dimanche 27 septembre 2015

Mon blog: 10 ans déjà


Ce jour-là, le 20 juin 2005, j’ai commencé une belle aventure dans le monde des blogs. Un article de journal publié en novembre 2004 avait suscité mon intérêt. Malgré que les blogs au Québec étaient plutôt rares à ce moment-là, il racontait que « le nombre de weblogs, communément appelé blogs, est passé dans le monde de 5 millions à 11,5 millions » (Aujourd’hui, il est plus près de 275 millions et il croît encore au rythme de 2 millions par mois). Plusieurs sites internet proposaient des programmes informatiques pour créer son propre blog. Pour faire un essai, j’ai opté pour celui offert par Google, le « Blogger.com ».
Le vrai challenge est d’écrire un texte objectif qui concerne un sujet de l’heure et de le faire régulièrement dans une démarche qui soit originale et respectée. Comme c’est en forgeant que l’on devient forgeron, il en est de même pour l’écriture.
   
J’ai été surpris, au fil des blogs, de voir comment je puisais dans mes expériences passées, qu’elles soient familiales, sociales, étudiantes, d’affaires ou politiques et comment ces dernières étaient soumises aux influences externes. Tout cela rendait plus difficile de décortiquer et de commenter la vie actuelle.
J’ai toujours accordé une grande importance à émettre une analyse consciente par des propos balancés, vrais, non agressifs tout en tenant compte des opinions des deux côtés de la médaille. Mais j’ai aussi réalisé que mon analyse pouvait être aussi inconsciente, puisque comme tout le monde je porte des cicatrices invisibles.
C’est une délicate besogne que de traduire dans des mots son appréciation des évènements de l’actualité. Le grand défi de bien écrire est de produire un témoignage tout en comprenant que le poids que l’on donne à un mot n’est pas toujours celui que certains lecteurs lui donnent ou qu’ils le définissent. Quelques fois, je me demande quelle est l’utilité d’écrire si mes mots risquent d’être lus dans un sens que je ne leur attribue pas. Mais, vite, je mets de côté ces idées noires pour continuer à relever le défi.
Un auteur a écrit en parlant de l’écriture : Les sujets foisonnent et les idées fusent. L’esprit réagit. Le coeur prend parti. Face à l’évènement, c’est une mécanique impressionnante qui se met en marche. Et c’est vrai !
Avec le temps, j’ai appris à écrire un texte plus ou moins personnel sur un sujet sérieux pour le publier. J’ai vite réalisé que l’émotion est la clef pour gagner le public et que si le sujet ne passionne pas, il vaut mieux ne rien faire. Mais si c’est le contraire, alors allez-y et votre texte volera de ses propres ailes grâce aux clics des internautes. 
Plusieurs bloggeurs présentent un texte quotidien ou hebdomadaire. Dans mon cas, je l’écris au moment où j’estime avoir quelque chose à dire sur l’actualité politique ou autre.  
Après un début difficile, le nombre de lecteurs de mon blog a augmenté constamment. Ses 443 articles, à ce jour, ont été vus plus de 350 000 fois.
Avec la sphère informatique sociale, les journalistes des médias traditionnels ont perdu le monopole du jugement quant à ce qui importe pour les gens. Par contre, ceux qui les concurrencent, comme les bloggeurs, se doivent d’agir avec la même obligation professionnelle qu’eux afin d’être neutres dans leurs analyses de toute situation. Et ça, ce n’est pas facile !
Durant ma jeunesse, j’étais intéressé par les activités d’associations de toutes sortes. Elles m’ont amené à participer activement à la politique qui est vite devenue, pour moi, une passion. Que ce soit au municipal, au scolaire, au provincial ou au fédéral, j’y étais et je m’engageais ouvertement. Durant ma vie étudiante et, plus tard, ma vie professionnelle, je suis devenu un jeune nationaliste canadien-français, bilingue, témoin du débat de l’autonomie du Québec. Je m’opposais au parti libéral du Canada sur cette question et j’ai vu la solution dans le parti progressiste-conservateur du Canada dans lequel j’ai occupé plusieurs postes importants. D’ailleurs, elle se concrétisa lors des mandats des PM Diefenbaker, Clark et Mulroney. C’est de cette période que viennent les cicatrices invisibles.
Aujourd’hui, je ne suis ni partisan, ni membre d’aucun parti politique mais un Québécois et un Canadien qui veut le bien-être de ses compatriotes, de sa nation et de son pays. Je ne suis pas séparatiste car j’estime que cette alternative n’a aucun sens pour mes descendants puisqu’elle leur enlève tout le potentiel que l’ensemble du Canada leur offre. De plus, en précisant nos besoins et nos espoirs, nous avons pu obtenir le pouvoir pour assurer la protection de notre culture et de notre langue tout en devenant forts économiquement dans l’ensemble canadien. C’est avec cette lunette que j’analyse ce qui se passe politiquement chez nous. Pas de secret, pas de mystère !
Mon blog n’aborde pas que des sujets politiques québécois, il s’intéresse à tout ce qui se passe dans le monde. Je lis beaucoup de blogs québécois, canadiens et internationaux qu’ils soient de gauche ou de droite, fédéralistes ou séparatistes, et j’en recommande la lecture à plusieurs de mes lecteurs, dans une colonne dédiée à cet effet sur la page de mon blog. Je comprends la position de ces auteurs avec qui je diffère souventefois d’opinion. Leur expérience de vie a été différente de la mienne puisqu’ils ont été forgés d’une autre façon que moi, mais leur réaction est semblable à la mienne.
En ce 10ième anniversaire de mon blog, je veux remercier mes lecteurs et leur dire que j’apprécie leurs mots d’encouragement, leurs commentaires (favorables ou non) et les références dont ils me gratifient.
Merci beaucoup !
Et au prochain… 

