Barak Obama a fait de l’environnement un des importants piliers de sa campagne électorale qui l’a mené à la Maison Blanche. À ce jour, Obama déçoit ses plus ardents supporteurs. Il n’agit pas comme espéré et semble vouloir se limiter à trouver des compromis entre Démocrates et Républicains. Il désappointe le peuple américain et particulièrement son électorat. Ses appuis sont tombés à 40% dans le plus récent sondage Gallup et la tendance est à la baisse. Le New York Times vient d’affirmer dans sa page éditoriale que Barak Obama ne gouverne pas. Cela n’augure pas bien pour sa réélection.
Du côté positif pour Obama, il y a le fait que le parti républicain soit embourbé avec le tea party et la droite évangéliste du pays. Cela se reflète sur la qualité des candidats en lice pour représenter le parti républicain à la prochaine élection présidentielle. Ils ne sont pas présidentiables sauf une exception, Mitt Romney. Et même ce dernier contredit son excellent passé de gouverneur du Massachusetts en se repositionnant, particulièrement sur le programme de santé, pour chercher à obtenir le plus d’appuis possibles des républicains qui s’opposent à l’Obamacare. La course, qui vient de débuter dans l’Iowa, met en évidence cette bande de bouffons politiques. Il me semble impensable que le peuple américain choisisse l’un d’eux pour devenir le prochain président. Mais, dans les circonstances économiques actuelles, qui sait…
Le département d’État américain doit émettre dans les prochains jours son analyse du projet de pipeline Keystone XL, qui doit traverser la frontière canado-américaine et six états américains pour transporter du nord de l’Alberta au Texas, chaque semaine, des millions de barils de pétrole brut provenant des sables bitumineux. Dès la remise de ce rapport, le président Obama aura 90 jours pour déterminer si le projet est d’intérêt national et s’il l’autorisera. Cette décision n’a pas à être ratifiée par le Congrès américain.
Les environnementalistes de tous les États américains veulent modifier les activités humaines qui génèrent les changements climatiques de notre planète. C’est pour cette raison qu’ils sont contre l’exploitation des sables bitumineux. Ils s’organisent pour convaincre Obama de refuser la construction du pipeline. Ils comptent en grande partie sur le pouvoir de la popularité des stars d’Hollywood pour accentuer le mouvement de protestation. Appuyés par le producteur James « Titanic, Avatar » Cameron, l’acteur mis en nomination pour un Oscar Mark Ruffalo, la canadienne Margot Kidder, l’acteur Danny Glover et une pléiade d’autres, ils convergent vers Washington pour un sit-in prévu jusqu’au 3 septembre. Ils disent vouloir organiser durant les deux prochaines semaines un grand mouvement de désobéissance civile. Ils se disent prêts à être arrêtés et emprisonnés pour faire valoir leur opposition au pipeline.
De leur côté, les compagnies pétrolières et le gouvernement du Canada ont engagé des milliers de lobbyistes pour convaincre la population américaine et presser ainsi Obama d’accepter leur projet. Pour eux, comme pour le premier ministre canadien Stephen Harper, les changements climatiques ne sont qu’une vaine imagination, une illusion et une utopie inventées par les socialistes. Déjà, et sans surprise, le parti républicain a signifié son approbation de la construction du pipeline. Ce sera une lutte serrée.
Ce n’est pas une décision facile à prendre pour Obama. Une chose est certaine, c’est une occasion pour lui de redynamiser ses partisans. S’il dit NON au projet, ces derniers seront enfin heureux d’avoir voté pour lui car il aura prouvé qu’il veut vraiment protéger l’environnement.
