La flottille de Gaza devient un évènement annuel. Suite à celle de l’an dernier, la riposte armée d’Israël a attiré les regards réprobateurs du monde entier. Face à ce succès médiatique, une nouvelle flottille s’est regroupée en Grèce, cette année, pour un nouveau départ vers la bande de Gaza. Un bateau est déjà en route. D’autres ont été sabotés et les équipages travaillent à réparer les dégâts. C’est le moment où les activistes qui s’inquiètent du sort des Palestiniens de ce territoire-prison, qu’est la bande de Gaza, s’extériorisent et posent des gestes concrets pour faire valoir sur les Unes des journaux du monde le triste sort des Gazaouis qui vivent un cauchemar interminable dans leur pays.
Gaza n’est pas un endroit comme les autres. Elle contient 1,5 millions de personnes dont le tiers vit toujours dans des camps de réfugiés et un autre tiers vit hors-camp et est constitué de réfugiés venant du territoire palestinien occupé par Israël. Cette population est jeune puisque 60% d’entre elle a moins de 18 ans.
Les Gazaouis ont élu en 2007, le mouvement islamiste Hamas pour les diriger, mettant de côté le Fatah, le parti de leur ancien chef Arafat.
Plusieurs actes de terrorisme contre Israël ont été attribués au Hamas. Mais celui-ci justifie ces gestes comme étant une réponse aux attaques de l’armée israélite. Des roquettes home made continuent à être lancées sur le peuple juif. Mais la révolte égyptienne et le printemps arabe ont fait changer beaucoup de choses. La plus importante est l’accord du Hamas à participer à un gouvernement d’union nationale avec le Fatah pour négocier une paix avec Israël. Cette unité ne fait pas l’affaire d’Israël et son PM Netanyahou la dénonce en affirmant ne pas vouloir dialoguer avec des terroristes (qualificatif arbitraire fort discutable). En réalité, c’est un prétexte indéfendable de sa part, si on en juge par le passé.
Pendant ce temps, les Gazaouis souffrent. Leurs familles n’ont pas tout ce qui leur faut pour une vie normale, assurer l’éducation minimale et une bonne santé à leurs enfants. Malgré les marchandises, les médicaments et les denrées que livre Israël, c’est fortement insuffisant. D’ailleurs de nombreux tunnels illicites ont été construits par les jeunes Gazaouis entre l’Égypte et la bande de Gaza pour faire entrer toutes sortes de marchandises afin d’améliorer la qualité de vie de leur milieu.
De plus, jusqu’à il y a à peine quelques semaines, la bande de Gaza était une prison fermée. Heureusement, le nouveau gouvernement d’Égypte a ouvert sa frontière adjacente à la bande de Gaza pour laisser circuler les Gazaouis hors de leur territoire. Mais l’écoulement du trafic n’est qu’au compte-goutte.
À toute fin pratique, la flottille est symbolique car la quantité de médicaments et autres produits qu’elle peut apporter à Gaza est minime par rapport aux besoins. Ses promoteurs-activistes veulent en réalité casser le blocus naval imposé à la bande de Gaza par Israël. Ils veulent mettre en relief, dans l’esprit des citoyens du monde, cette situation irraisonnable qui est imposée à un peuple qui en souffre énormément.
Ce qui me choque le plus, c’est le phénomène nouveau de certains observateurs, journalistes ou politiciens de droite dans le monde, comme le québécois Eric Duhaime, qui critiquent publiquement les organisateurs de la flottille, leur reprochent de provoquer inutilement le gouvernement d’Israël et inventent des théories ayant pour but de déprécier leurs efforts d’aide aux Gazaouis.
Ils affirment que l’opposition d’Israël à cette flottille est bien connue et qu’il réagira vivement pour l’arrêter. C’est vrai. Mais ils ridiculisent les activistes, les traitent de tous les mots et les associent à une série de terroristes qui font la pluie et le beau temps au Moyen-Orient.
Pour les critiques, les promoteurs-organisateurs-activistes ont des ambitions politiques et utilisent la flottille à d’autres fins que l’aide humanitaire. Ils soulignent que ses leaders travaillent en harmonie avec le Hamas qu’ils qualifient d’être l’aile palestinienne des Frères Musulmans. Ils affirment que la coordination militaire des Frères est à Damas, capitale de la Syrie du président Bashar Assad contre qui le peuple syrien se soulève actuellement. Ils rappellent les nouveaux camps de réfugiés créés aux frontières de la Syrie et de la Turquie qui, soulignent-ils, est aussi sympathique aux Palestiniens. Ils demandent aux activistes qu’elle est leur position face à Assad.