Claude Dupras

mardi 8 septembre 2015

Les migrants et nous

Quel extraordinaire mouvement vers l’Europe de réfugiés venant de pays tyrannisés par les guerres, la misère ou la faim !

C’est par dizaines de milliers que nous les voyons traverser la Méditerranée avec leurs enfants, à leurs risques et périls, dans des embarcations fragiles après avoir payé un gros prix à des bandits qui leur ont promis mer et monde et être assurés qu’ils seraient protégés alors, qu’en réalité, ils se foutent d’eux et les laissent le plus vite possible à leur misère et plusieurs à leur mort, dès que la mer fait des siennes.
Hier, les réfugiés arrivaient de l’Afrique noire. Ces jours-ci, ils arrivent en trombe de la Syrie, d’Iran et d’Irak. Près de 40 000 sont entrés en Allemagne après avoir traversé tout le territoire européen à partir des rives de la mer en Grèce, en Italie ou ailleurs.
Le gouvernement allemand n’a pas attendu que les pays d’Europe se décident sur le sort de ces individus. Ce pays qui, plus que d’autres, met l’accent sur le respect de l’État de droit et sur les valeurs fondamentales, a ouvert tout grand ses frontières et ses bras pour les accueillir et a fixé à 800 000 le nombre de réfugiés qu’il est prêt à intégrer. Les Allemands les ont même applaudis en les voyant entrer dans leur pays. C’est typique de ce peuple germanique dont les actions passées d’intégration de nouveaux-venus ont toujours été bien organisées et remarquables.
Les nouveaux arrivants seront dirigés vers des centres d’enregistrements installés dans des tentes temporaires pour y être recensés. Des interprètes sont sur place pour les aider à remplir les procédures qui sont sous la surveillance de la police fédérale pour assurer la sécurité nationale. Ensuite, on leur distribue vivres et vêtements. Puis, dans les jours suivants, vitement, ils sont dirigés en régions en nombre déterminé proportionnellement par la population de chacune de ces dernières.
Partout, ces régions sont prêtes à leur trouver logements, nourriture, soins et tout ce qui est nécessaire pour assurer leur bien-être immédiat. Dès les premiers jours, elles placent les enfants dans des écoles. De plus, et c’est fort remarquable, elles organisent, pour tous, des cours accélérés de langue allemande afin de faciliter leur intégration. Elles cherchent du travail selon, si possible, les qualifications de chacun. Ces réfugiés sont généralement bien instruits, ont un bon métier ou une profession et veulent travailler. C’est ainsi qu’un État responsable doit agir envers des gens dans le besoin qui doivent, pour leur sécurité et celle de leur famille, quitter subitement leur pays et qui désirent s’installer ailleurs, temporairement ou de façon permanente.  
Pendant ce temps-là, le gouvernement canadien entrebâille à peine ses portes pour n’y laisser passer que quelques milliers de nouveaux arrivants par année, malgré le potentiel de gain appréciable qui découle de la venue d’étrangers dans notre pays. Les allemands ont su reconnaître dans les Syriens, des gens brillants, bien éduqués, entreprenants, travaillants et avec du cœur. Ceux, comme moi, qui ont eu l’opportunité de connaître, d’être amis et de travailler avec nos compatriotes d’origine syrienne, le savent. C’est sûrement la même chose pour les Iraniens, et les Irakiens.
La décision de l’Allemagne est motivée d’abord par sa démographie décroissante et les besoins de travailleurs et d’ingénieurs de son industrie. Cependant, ce ne sont pas des travailleurs-invités pour une période de temps définie, comme elle l’a fait dans le passé avec les Turcs, mais des immigrés invités à rester avec leur famille de façon permanente pour devenir allemands. Elle voit dans les nouveaux venus le maintien du niveau de sa main d’œuvre, de sa croissance et la continuation du développement de son économie. Ce serait ainsi, pour la même raison, au Canada et au Québec. D’ailleurs tout indique que le PM québécois Philippe Couillard le sait, puisqu’il a offert de recevoir 10 000 réfugies syriens, tout de suite.