Par contre, il devra évaluer les aspects négatifs d’une telle décision : la perte de nouveaux emplois générés par la construction de cet immense projet au moment où le pays en réclame à haute voix; la continuation possible des augmentations des prix à la pompe; le maintien du joug des producteurs arabes de pétrole sur les USA alors que les Américains plaident pour se défaire de cette contrainte morale; l’augmentation des contributions financières du monde pétrolier à ses adversaires politiques qui sont passionnément pour le projet alors que l’élection présidentielle est dans 15 mois; la détérioration des relations diplomatiques canado-canadiennes puisque le Canada tient mordicus à ce pipeline pour augmenter ses revenus; etc.
Pour nous Canadiens, c’est aussi difficile de choisir. Plusieurs d’entre nous combattons depuis longtemps l’exploitation des sables bitumineux canadiens, situés en Alberta. C’est la plus grande réserve de pétrole au monde et dépasse celle de l’Arabie Saoudite. Le malheur est que pour produire trois barils de nouveau pétrole, on doit en brûler deux et tous les rejets de gaz à effet de serre (GES) vont directement dans l’atmosphère alors que les autres résidus, tel le carbone, trouvent leur chemin vers la grande rivière Athabaska et le lac du même nom. L’importante forêt boréale canadienne est gravement attaquée. Cela fait de notre pétrole un « pétrole sale ».
Les Albertains en ont bien profité. Leur gouvernement a éliminé totalement sa dette, diminué considérablement ses impôts, augmenté les services à la population et vu celle-ci augmenter considérablement. Le Québec a aussi bénéficié de l’augmentation de la richesse de l’Alberta car cela a fait croître les paiements de péréquation qu’il reçoit du Canada. Par contre, lorsque le prix du pétrole baissa en 2009, l’exploitation devint non économique. Certaines compagnies firent faillite et les Albertains furent surpris par un déficit important. Depuis, les choses se sont rétablies.
Le président Barack Obama a juré de combattre le réchauffement climatique et lors d’une rencontre avec Harper à Ottawa, il s’est entendu avec le PM canadien pour que l’exploitation future des sables bitumineux change et que les carbones soient enterrés afin de protéger l’environnement. À cette condition, il semble que les USA soient intéressés à acheter notre pétrole qui serait alors qualifié de propre.
Cela démontre que nous avons commencé prématurément l’exploitation des sables bitumineux, motivés que nous étions par les revenus extraordinaires qu’elle apporte au pays. Heureusement, depuis, suite à la pression des environnementalistes du monde, de blogueurs et des acheteurs, les exploiteurs ont considérablement amélioré leurs méthodes d’extractions. Mais il y a encore beaucoup à faire.
Tous les Canadiens peuvent obtenir des avantages financiers encore plus importants de cette exploitation. Lorsqu’on connaît les difficultés financières de nos gouvernements fédéral et provinciaux pour maintenir et améliorer le filet social qui protège notre population, nos déficits grandissants et notre dette combinée provincial/fédéral toujours croissante, nous sommes tentés d’être favorables à l’exploitation puisque nos générations futures en profiteront grandement et deviendront riches.
L’exploitation des sables bitumineux est une très grosse entreprise. Elle durera plus de cent ans. Il est temps d’agir de façon responsable. Nous nous devons de poser les actes nécessaires, comme la construction de centrales nucléaires pour chauffer l’eau au lieu d’utiliser le pétrole afin de diminuer les GES. Nous devons accélérer l’utilisation de tous les moyens techniques pour protéger la faune de notre forêt boréale, de la rivière et du grand lac Athabaska.
Quant au pipeline vers les USA, je suis favorable à sa construction si le président Obama, obtient la garantie du Canada que le pétrole qui ira vers son pays sera du « pétrole propre ».
Claude Dupras
1 commentaire:
Les Républicains acceptent le projet du pipeline lorsqu’ils savent très bien que ça va mettre Obama dans l’embarras. En réalité, la réponse doit venir de Harper. S’il s’engage, tiendra-t-il parole? On dit que c’est l’argent qui parle, si oui, le pipeline sera construit après avoir pris tous les moyens pour que notre pétrole soit propre.
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