvoie au catholicisme. Centrée et droite, elle est typique des anciens royaumes d’Europe occidentale… Le bleu symbolisait à l'origine la Vierge Marie », dixit Wikipedia. Je suis en accord avec le gouvernement pour protéger l’histoire ainsi représentée, mais cette position pourra-t-elle être comprise comme juste par ceux à qui on demande de se dépouiller de leurs signes religieux ?

Le débat sur la charte est mal engagé. On dit que cette proposition a été présentée par le gouvernement pour gagner des votes. Je crains que la PM Marois soit déçue car la bisbille a pris trop d’envergure et affectera inévitablement les résultats escomptés. De plus, si c’est vrai, c’est un coup bas. C’est pire que la corruption la plus sale car c’est jouer avec les plus bas instincts de l’homme, la haine de l’autre, pour se faire élire.

Je comprends tous les arguments des uns et des autres. J’en partage plusieurs, des deux côtés. Mais ce qui me semble plus primordial c’est la question des libertés individuelles de chaque individu vivant au Québec. Cela inclut, évidemment, la liberté de religion. Ce sont des acquis de longue date qui nous sont garantis par les chartes des droits de la personne du Canada et du Québec. Je ne peux comprendre et accepter que le gouvernement du Québec les brime par une loi. J’espère qu’il retirera son projet.

Claude Dupras

16 commentaires:

Unknown a dit…

Vous faites partie, Monsieur, des gens qui sont l'honneur de ce pays. C'est un débat misérable qui tente de grappilller quelques votes supplémentaires, parmi l'électorat le plus mal informé, ou tout simplement xénophobe.

Il est plus facile de faire tout ceci que de s'attaquer aux réformes indispensables (éducation, 40 % de la population est en situation d'illetrisme chronique, système de santé en déroute, etc.)

La dénonciation de menaces imaginaires telles que la construction de mosquées, la menace islamiste, les musulmans n'ont pas fini de payer l'addition de Septembre 2001..., la suppression du sapin de Noel, etc, nous sommes en plein délire identitaire.

Quand je lis ce qui s'écrit sur des sites comme Vigile, avec la complicité de gens comme Richard Le Hir, ancien ministre, immigrant lui-même, on ne peut qu'être consterné, accablé, devant tant de bêtise et de haine...

Alphonse D. a dit…

J'ai lu ton document Claude, c'est très bien et je pleinement d'accord avec toi.
A la prochaine et porte toi bien, nos salutations à Manon et Toi.

Liane a dit…

Pauline Marois a-t-elle toutes ses facultés. Réfléchit-elle aux conséquences lorsqu'elle prend une telle décision ou est-ce du racisme de sa part? Ne sont-ils pas tous des québécois ces gens venus d'ailleurs.
On m'a appris toute jeune à respecter la différence.

Joe J. a dit…

Exact je suis d'accord un Johnny cake de Verdun. We always beat the frenchies in hockey Claude vous etes toujours un voix de moderation.

Alphonse D. a dit…

Bonjour Claude
Je fait référence à "Le blogs politique de Claude Dupras de Lundi 16 septembre 2013".
Je te transmet un document que je reçoit aujourd'hui, qui reflète une haine démesurée du passé religieux au Québec avec des excès d'affirmations,
de toute évidence pour supporter la "charte du PQ sur la laïcité", ou a tout le moins ce qui me semble une polarisation d'opinions sur le sujet
hors de Montréal, excepté peut-être des citoyens de Montréal......
En référant à ton blog, à la fin, tu exprime une réserve à l'effet que peut-être, "..la proposition à été présentée par le gouvernement pour gagner des votes".
A la lumière de plusieurs documents sur le même sujet et contenue reçues depuis quelque temps il m'apparait que le grand stratège qui est M, Lysée du PQ
à compris une tendance qu'il exploite avec un espoir politique.


Subject: Quel texte!