Pour se convaincre de la véracité d’une telle affirmation, on n’a qu’à se rappeler le passé lors de la venue des 50 000 boatpeoples vietnamiens au Canada et au Québec. De même de celle des 37 000 hongrois et des 11 000 tchèques. Ils étaient pauvres mais éduqués, dynamiques, plein d’initiatives et ils se sont bien intégrés. Ils sont devenus de bons citoyens et un actif constant de développement économique pour le Québec et le Canada. Ce fut ainsi aussi pour les milliers d’individus d’une centaine de nationalités différentes qui vivent dans le Grand Montréal.
Malheureusement, une partie de notre population s’oppose à recevoir les réfugiés syriens pour la raison qu’ils sont en majorité de religion musulmane. Ce sentiment de rejet a pris racine lors du débat sur la Charte québécoise des valeurs et sur le port du voile. Suite à tout ce qui s’est dit de négatif à la Commission, rapporté dans nos médias, mal répété, mêlé, tordu, déformé, amplifié et répandu de bouche à oreille, un profond mal a été créé nonobstant que la Charte n’ait pas été adoptée. Il reste à le déraciner.
C’est similaire à la position du Front National en France. Ce parti d’extrême droite est antimusulman. Il l’affiche tout haut et refuse tout nouveau réfugié de cette religion en France, comme l’a encore répété sa cheffe Marine Le Pen lors du weekend dernier à l’université d’été du parti.  
Cela explique le sentiment négatif de plusieurs de nos compatriotes envers la religion musulmane, ses imans et les musulmans. Mais cela ne peut durer car ça va à l’encontre du bon sens, de la vérité et de la liberté. Qu’on aime ou non le voile, le fait demeure que la religion musulmane est une religion comme les autres dans laquelle des milliards de personnes ont foi. Celle-ci est la croyance dans un être supérieur et la religion, le moyen de le prier. Ceux qui n’y croient pas, ont le droit de penser comme ils le veulent mais la foi est un attribut de l’homme qui se doit d’être respecté et cela me semble indiscutable.
Il existe des musulmans de toutes nationalités. Ils sont, par exemple, des centaines de millions en Asie (Indonésie, Philippines, …), en Afrique (Maghreb, Arabie…). Ce sont des gens intelligents, éduqués, entreprenants... comme l’indique clairement leur lointain passé. J’ai eu le privilège de travailler professionnellement dans des pays musulmans africain et j’ai appris à les connaître, à rencontrer leurs familles, à être inviter à leurs fêtes et à en faire des amis. J’ai été pour quelques-uns leur parrain lors de leur venue à Montréal. Ce sont des gens de bonne famille qui veulent travailler pour gagner leur vie honnêtement. Ce sont des gens bien qui ont du potentiel. Il faut cesser de les diaboliser et mettre fin à cette injustice.   
Nous nous devons d’aider les réfugiés de tous pays quelles que soient leur couleur, leur religion. Pour l’humain, c’est un geste naturel que d’aider ceux qui sont en détresse. Certains diront obligatoire, et je suis d’accord ! De plus, c’est notre tradition et il n’y a pas de bonnes raisons pour la discontinuer. Nous avons aussi, dans le présent, besoin d’eux pour contribuer à la croissance de notre économie. Voilà pourquoi, je suis triste de voir la France se laisser banaliser par des sentiments irraisonnables basés sur la peur et de constater la même chose au Québec à cause d’une crainte injustifiée.
Le Canada est un pays de réfugiés. Ceux qui y sont venus, l’ont fait pour avoir une meilleure vie. Ils ont réussi, se sont intégrés dans notre société et y ont apporté leur soutien humain, économique et fraternel. Tous ces néo-québécois-canadiens sont un atout pour notre société.
Avec la grandeur de notre pays, ses richesses, son potentiel et sa relative petite population, il y a de la place et une espérance de bonne vie pour beaucoup de personnes.
Les Nations-Unies estiment que les réfugiés syriens seront plus d’un million au cours des cinq prochaines années. Et il y a ceux de tous les autres pays…  Nous entrons dans une période de transfert de population jamais vu.
N’hésitons pas à accueillir les réfugiés et préparons-les à bien s’intégrer chez nous en prenant l’Allemagne comme modèle.
Que le gouvernement canadien bouge ! 

Claude Dupras