Puis, ils soulignent que l’Hezbollah, autre parti islamiste qui a sa propre armée au Liban, est actif en Syrie, que quatre associés séniors du Hezbollah ont été identifiés récemment par l’ONU comme étant responsables de l’assassinat de l’ancien PM libanais Rafik Hariri et qu’ Hezbollah ne collabore pas avec l’ONU et appuie inconditionnellement le régime Assad qui en plus reçoit une aide précieuse de l’Iran.
Donc, pour ces critiques de droite, les activistes, dont un membre de Québec Solidaire, aident le leadership du Hamas qui est compromis avec l’axe Téhéran-Damas. Alors que la demande de démocratie éclate dans les pays arabes, ils accusent Hamas de promouvoir un gouvernement théocratique et de vouloir ainsi maintenir l’atmosphère de prison dans la bande de Gaza.
Ils soulignent que seul le Hamas s’est offusqué de l’assassinat d’Osama Ben Laden. Et ils se posent la question, pourquoi les activistes ne commentent pas ce fait.
Ils reprochent au Hamas d’avoir adopté un programme politique tenant compte du Protocole des Sages de Sion. Ce document raciste et antisémite est un faux reconnu. Il explique la conquête du monde par les juifs et les francs-maçons. Écrit par un russe, le tsar le rejeta comme étant une fabrication mais Hitler y fit référence sans son livre Mein Kampf pour faire croire au complot juif, et en fit un des instruments de propagande du Troisième Reich. Pourquoi, demandent les critiques, les activistes qui défendent les droits de la personne ne commentent pas sur cette position du Hamas ?
Ce que je reproche à ces critiques, c’est d’affirmer que le vrai bénéficiaire des manifestations de la flottille sera le Hamas et chercher à nous convaincre de s’y opposer en l’identifiant à tous les « méchants » du Moyen-Orient. Même s’il y a du vrai dans tout cela, ça sent quand même la propagande à plein nez.
Les critiques oublient la nouvelle union Fatah-Hamas. Ils oublient le vent démocratique qui emporte les pays arabes un à un. Ils oublient surtout que le blocus naval crée des souffrances inutiles à un grand nombre d’innocents et qu’il doit être levé.
Israël craint, avec raison, que des armes entrent en Palestine si le blocus n’existe pas. Elle peut sûrement, avec l’aide de l’ONU, établir des contrôles efficaces pour éviter cela et permettre aux Palestiniens de recevoir ce dont ils ont besoin pour vivre décemment. Il est raisonnable de penser que la flottille presse les Israéliens à chercher une solution à ce problème humain et cela est positif.
La flottille de Gaza a atteint son objectif. Même si aucune embarcation ne peut se rendre là-bas, les médias en ont fait une grande nouvelle qui a marqué encore une fois l’imagination des peuples du monde. Israël n’en sort pas gagnant car la pression s’accentue sur lui. C’est l’important, si on veut qu’une vraie paix soit trouvée et implantée au Moyen-Orient.
Claude Dupras
3 commentaires:
La droite israëlienne est dégueulasse et irresponsable, on s'entend. Mais jusqu'ici, ça marche!
Mais la vraie question dans cet éternel conflit n'est-elle pas ,comment se fait-il que les cousins riches des palestiniens n'ont jamais rien fait de sérieux, et ouvertement? Quand même pas par peur des américains!!
On est toujours un peu victimes de la 'rectitude politique', et de ses faussetés, systématiques, non?
100% d'accord
Il y aura toujours quelqu’un pour critiquer ce qui se fait pour aider les malheureux dans le besoin. Principalement les plus jeunes qui n’ont pas les moyens financiers , encore moins techniques pour se sortir du gouffre. C’est la même chose partout, plus les gens sont dans le dénuement, plus on les agresse. Si un bateau a pu se rendre sur les lieux cette année, c’est bon signe, c’est appelé à continuer si les médias agissent pour que le but de cette flottille se réalisent, c’est-à-dire la paix entre les deux antagonistes. Mais ce n’est pas pour demain!
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