mardi 3 mai 2011

The conservatives are coming !

L’élection générale canadienne a produit un résultat exceptionnel : un gouvernement conservateur majoritaire; une opposition néo-Démocrate; un Parti Libéral décimé, un Bloc Québécois éliminé et un Parti Vert enfin représenté au parlement.

Le Parti Conservateur du Canada (PC) a réussi l’impossible. Il a gagné une majorité de députés à la Chambre des Communes sans le Québec où il a vu cinq de ses onze députés sortant-de-charge perdre leurs sièges. Trois de ses principaux ministres québécois, dont Lawrence Cannon, vice-premier ministre et ministre des Affaires Extérieures du Canada, ont été défaits Pour une première fois, un parti fédéral a gagné une majorité au Parlement, sans le Québec. C’est tout un tour de force qu’ont réalisé Stephen Harper et ses stratèges politiques. Le PC devait gagner 67% des sièges hors Québec pour atteindre une majorité parlementaire. Réussir cet objectif dans un pays aussi vaste que le Canada, avec une population aussi diversifiée et un paysage politique aussi différent d’une région à l’autre, constitue un tour de force politique hors de l’ordinaire. Finalement, le PC a recueilli 165 sièges, soit dix de plus que la majorité. Même sans ses six élus du Québec, le PC a maintenant 159 députés, soit quatre au dessus de la barre de la majorité. Il peut donc gouverner sans le Québec.

Le Parti Néo-Démocrate (NDP) a aussi connu une soirée électorale unique. La vague de support au parti, prévue par les sondeurs politiques, s’est transformée en un véritable tsunami politique au Québec. Ce parti qui n’avait jamais eu plus d’un député québécois, se retrouve aujourd’hui avec 56 députés sur un total possible de 75. Son chef, Jack Layton, a fait une campagne électorale exceptionnelle. Avec un budget très limité, il a réussi l’impossible. Il a su toucher la corde sensible des Québécois et leur montrer que leur avenir politique se retrouve dans un parti national, un parti fédéraliste. L’handicap, c’est qu’ils se retrouvent dans l’opposition officielle. Donc, loin du pouvoir et de la possibilité de générer les grandes décisions, puisque le parti au pouvoir est majoritaire. Mais cela n’est pas la fin du monde.

La majorité des Québécois ne pouvait faire autrement puisqu’elle n’acceptait pas les politiques et les orientations extrêmes du PC. Le vote stratégique des Québécois a été de renforcer l’opposition sociale-démocrate pour freiner la dérive vers la droite où veut l’entraîner le PC. Ils ont eu raison et avec le NDP, ils réussiront peut être non pas à faire fléchir les politiques du PC, dans un avenir rapproché, mais, petit à petit, à ramener l’opinion publique canadienne vers le centre du spectre politique. Ce qui compte, c’est le temps. C’est l’avenir.

Le gouvernement PC sera au pouvoir un peu plus de quatre ans. C’est vite fait et c’est une période courte dans la vie d’un peuple. Durant ce temps, ceux qui ne sont pas de la droite de la droite, pourront ramener le bons sens dans le débat politique canadien. Je ne suis pas de la gauche, mais du centre-droit, et je me sens confortable de m’associer avec les gens de gauche du NDP pour atteindre cet objectif. Je crois que cette position est essentielle pour corriger le tir du PC qui fait trop american republican party.

Le Bloc Québécois (BQ) nous a cassé les oreilles avec ses lamentations et ses exagérations depuis trop longtemps. Ses grands discours, ses accusations à tout vent, ses gémissements et ses cris contre tout ce qui était de nature fédérale, n’ont mené à rien pour le Québec. Enfin, mes compatriotes ont vu clair et ont conclu : « assez, c’est assez ». De 43 députés, le BQ se retrouve à quatre députés. Ce qui est plus grave pour lui, c’est qu’il n’est plus reconnu comme un parti politique canadien (minimum de 12 députés) et qu’il perd les subventions annuelles de plus de 3 millions de $ (86% des revenus totaux du BQ) que lui accordait le gouvernement canadien. Il était temps que cesse cette absurdité.