''J'aurais voulu aller rencontrer ces femmes musulmanes à Hérouxville pour partager leur culture et leurs recettes, mais surtout pour profiter de l'occasion de leur expliquer notre devise je me souviens.
Je me souviens que, dans mon jeune âge, nous ne pouvions pas entrer à
l'église sans avoir un voile ou un chapeau sur la tête.
À cette époque, je me souviens aussi que c'était aussi un péché mortel de manger de la viande le vendredi.
Dans la même décennie, je me souviens que ma mère a été chassée de l'Église parce qu'après avoir mis au monde quatre enfants, elle ne voulait plus en avoir d'autres.
Je me souviens que pour cette raison, le pardon de ses fautes lui était refusépar l'Église à moins qu'elle ne laisse son corps à son mari, avec ou sans plaisir, au risque d'atteindre la douzaine.
Je me souviens qu'elle a refusé et qu'elle a quitté l'Église comme beaucoup d'autres femmes de sa génération.
Je me souviens que ma mère s'est ensuite séparée de mon père et que nous sommes devenus la cible des regards et des commentaires désobligeants de notre paroisse.
Cependant je me souviens qu'à la suite de sa séparation, nous avons vu le collet romain sur la table de nuit. Le prêtre voulait-il tester les moyens de contraception de l'heure ? Dans la même décennie, je me souviens que la cousine de ma mère a obtenu le divorce et qu'elle a reçu du même coup son excommunication de Rome.
Je me souviens que quelques années à peine avant ma naissance, lesfemmes ont obtenu le droit de vote et en même temps le droit d'être considérées comme des citoyennes à part entière dans la société.
Je me souviens que lorsque j'étais jeune, nous devions nous aussi, comme pour les religions musulmane et autres, prier sept à huit fois par jour. La messe à tous les matins, une prière avant le déjeuner, une prière en entrant en classe, une au diner sous le coup de l'Angélus, une autre avant la classe de l'après-midi, les grâces au souper, le chapelet en famille avec le Cardinal Léger et une dernière prière avant d'aller au lit. Il y avait le mois de Marie, les Vêpres, etc.. Nous avions aussi de longues périodes de jeûne avant Noël (l'Avant), avant Pâques (le Carême). Je n'ai pas dit non plus que nous devions porter le deuil durant un an et moins selon le degré de parenté de la personne décédée.
Je me souviens que, tour à tour, ma mère et ma belle-mère ont vu une opération urgente retardée en attendant que leur mari respectif, de qui elles étaient séparées de fait et non légalement, apposent leur signature pour autoriser leur intervention chirurgicale.
Devenue adulte, je me souviens que grâce aux pressions de la génération précédente, j'ai eu accès aux premiers moyens de contraception qui m'ont permis de restreindre le nombre de mes propres rejetons.
Je me souviens aussi qu'il n'était plus un péché de manger de la viande le vendredi. Je ne sais pas ce qui est arrivé à ceux qui sont allés en enfer. J'espère qu'on les a rapatriés.

Michel C. a dit…

Bonjour Claude,
Je viens tout juste de lire ton texte sur la « Charte Marois » dont on ne connait que les orientations probables (personne ne peut l’avoir lue, puisqu’elle n’est toujours pas écrite). Veuille en recevoir et accepter mes félicitations; c’est un des textes les plus équilibrés que j’aie lu jusqu’ici sur ce sujet controversé.

Liane a dit…

Réponse au texte de Alphonse D.

Je n'ai plus 20 ans, loin de là,et je me souviens de toutes ces défenses et obligations. Je me suis toujours trouver des excuses pour passer outre et je ne me suis jamais fait de scrupules. Je n'ai jamais jeûné de ma vie me trouvant toutes sortes d'excuses. Cependant, il fallait aller à Vêpres et au mois de Marie et j'y allais avec les bonnes soeurs et je suis certaine d'aller au Paradis un de ces jours comme les Hell's Angels qui ont des funérailles grandioses.

A. T. a dit…

Cher Claude,

Parrmji les immigrés qui viennet s'établir au Québec, il doit bien y en avoir quelques-uns heureux et reconnaissants d'avoir trouvé des conditions de vie nettement supérieures à celles des pays qu'ils ont quittés. On ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre, il y a des concessions à faire dont celles pour les immigrés de s'accommoder des modes de vie et des sensibilité du pays hôte; sensibilité plus forte au Québec, j'en conviens, en raison de notre situation minoritaire et de notre histoire. C'est en tout cas ce que je ferais si je décidais d'aller m'établir dans un autre pays pour améliorer mon sort.


-On a commençé dans les années 1960 à déconfessionaliser l'état québécois pour instaurer la laicité et le clergé catho a accepté en apparence avec bonne grâce de se plier à ces changements.

