Suite à la promesse électorale du premier ministre conservateur Stephen Harper de garantir un prêt de 4,2 milliards $, ou un soutien financier équivalent, à Terreneuve pour le financement du projet hydroélectrique du Bas-Churchill au Labrador, le Québec entier se déferle contre cette proposition qu’il considère inéquitable.
La proposition du parti conservateur (PC) n’est de toute évidence qu’une politique strictement électorale puisque le président directeur-général de NALCOR (équivalent terreneuvien de HQ) a déclaré le mois dernier, devant un comité sénatorial : « le projet est rentable et peut être mis en œuvre sans garantie de prêt ».
Le gouvernement québécois rappelle qu’Hydro-Québec (HQ) n’a jamais reçu d’aide d’Ottawa pour construire son réseau de centrales et de transport d’électricité, que la nouvelle aide fédérale affectera à la baisse le prix de production du KWH de NALCOR et que cette dernière vise les mêmes marchés que l’HQ : les provinces maritimes canadiennes et la Nouvelle-Angleterre.
Le PM Charest ne s’est jamais opposé à ce que Terreneuve développe son énergie et a offert les lignes d’HQ pour son transport. Il reproche, avec raison, au PM canadien d’intervenir, pour des raisons électorales, sur le marché libre de la production et de la transmission d’hydroélectricité. Ce qui est de toute évidence injuste et inacceptable.
Dès l’annonce de la nouvelle, le chef du Bloc Québécois s’est montré furieux et est monté dans les rideaux ! Il a accusé le parti conservateur d’agir contre les intérêts du Québec et comme solution, a proposé, « nous avons besoin de députés qui parlent développement, parlent environnement, parlent… ». Pourtant, c’est là la source du problème. Le Québec est représenté majoritairement à Ottawa par 47 députés bloquistes qui ne font que parler dans le vide. Ils n’ont aucune influence. Notre poids politique ne peut s’affirmer par des paroles en l’air, mais s’obtient par de nombreux députés sérieux qui œuvrent au sein des formations politiques nationales, où la vraie influence se joue. Cela a été amplement démontré par des caucus puissants dans le passé. Aujourd’hui, encore une fois, nous avons la preuve que le Bloc à Ottawa ne « livre pas la marchandise ».
Quant à la mince députation québécoises conservatrice sortant-de-charge, elle est triste à voir tellement elle n’est pas à la hauteur. Pour brouiller les cartes sur le financement de Terreneuve, le lieutenant du PC québécois, Christian Paradis, a assuré la ministre des ressources naturelles du Québec, il y a quelques mois, qu’Ottawa ne financerait pas le projet. Hier, son chef Harper l’a contredit. En fait, cela démontre que Paradis n’est qu’un petit lance-caporal qui répète comme un perroquet les diktats du parti? Il n’a rien à dire dans ce qui se passe. Encore là, ce n’est pas de ça dont on a besoin !
Et maintenant, pour calmer les esprits au Québec, Paradis promet qu’un autre dossier critique, celui d’une compensation monétaire par Ottawa pour l’harmonisation des taxes de vente québécoise et canadienne par le Québec, sera réglé avant septembre prochain et à l’avantage du Québec. Il s’agit d’un montant de 2,2 milliards $. Ce dossier n’a rien à voir avec le projet terreneuvien. Le différent réside dans le fait que le Québec avait déjà harmonisé ces taxes avant l'offre de compensation aux provinces et les collecte alors qu’Ottawa veut les percevoir. Ce montant dû au Québec est pour corriger une injustice, puisque les autres provinces qui ont accepté l'offre fédéral ont reçu leur compensation.
En annonçant le prêt fédéral, le PM Harper à ajouté que de tels financements seront dorénavant disponibles pour toute province qui en fera la demande. Ce n’est qu’un faux-fuyant pour justifier son geste électoral. Il a aussi affirmé que c’est une mesure environnementale puisque certaines provinces maritimes pourront modifier leurs usines thermiques au charbon pour les mettre à l’électricité. Pourtant, le Québec pourrait fournir cette électricité avec son projet La Romaine sur des lignes déjà construites dans ces provinces.
Le gouvernement fédéral ne doit pas agir unilatéralement lorsqu’une province aussi importante que le Québec réprouve, pour de bonnes raison, une de ses propositions. Toute décision de cette nature doit tenir compte des effets positifs et négatifs sur toutes les provinces. C’est ça notre confédération. Un premier ministre ne peut simplement pas, pour des raisons électorales, briser la confiance d’un groupe de citoyens dans l’état fédéral.
Le Canada n’est pas un pays unitaire. Il est une association d'États souverains qui ensemble vivent sous une constitution par laquelle ils délèguent certaines compétences à un organe commun. Les mots et les intentions de cette dernière doivent être respectés. Si on ne l’interprète pas de cette façon, le Canada continuera à vivre des moments douloureux d’unité nationale. Par son geste, Harper risque de soulever une partie de la population contre le principe même de la Confédération.
C’est à se demander si on vit dans une confédération ou une fédération de « cons ».
Claude Dupras
2 commentaires:
J’ai toujours soupçonné que nous avions un « con » comme premier ministre à Ottawa. Réfléchissons bien avant de voter.
C'est le prix que l'on paie pour voter massivement pour le BLOC.
Dans une vraie confédération, chaque province serait représentée par un parti similaire au BLOC. et ce serait non seulement un Bloc de "cons" mais un pays de "Cons"
Le pays serait-il gouvernable ???
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