Le malheur de cette déconfiture du Bloc est le sort réservé à son chef Gilles Duceppe. Ce dernier est un vrai patriote qui a mis son intelligence et sa santé au service de notre nation québécoise. Il l’a fait en gentleman et il mérite toute notre affection et notre reconnaissance. Même si je n’ai jamais été en accord avec ses objectifs, j’ai toujours gardé une admiration réelle envers Gilles Duceppe. J’aurais bien aimé, qu’avant cette élection, il passe le flambeau du leadership à un autre et mette fin à sa carrière politique fédérale. Il en serait alors sorti avec tous les honneurs. Malheureusement, aujourd’hui, il a dû démissionner devant l’amère et écrasante défaite de ses troupes et en sort humilié. Il ne méritait pas cela.

Le parti libéral du Canada (PLC) a subi une défaite démoralisante. Il s’est effondré. Depuis le scandale des commandites, qui continue à le hanter, le PLC souffre. Son chef Mikael Ignatieff a fait une bonne campagne, mais il a démontré qu’il n’est pas un politicien. Et, le succès politique appartient aux politiciens. C’est malheureux, mais c’est comme çà. Le PLC sort de l’élection avec le plus bas score depuis toujours, 34 députés au Canada dont seulement six au Québec. Alors qu’encore récemment, ce parti était reconnu comme le parti de la gouvernance au pays, le voilà relégué aux limbes politiques canadiennes. Il souffre toujours du scandale politique qui a marqué le gouvernement Chrétien et son étiquette « parti libéral », au Québec surtout, l’afflige. Seul le temps l’aidera. Ignatieff a démissionné aussitôt de son poste et le PLC repart à la recherche d’un nouveau chef.

Je demeure convaincu que le PLC a jugé trop vite son ancien chef Stéphane Dion qu’il a blâmé du piètre résultat lors de la dernière élection. Le résultat de celle d’hier est encore pire que celui de Dion qui avait fait élire 77 députés. Je garde un grand respect pour ce dernier, car j’ai la conviction que le Canada a perdu, en sa personne, un leader intelligent, dédié, sincère et grand.

Le Parti Vert (PV) a enfin fait élire son chef à la Chambre des Communes. Mme Élizabeth May a obtenu la confiance des électeurs du comté Saanich-Gulf Islands de l’ouest canadien, près de Victoria. Ils lui ont donné une très belle majorité. J’en suis très heureux. Mme May est une personne renseignée, charismatique, émotive, éloquente, persuasive et dédiée à la cause de l’environnement. Au parlement, elle sera une porte-parole extraordinaire devant le PM Harper pour discuter des effets désastreux de l’exploitation des sables bitumineux de l’Alberta. Le PM a démontré dans le passé qu’il est insensible aux revendications des écologistes. Enfin, il y aura au parlement, une personne capable et crédible pour lui faire face.

Les Canadiens viennent de vivre une élection extraordinaire à laquelle on référera souvent dans l’avenir. L’histoire du Canada raconte que les Québécois ont toujours été les vrais leaders de la politique nationale et, encore un fois, j’ai l’impression qu’ils agissent ainsi. L’intérêt supérieur de notre pays n’est pas de se tourner vers la droite de la droite, là où veut-nous entraîner notre PM Harper. Malheureusement aujourd’hui, nos compatriotes canadiens des autres provinces, ont été amené à pencher de ce côté. L’unité que les Québécois viennent de manifester en concentrant leur vote sur le NDP, un parti fédéraliste, démontre qu’ils veulent combattre sur le même niveau que les Conservateurs. Il est vrai que nous sommes généralement très sociaux-démocrates et que le NDP répond à beaucoup de nos valeurs. Mais il y a plus dans notre geste.