- Je suis pour l'immigration mais certainement pas pour le retour pro-actif de l'état religieux au Québec particulièrement comme l'islam une religion trop souvent militante et extrémiste qui nous ramène au moyen-âge et qui a en général à des positions rétrogrades sur les femmes comme on voit dans les pays arabes et sur l'application d'une justice primaire . Si il y a une majorité musulmane silencieuse, qu'elle se fasse entendre car elle semble réduite au silence par ses leaders. Les asiatiques en général n'essaient pas de nous imposer leurs croyances; bien que j'ai toujours trouvé l'histoire du turban dans la Police Montée totalement aberrante. Un individu qui impose sa croyance à la majorité avec l'aval de la cour suprême ! Je ne l'ai pas encore avalé celle-là alors que l'on se fout des droits de nos plus démunis comme les autochtones!!!

- Suite à la commission Bouchard-Taylor, les 4 partis politiques au Québec s'entendent aujourd'hui pour définir des balises. Sauf pour le voile intégral, ce sont sur le port des signes religieux que ça bloque. En théorie je suis contre le port de signes religieux mais en pratique je suis pour une certaine tolérance pour acheter la paix sociale et en général ces manifestations religieuses sont plutôt innoffensives et de toutes manières difficiles à appliquer. Le crucifix au parlement introduit par Duplessis par démagogie, je suis contre; le PQ est incohérent; son argument stupide de patrimoine ne tient pas la route. De toute manière aucun autre parti politique n'aura le courage de s'attaquer à ce symbole par électoralisme.

- Drainville devrait se lever au-dessus de la mêlée pour mettre de l'eau dans son vin et régler ça vite avant que ça dérape...mais il y a des enjeux et des intrigues politiques dont s'alimentent les politiciens !

Claude Dupras a dit…

À À. T.
Cher Antoine

Le clergé Québécois suite au concile de Vatican II a tout lâché. Nous n'en croyions pas nos yeux et nous avons tout laissé tomber même nos croyances les plus profondes en un court temps.

Oui l'Islam semble envahissante? Pourtant j'ai œuvré 7 ans en Algérie et j'ai encore plusieurs amis musulmans. Je n'ai jamais remarqué rien de différent sauf qu'ils prient souvent dans une journée et que la femme est la maîtresse de la maison. Tu diras que j'exagère, je te suggère de vérifier avec tous les musulmans que tu connais et leur demander qui mène à la maison. Tu seras surpris.

Les signes religieux ne sont pas de la propagande mais une façon de vivre. Si un témoin de Jéhovah devient fonctionnaire et ne porte pas de signe, c'est OK. Pourtant... Les musulmans cherchent à nous convertir? Quand même.... Où sont les preuves. La vraie vie, la Police Montée nous a indiqué le chemin: la démocratie est aussi le respect des croyances de chacun. Ça nous enlève quoi ?

Acheter la paix, n 'est pas une solution. C'est trop du court terme. La compréhension, l'ouverture, le respect, l'acceptation de l'autre est la vraie solution à long terme. L'identité québécoise c'est sa langue. Les signes religieux de chacun ne la menacent pas. La vraie loi c'est la loi 101. C'est elle qui enseigne le français a tous les jeunes quelques soient leur race. Le meilleur exemple, c 'est la statistique que 70% des anglophones sont maintenant bilingues. Tous les immigrés actuels et futurs seront parlants français et peut être dans quelques générations francophones.

J'ai confiance dans le bon sens.

Claude

A.T. a dit…

Cher Claude,

Je crois bien que nous avons des points de vue différents et ne faisons pas la même lecture de la situation; l'important est de respecter la divergence de nos opinions. Je ne prétend pas être en possession tranquille de la vérité mais je crois aux débats des idées et à nos valeurs démocratiques...et à la laicité de l'état !

Voiçi quelques commentaires:

En 1960, j'ai eu le privilège de passer avec 5 autres étudiants de l'UdeM une journée avec Mgr Simon Delacroix un historien français catholique et biographe de Pie XII qui était de passage pour prendre le poul
de la situation religieuse au Québec. A la fin de la journée, il nous avait prédit avec une rare lucidité la désaffectation religieuse qui était pour survenir au Québec comme cela c'était produit ailleurs dans le monde. J'ai entendu plus tard plusieurs sociologues affirmer que nos croyances devaient être pour la majorité des croyants assez superficielles pour avoir larguer aussi rapidement notre foi.

Je ne suis pas surpris, c'est un phénomène universel, depuis toujours, ce sont les femmes qui mènent à la maison !!!parce que c'est le seul territoire qu'il leur était réservé jusqu'à l'avènement des mouvements d'émancipation de la femme. Le Québec a produit beaucoup de Germaines, de femmes frustrées, comme nos mères qui avaient du caractère, de la personalité mais qui ne pouvait l'exprimer qu'à la maison, à l'extérieur de la maison, elles étaient exclues , infantilisées, infériorisées.