Nous recherchons des politiques de bon sens, des politiques qui répondent à nos aspirations et je dirais même à celles de tous les Canadiens. Ce ne sont pas les machines politiques des grands partis qui nous impressionnent. Nous venons de le démontrer en élisant au Québec, tous les candidats d’un parti dont la majorité, pensant être battue d’avance, n’a même pas fait de campagne sérieuse pour être élue. Nous avons élu des étudiants comme députés, un anglophone qui ne parle pas le français dans un comté 100% francophone, une députée qui était à Las Vegas durant la période électorale, une autre qui était en voyage en France et qui doit revenir pour accepter son mandat, etc… Ce qui comptait c’était le message.

The conservatives are coming… Il faut les aider à bien faire les choses, à notre goût.

Claude Dupras

9 commentaires:

Alain Beaulieu a dit…

Je n'ai jamais compris pourquoi le Bloc a existé, son existence même n'avait pas de sens, le Bloc Québecois au fédéral, je refuse de croire que c'est possible. Il n'y a pas beaucoup de pays dans le monde qui permetteraient une telle chose

Gaspard Fauteux a dit…

Jugeant par L'ampleur de la victoire au Québec du NPD ton dernier blogue a influencé plus de monde que j'aurais cru. Tes commentaires sur le résultat venant d'un vieux Bleu qu a tourné vers l'orange seront intéressant à lire.

Philippe Ordones a dit…

En démocratie, c'est le peuple qui a le dernier mot. Et oui, plusieurs pays permettent à des partis prônant la souveraineté d'être présent dans l'arène politique, ne serait-ce qu'au Royaume-Uni et la Belgique. »

Jean-Pierre R. a dit…

Tu avais vu juste sur toute la ligne. Le seul bémol il est vrai est l’isolement politique du Québec sur la scène nationale du Canada. Quatre ans c’est peu,oui mais c’est quatre ans quand même. Le P.C avec sa  victoire probante va-t-il  vraiment infléchir sa politique et prêter une oreille favorable aux thèses  du NDP ?  J’en doute vu le renforcement des thèses droitières dans le monde occidental actuel .

Louise T. a dit…

Vous trouvez que c’est un vote extraordinaire, vous !

Tous les petits moutons bêêêêêêlant ont voulu donner une leçon aux autres partis ?

Ce qui fait que dans le comté de Berthier, voisin du mien ... ils ont élu une fille unilingue anglophone, qui n’a pas été dans le comté de toute la campagne (même pas une tite affiche sur un poto) et qui est et fut à Las Végas pendant tout ce temps - Ils l’ont élue avec 4000 voix de majorité ! La fille veut pu revenir au Québec, elle se dit : They are crazy those quebecers !!!! What will I do !!!!! I’m gone a get my Green Card and leave this dam country of nobodies !!!!

bêêêêêêê répondirent les petits moutons en pleurant sur leur triste sort ! (ça hurle dans les chaumières et les maires des villes de ce comté n’ont plus de voix tellement ils crient fort !) Et dans mon comté..... on a foutu Pierre Paquette du Bloc qui était un SUPER BON DÉPUTÉ pour élire une fille qui est présidente de L’AFÉAS de Crabtree entre autres grandes missions ! Bêêêêêêê dirent tous les petits moutons lanaudois, sortons nos tricots, en 4 ans on va avoir le temps de se tricoter un zoli foulard pour se réchauffer du fret qu’il va faire !!!!


Mon voisin et SA FEMME BIEN ENTENDU – on vote pas contre son mari – ont voté la tricoteuse parce qu’ils étaient certain que Paquette entrerait haut-la-main - ben il s’est fait sortir HAUT-LES-MAINS !


On a que ce que l’on mérite !!!! bêêêêêêêêêêêêêêê, prout ! un mouton a ben le droit de péter !!! eh oui ça pue ! pis ? on aime ça manger dla marde !!!



Et Marois qui nous arrive avec la séparation hier ! ÉCOUTE MAROIS, tu es aussi loin de la séparation présentement que de la classe ouvrière dont tu ne fais pas partie !!!!