Concernant l'Algérie, voiçi le témoignage d'une femme algérienne connue et très respectée au Québec:
http://sisyphe.org/spip.php?article3831

Tu dis : La démocratie est aussi le respect des croyances de chacun. Ça nous enlève quoi ?

C'est un point de vue que je respecte mais sans être alarmiste ne partage pas...je ne monterai pas aux barricades pour défendre cette cause, pourquoi aller mourrir pour des idées !

*Acheter la paix ?...dans le sens qu'en démocratie c'est du give and take, il ne faut pas être doctrinaire, il faut faire des compromis des accomodements raisonnables !

J'ai confiance dans le bon sens... moi aussi !

Claude Dupras a dit…

Antoine

Je comprends ta position. Loin de moi l’idée de ne pas respecter la divergence entre nous sur ce sujet.

J’ai lu le texte de la personne algérienne. Quelques mots m’ont surpris comme la question d’aller à la plage. Du temps que j’allais en Algérie, les plages étaient bondées de jeunes algériennes en bikini et les gars se rinçaient les yeux. Comme ceux de chez nous. Il faut dire qu’à ce moment là, les seules femmes portant un voile était les plus âgées. Les jeunes n’en portaient pas.

Je connais bien les femmes de mes amis Algériens et aucune d’elles ne vit de telles situations familiales, à moins que ce soient d’excellentes actrices.
Je dois te dire que j’ai vu la situation changer du tout au tout en Algérie. Dans les années 70-80 à mes premières visites, je n’ai jamais vu rien d’anormal. Ils respectaient le Ramahdan, et étaient religieux pas plus qu’il faut. Le voile n’était pas populaire, et les filles étaient habillées comme celles d’Amérique. Puis vers les années 1985-91, la situation a changé du tout au tout. Les filles portaient le voile et les hommes de longue soutane avec une barbe longue. Cela résulta dans l’élection de 1991 où le Front Islamiste du Salut gagna l’élection qui fut annulée par le FLN et les dirigeants du FIS mis en prison. Puis, en 2004, lors de ma plus récente visite, le voile avait disparu ou remplacé pour certaines par un foulard de couleur, les soutanes et les barbes aussi et le mode de vie que j’avais vu précédemment était revenu. Les plages étaient encore pleines de monde. Tout ça pour te dire que ce sont les mouvements islamistes qui provoquent ce qu’on voit et non l’Islam. Et les mouvements islamistes ne sont que passagers même si les périodes sont longues. D’ailleurs dans les révoltes du printemps arabes on a vu de photos de Tunis, d’Alger, etc où la majorité des femmes ne portaient pas de foulard.

Je suis d’accord avec la laïcité de l’État. Mais je suis aussi d’accord avec la liberté individuelle dont celle de pratiquer la religion de notre choix. Si elle a des exigences, je les respecte. Dans mon bureau d’ingénieurs, j’avais deux ingénieurs musulmans et un dessinateur. Deux d’entre-eux m’ont demandé de leur permettre de faire leurs prières durant le jour. J’ai dit oui et nous avons déterminé un endroit pour qu’il puisse le faire. De plus, le dessinateur se laissa pousser la barbe et un jour il apparut au bureau avec un genre de soutane-robe. Je l’ai questionné pour comprendre et il m’a expliqué qu’il voulait ainsi vivre sa religion. J’ai dit OK. Quelques mois plus tard, la barbe était rasée et la robe disparue.

Oui je crois au débat démocratique. C’est sain. Surtout lorsqu’il y a des divergences sur des sujets de première importance. Mais j’aimerais bien que mon gouvernement engage ses actions dans des choses importantes et non dans des actions qui divisent notre société et qui vont à l’encontre des droits individuels. Les néo-Québécois sont des Québécois comme moi. Pas plus, ni moins puisqu’on les a accepter. Il sont les mêmes droits que moi.

Si on nous respecte pas, que l’on souligne le cas. Mais que l’on exige d’un docteur juif d’enlever son kippa, d’un sikh son turban, d’une infirmière son foulard ou d’une fonctionnaire chrétienne sa croix, je ne crois pas que c’est correct. C’est une exagération inutile que je ne comprends pas. Comment peut-on prétendre sérieusement que ces gens le font pour faire de la propagande pour leur religion ? Ridicule.