On va voir dans 4 ans - si le Canada ne nous a pas renvoyé (vomi) peut-être qu’on pourra rester avec eux - je préfère ça à vivre dans un État bêêêêêêêlant !!!



Je regrette de vous écrire ceci mais franchement... je ne vois rien de glorieux et encore moins d’extraordinaire à ce qui se passe !!!!

Louise qui voit “rouge” !

Claude Dupras a dit…

Louise

Je comprends votre déception et je la partage quelque peu en rapport avec la qualité de certains députés NDP nouvellement élus.

A qui la faute ? Certainement à Harper qui se montre si éloigné de la pensée québécoise sur un très grand nombre de sujets. Aussi à Ignatieff qui même s’il a fait de bons discours de fond n’a pas su toucher les électeurs. Quant à Duceppe et le Bloc, ils n’ont fait qu’erreur après erreur et n’ont pas compris l’état de pensée des Québécois et Québécoises en entrant dans la campagne électorale. Ces chefs n’ont qu’eux-mêmes à blâmer.

Nous avons chacun notre objectif lors d’une campagne électorale et on cherche la solution. Cette année, c’est Jack Layton qui avait la réponse. Les Québécois et des Québécoises en grand nombre et de toutes les régions du Québec l’ont compris et ont réagi de la même façon. Quant à Jack, il a été parfait. Je suis certain qu’il a été le premier surpris. La preuve est la faiblesse de plusieurs de ses candidats. Le NDP, ne pensant pas qu’ils avaient des chances de gagner, ne leur a pas donné des sous pour faire une campagne raisonnable. C’était des gens qui aidait le parti en acceptant de placer leur nom comme candidat dans leur comté. Quelle surprise pour eux de se retrouver au parlement avec un salaire de 156 000$ par an, plus les dépenses. Ils ont gagné la loto….

Ce n’est pas la première fois que cela arrive.

Quant à moi, je suis heureux que le Bloc ait disparu puisque, à mon avis, il n’apportait rien aux Québec, sauf des paroles en l’air. D’ailleurs leur slogan « Parlons Qc » en promettait encore d’autres. Assez, c’est assez.

Ne vous en faites pas , le temps arrange les choses.

Liane a dit…

Nous voici avec un gouvernement majoritaire! Comme monsieur Harper est entêté ( un vrai Républicain ) il verra à ce que rien ne s’oppose à ses ambitions. Ce qu’il décidera sera donc exécuté. Et le Québec dans tout cela? Que nous réserve-t-il. Allons-nous être oubliés dans ses décisions? Je veux bien lui donner sa chance et j’espère qu’il sera équitable envers toutes les provinces. Je me méfie! Une fois au pouvoir, c’est du pareil au même! Quatre ans, c’est court dans une vie (oui et non ) mais ça peut être long aussi si rien ne va plus. Alors, espérons pour le mieux!

PG a dit…

Petits problèmes mon cher Claude
 
Le cheuf est entouré d’hellènes montréalais dont la culture et les acquaintances me laissent plus que songeur. Harper aura bientôt un pouvoir absolu permis aussi par la paresse des médias qui bien que bafoués par lui et son équipe continuent à le supporter. Tu verras ce qui va se passer à la cour suprême, à Patrimoine canadien et à Radcan.
 
À mon sens, les québécois ‘anti-Harper’ se sont de nouveau tirés dans le pied : il EST majoritaire, comme tu le dis sans le Québec et on va le sentir! Au Québec, pour paraphraser Laurier, la politique, c’est du théâtre.

Liane a dit…

Pourquoi être si pessimistes? Vous savez bien que monsieur Harper est prêt à nous accueillir dans son giron. Après tout, nous sommes tous canadiens, de différentes couleurs il est vrai mais telles nos placards que nous changeons de temps en temps. Alors! Nous devrions organiser une grande fête pour l’occasion, c’est-à-dire accepter ce qui est. Nous n’y pouvons rien de toute façon! Attendons les événements et bonne chance au Québec.