De plus en pus, je commence à croire que cette tempête a été créée pour favoriser le PQ aux urnes dans les comtés francophones. Il semble aujourd’hui, que cela risque de devenir pour eux un boomerang, si je me fie aux tendances des récents sondages.

Amicalement

Claude

Anonyme a dit…

Bonjour Claude (que je connais)
Bonjour Antoine (que je découvre),

D’entrée de jeu, j’aime beaucoup le ton de cette discussion; c’est pourquoi je me sens à l’aise d’apporter mon point de vue.

Au sujet du bon sens, je vous réfère très amicalement à Descartes. « Le bons sens est la chose du monde la mieux partagée… »
http://www.philolog.fr/le-bon-sens-est-la-chose-du-monde-la-mieux-partagee-descartes/

Christian Rioux publie ce matin dans Le Devoir une intéressante chronique au sujet de laïcité en France. Un texte qui vaut le détour.
http://www.ledevoir.com/international/europe/388568/l-odeur-de-soufre

Plus tôt cette semaine Yves Boisvert de La Presse nous faisait le plaisir d’une chronique au sujet du juge Routhier. Il est question d’un certain crucifix...
http://www.lapresse.ca/debats/chroniques/yves-boisvert/201309/21/01-4691718-de-religion-de-politique-et-de-croix.php

Mon avis sur la question penche en faveur de la charte. J’ai cependant un gros bémol au sujet du crucifix placé au-dessus du siège du président de l’Assemblée nationale. Ce bâtiment n’est pas une église. Le crucifix a fait une apparition tardive en ce lieu et à mon avis on ne peut pas affirmer qu’il fait partie du patrimoine. Pour affirmer cela il faut faire l’économie d’un retour historique sur la question. Le texte de Boisvert amène un éclairage fort intéressant. Quant à la croix du Mont-Royal, si j’en crois Wikipedia, on peut sans nul doute affirmer que ce monument fait partie du patrimoine bâti de la ville de Montréal. Je comprends que l’un et l’autre, à des échelles différentes, sont un seul et même symbole, il n’en demeure pas moins qu’il faut distinguer entre un objet (un bien meuble) et un immeuble. Il faut aussi considérer que personne ne demande de détruire le crucifix de l’Assemblée nationale, mais simplement de lui trouver un autre endroit. Un musée pourrait l’accueillir, par exemple. Ce qui fait partie du patrimoine ici, c’est l’histoire de ce crucifix, pas le fait qu’il soit accroché là où il est.

Pour en revenir à la charte, je suis d’avis que si on désire vraiment un état neutre, les dispositions prévues ici sont tout sauf déraisonnables. On ne demande à personne de cesser de croire, on demande de ne pas afficher ses croyances… durant les heures de travail. Je comprends l’argument qui concerne le turban des Sikh mais si l’exemple semble bon, il n’emporte pas le débat à lui seul. La neutralité a, elle aussi, un prix. Chacun doit trancher pour lui-même, en fonction de règles établies pour tous. C’est l’Inverse qui est un problème. Chacun ne peut pas imposer ses règles à tous. Le malaise vient de là. La charte s’affaire à dissiper ce malaise.

Cela dit, je déplore complètement les errements de certains. Notamment, et j’ai eu l’occasion de lui écrire personnellement à ce sujet, les propos de M. Philippe Couillard sont tout simplement inadmissibles dans un débat public, surtout venant d’un homme qui aspire à devenir premier ministre. Je fais référence à son « il faudra me passer sur le corps ». Être en désaccord — surtout quand on joue un rôle de premier plan — n’autorise pas à de tels excès de langage. Quant aux propos de la députée Saint-Pierre (que je ne reproduis pas ici), ils sont inqualifiables, peu importe les excuses. L’un et l’autre sont tout simplement indignes de représenter la population. Qui plus est, ils n’apportent rien au débat, sinon du bruit.

Foglia a écrit que sa ligne à lui était la paix. Je suis d’avis qu’au final la charte apportera plus de paix que de désordre et qu’une fois la poussière retombée nous serons tous gagnants d’avoir pu établir des balises claires pour tout le monde.

Au plaisir!

Louis Desjardins

Antoine T. a dit…

Claude,

Je salue monsieur Louis Desjardins pour ses excellents commentaires et ses références d'article du Devoir que je me suis empressé de lire.

Je suis bien d'accord avec toi qu'il n'y avait pas d'urgence d'ouvrir maintenent le débat sur la Charte. L'économie devrait être présentement la priorité mais c'est un domaine complexe réservé aux experts qui eux aussi se contredisent et affichent leurs divergences ! Tandis que la Charte provoque un large débat de société ou tout le monde à son mot à dire défend sa Vérité , ses Croyances et ses Préjugés! ...selon ses convictions religieuses et politiques. Vive la démocratie avec ses qualités et ses défauts. Le peuple veut s'exprimer sur ce sujet qui le passionne et moi y ajouter mon grain de sel humoristique !

Finalement nous nous entendons sur le principe de la laïcité de l'état québécois c'est sur le port des signes religieux que se manifeste nos divergences d'opinion. Si c'est pour calmer le jeu et obtenir l'adhésion de monsieur Harper et de nos compatriotes canadiens je suis bien prêt comme concession de parler de laïcité royale du Québec !!! Nous ne sommes pas à une contradiction près. La monarchie remplaçant le crucifix au parlement ! Pour ce qui est du crucifix, je le garderais au parlement et le retournerais symboliquement à son premier propriétaire en l'accrochant respectueusement au cou de la statue de Maurice Duplessis...le crucifix gagnerait en visibilité et en popularité! Rendons à César ce qui appartient à César et retournons à Duplessis son crucifix. La croix du Montréal, les églises, les synagogues, les mosqués ....ornant nos espaces publiques feraient toutes parties de notre patrimoine passé ou de notre héritage collectif futur. Nous ne serions pas le premier gouvernement à interdire les signes religieux aux fonctionnaires et nous confirmerions une fois pour toute la neutralité de l'état...et la liberté des croyances religieuses partout ailleurs.

Il est vrai qu'en amérique et dans les pays religieux européens ( Pologne, Irlande...) l'église apporte un réconfort moral lors de tragédies personnelles ou nationales mais alors que dire des pays scandinaves et de la Suède entre-autres ou la grande majorité des gens sont athés? Les modèles de société sont aussi diversifiés que les croyances ou non-croyances religieuses. Pour certains la mort est une délivrance ou l'occasion de fêtes joyeuses et le débat sur l'euthanasie ne fait que débuter.

La question du turban demeure le sujet de notre plus profonde divergence. Je n'ai rien contre le port du turban dans les espaces publiques
et malgré que je comprenne parfaitement que beaucoup de nos consoeurs voient dans le voile un signe odieux de la soumission de la femme, je ne cache pas que je trouve souvent joli ce signe ostentatoire si je fais abstraction de son symbole religieux. La Police Montée est une institution nationale avec sa discipline et ses traditions centenaires un peu comme l'armée. Pouvez-vous imaginer une recrue dans l'armée refuser de se faire raser comme un GI ? Un joueur de hockey professionnel exiger de porter un turban plutôt qu'un casque protecteur ? Bonne chance au nageur olympique qui nagerait avec son turban sur la tête ? Ça ouvre la voie à trop de dérive irrationnel, comme l'étudiant qui refuserait d'assister à un cours sur l'évolution des espèces parce que sa religion enseigne le créationnisme. Je crois que les droits collectifs ont préséance sur les droits individuels lesquels peuvent devenir infini. Il ne faut pas oublier que plusieurs immigrés ont quitté leur pays pour échapper aux contraintes de leur pays d'origine et enfin de vivre librement....mais c'est presque toujours la voix de leur compatriote militant qui se fait entendre. J'ai eu des confrères de travail arabes et iraniens dont je garde un excellent souvenir.

Salutations et à notre prochaine confrontation cordiale.

Antoine

Claude Dupras a dit…

Louis et Antoine

On oublie trop vite l’histoire de l’église et du Québec, au lendemain de la conquête. C’est toute cette période de défense de la langue, de la culture et de son expansion que représente le crucifix. Les clercs ont protégés ce petit peuple de 66 000 individus, généralement pas éduqués et pauvres (les 20 millionnaires bourgeois parmi leurs contemporains du temps ayant fiché le camp en France avec leurs familles et leur argent). Si nos ancêtres n’ont pas été assimilés on le doit principalement à ces hommes et femmes en soutanes et cornettes et à des hommes politiques arrivés au bon moment qui, ensemble, ont compris que c’était par la solidarité que le peuple francophone pouvait assurer la survivance française. C’est ça l’histoire du Québec.

Duplessis a dirigé le Québec à sa façon et a réussi à gagner du fédéral notre liberté financière. Duplessis a été un homme d’action qui a bâti le Québec et a réussi a éliminé totalement la dette pour tenir face au fédéral afin d’obtenir finalement ce qu’il voulait pour assurer une bonne partie de notre autonomie financière. Ses réalisations sont immenses nonobstant ce qu’en disait le mouvement laïc. Il me semble qu’après 50 ans, on pourrait cesser de parler de la supposé « grande noirceur », invention politique de ses adversaires, et de le ridiculiser à chaque fois qu’il y a un débat important, comme on cherche à le faire actuellement en parlant du crucifix de l’Assemblée Nationale. Il me semble qu’il est plus que temps de comprendre ou d’apprendre à connaître ce qu’était la situation réelle du Québec de 1936 à 1956. Durant ce temps ce n’était pas le crucifix de Duplessis, cette expression n’existait, mais notre crucifix et il était le symbole de notre effort collectif pour être où nous étions rendus.

Je ne veux pas que tu te méprennes sur mes mots. Je ne suis pas plus catholique que le pape, mais je respecte ma jeunesse, les efforts de mes parents pour me permettre de m’instruire, la qualité de mes professeurs qui étaient généralement des religieux. Je leur dois beaucoup. J’ai connu leur dévouement et leurs défauts et, généralement, nonobstant tout ce que l’on a appris depuis, je ne peux qu’applaudir leur travail. Tout a basculé avec le temps, mais ce n’est pas une raison de renier ce passé préparatoire à la relance moderne du Québec.

Claude

A. T. a dit…

Claude,

J'ai lu le texte de monsieur Poirier. C'est un point de vue intéressant mais je ne suis pas sa logique de quadrature du cercle de laïcité = neutralité = matérialiste= religion ???? Par contre, je serais assez d'accord pour admettre qu'ultimement nous sommes tous religieux en ce que que nous nous interrogeons tous sur le sens de notre condition humaine et chacun d'entre-nous est libre de définer sa démarche personnelle, c'est pour moi le sens de la liberté religieuse. La majorité trouve leur réponse dans l'enseignement des grandes religions traditionnelles, d'autres explorent les religions orientales ou nouvelles... certains dont je suis emprunte d'autres voies. Dieu est unique mais il a plusieurs personnalités régionales et semble en conflit avec lui-même? Serait-il paranoîaque ? ou est-ce nous qui le devenons à force d'essayer de le comprendre ? En fait la voie qui me convient le mieux en tant que scientifique est celle traçée par Einstein résumée par le texte ci-joint.

Einstein en étudiant l'univers transcende l'aspect matérialiste pour en rechercher la beauté et la mystique. Il disait la science nous apprend peu de choses mais c'est le bien le plus précieux que nous possédons. La science n'est pas une religion c'est une approche de philosophie naturelle. Elle n'est pas militante, elle ne nous dicte pas nos façons de penser, de nous habiller et ses seules symboles sont ...mathématiques, une branche de la science purement immatérielle! Même si elle est critique, elle est ouverte aux religions...mais toutes les religions ne sont pas ouvertes à la science qui préfèrent les supertitions ! Cela ne m'empêche pas de respecter l'approche et les croyances religieuses des autres même si j'y exerce avec malice mon esprit critique !

Je concède que j'ai été volontairement provocateur pour Duplessis et le crucifix et pousser un peu loin mon sens de l'humour; mais à bien y penser, encore aujourd'hui qui saurait mieux défendre ce symbole hors de l'assemblée nationale que cette bête politique que fut Duplessis ? Un politicien que je qualifierais de despote habile, manipulateur et éclairé ! J'ai été élevé dans une famille d'allégeance libérale et bien sur il était considéré sommairement à l'époque, surtout à Montréal, comme l'artisan de la grande noirceur avec la complicité de l'église. Aujourd,hui, je fais une toute autre lecture historique de ce politicien. Sa mémoire a été réhabilité et ses politiques récupérés par le PQ ( un allié improbable ? ) pour avoir été le premier à défendre les intérêts du Québec face à Ottawa. Curieusement aujourd'hui le PQ et la CAQ vise cette clientèle électorale des régions de la défunte Union Nationale en supportant avec des nuances le projet de charte !!! Brian Mulroney malgré quelques affaires douteuses qui ont entâché sa réputation a été pour moi un autre grand homme politique. C'était un homme de vision, d'audace, d'action et sincère dans sa démarche de réintégration du Québec dans la famille canadienne.

Finalement en tant que québécois, ce qui m'agace avec le multiculturalisme canadien est que l'on nous demande d'être ouvert et inclusif dans l'intégration des immigrants et de leurs valeurs mais dès que le Québec exprime ses différences culturelles nous devenons pour les reste du Canada, le ROC, une communauté aux valeurs archaïques et intolérantes qui fait le bonheur des manchettes des journeaux pan-canadiens ! Nos valeurs sont-elles inférieures à celles de nos compatriotes et des nouveaux arrivants ? Sommes-nous moins accueillants, plus xénophobes ? Par contre se pourrait-il aussi que nous ayions des valeurs plus profondes marqués par 400 d' histoire ?

Cordialement

Antoine

Claude Dupras a dit…

Antoine

Je viens de lire ton commentaire sur l’article de M. Poirier de La Presse et tes bons mots ;-) sur Maurice Duplessis.

Tu le traites de despote et de manipulateur laissant entendre qu’il usait de son poste de PM pour gouverner de façon insidieuse avec un pouvoir absolu et arbitraire. Je crois que tu le connais mal. Il a été élu par les Québécois et Québécoises en 1936, 1944, 1948, 1952, 1956. Il a été battu en 1939 à cause de sa position face à la guerre et à celle du ministre fédéral Ernest Lapointe qui menaçait de démissionner et de ne plus défendre les Québécois contre la conscription possible que voulait Mackenzie King si Duplessis était réélu.

Durant ses années au pouvoir, le gouvernement de l’Union Nationale de Duplessis a transformé le Québec. Le Québec a été électrifié à 98% (il l’était dans les environs de 40%), 5 000 milles de route ont été pavés, une école par jour à été construite en moyenne pendant les 16 ans de pouvoir, samedi et dimanche inclus ; le crédit agricole a été créée éliminant finalement avec le temps la pauvreté qui affligeait nos campagnes, 144 hôpitaux ont été construits, la faculté des sciences de Laval et l’université de Sherbrooke ont été crées et construites, les instituts techniques, les écoles d’agricultures… ont été lancés et mis en place, la première autoroute du Québec a été réalisée ainsi que le barrage de la Manicouagan, l’université de Montréal a été construite sur la montage, Polytechnique a entrepris la construction de sa nouvelle École près de l’U de M, les écoles normales ont été construites, etc…. etc… etc… et tout ça en diminuant la dette à ZÉRO. Petit à petit, nous pouvions nous comparer avec nos voisins de l’Ontario. Mais quelle sorte de province était donc le Québec d’avant Duplessis ?

Puis, le Québec renforcé, Duplessis a poussé sur l’autonomie du Québec. Cela a pris du temps mais le Québec, grâce à l’absence de dette, était devenue en position de pouvoir attendre même si cela lui exigeait de se serrer la ceinture encore. On s’est moqué de lui avec son autonomie jusqu’au jour où il a finalement convaincu Louis Saint Laurent de reconnaître le nouvel impôt provincial, voté à l’Assemblée législative, et de permettre la déduction de l’impôt fédéral. Le principe accepté, la porte était ouverte. Par la suite de PM en PM, Québec a gagné des points d’impôt pour atteindre aujourd’hui presque 50% des impôts collectés directement par le gouvernement du Québec.

Sans la dette à zéro, Jean Lesage aurait-il pu lancer tous ses projets dont la nationalisation de l’électricité des compagnies d’électricité privées. Il a fait beaucoup de choses mais il a emprunté, emprunté, emprunté... Toi ou moi, sans restriction d’argent, pourrions aussi dépenser beaucoup et faire de grande choses. C’est trop facile… Je ne veux rien enlever à Lesage, mais je veux placer cela dans le contexte financier du Québec du temps

Certes, Duplessis n’était pas parfait et s’est accroché les pieds souventes fois dans les fleurs de tapis, mais il était un homme intelligent, sincère, sensible, honnête et de vision qui aimait le Québec et qui savait gouverner. Il était aimé. Il est mort pauvre. Et pour le remercier, les libéraux ont caché sa statue dans un entrepôt pendant des années pour justifier l’antiduplessisme qu’ils avaient créé. Çà pris l’ouverture d’esprit d’un René Lévesque pour l’installer enfin sur la colline parlementaire dans un endroit de choix.

Un despote, sûrement NON. Un manipulateur insidieux, NON. Un homme politique sérieux, habile, aimé des masses et qui avait une vision pour pour le sortir le Québec des temps difficiles qui l’affligeaient, OUI. J’ai toujours pensé et dit que c’était avant tout un homme d’actions et je crois que son bilan le démontre clairement.

Claude