lundi 6 juillet 2015

Quand PKP humilie le PQ !

Depuis sa fondation, le Parti Québécois a toujours eu à sa tête un chef cultivé qui savait faire la part des choses. De René Lévesque à Pauline Marois, ces chefs ont toujours tenu un discours aux arguments responsables, très souvent convaincants, même durs parfois mais toujours respectueux. Ils ont quelques fois élevé la voix d’exaspération mais toujours de façon à point et polie. Et j’inclus dans ceux-là, les propos de Jacques Parizeau le soir du référendum de 1995 lorsque le OUI l’avait perdu par quelques dizaines de milliers de votes seulement. Ses propos ont été bien critiqués mais, à mon point de vue, ils correspondaient à la réalité. On en a fait un plat, mais la réalité était évidente. Il ne méritait pas, à mon point de vue les nombreuses critiques qui l’ont affligé.

Aujourd’hui, le chef du PQ, Pierre Karl Péladeau semble être d’une autre catégorie que ses prédécesseurs. Il est comme un jeune boxeur inexpérimenté qui donne des coups de poing à gauche et à droite sans vraiment frapper au bon endroit tout en en recevant des coups durs constamment sur la tête. Il ne fait pas la part des choses. Pour lui, ceux qui se trouvent à ses côtés sont bons et ceux qui sont devant lui ne sont que des êtres sur lesquels il faut frapper sans cesse, même au bas de la ceinture. Et pourquoi ? Simplement parce qu’ils bloquent le chemin qui mène à son idéal. Il faut qu’il déblaye. Une approche d’homme d’affaires sans scrupule qui est prêt à tout pour grossir ses profits, ses entreprises et ses avoirs. Un genre de rouleau-compresseur. Au diable les manières, ce qui compte c’est le résultat !
Ses apôtres le voient comme un seigneur, une légende, presque le messie. Ils en sont obnubilés. Avec lui c’est sûr que l’idéal sera atteint et la fin justifie les moyens. Quelques soient les bêtises ou les positions abracadabrantes qu’il affirme, écrit et répète même si elles dépassent les normes de la politesse, du bon sens, du respect des faits, de l’autre, des élus, ils les acceptent comme des données de la bible et les défendent sur la place publique. Parmi ceux-là, il y a l'ex PM Bernard Landry qui a toujours tenu un message mesuré dans ses discours comme chef de l'État du Québec. Aujourd'hui, il se veut le premier supporteur de PKP et oublie ses principes passés pour défendre l'indéfendable. D'autres, dans leurs écritures, mettent de côté toutes leurs formes passées, leurs raisonnements balancés. Au diable la logique traditionnelle, on en invente une autre dédiée exclusivement à la nouvelle approche. On frappe dans le tas ! Ne vous inquiétez pas, ça va rapporter…  le chef n’est-il pas milliardaire. On ne répond plus à personne car tout le monde est vendu à l’adversaire. Particulièrement les journalistes qui ont vendu leur âme aux Desmarais !
Oui, il s’en prend aux membres de la famille du défunt Paul Desmarais, l’extraordinaire homme d’affaires qui a réussi mieux que tout autre et qui a toujours cru que l’intérêt des francophones québécois était d’être activement présents dans les affaires du monde. Il a été un exemple unique d’intelligence des affaires qui a tellement manqué à nos compatriotes du passé. Parti de rien, il est devenu l’homme le plus riche du Canada et un leader mondial des affaires. Malgré cela, PKP critique sa famille, la barbouille, invente des histoires malencontreuses sur son compte et encore… Pourquoi ? Simplement parce que Paul était fédéraliste, qu’il croyait dans le Canada, qu’il y voyait un potentiel extraordinaire pour tous ses compatriotes francophones et savait mieux que tous que la nouvelle garde, les jeunes qui l’ont suivi, était mieux éduquée, prête à faire face au challenge difficile de la vie économique québécoise et canadienne et à y trouver la place qui lui revient. Et cela s’est réalisé et ça continue de plus en plus fort…
Comme chef du Parti Québécois PKP a décidé que son parti prendrait le leadership des attaques anti-famille Desmarais, pour la simple raison que la famille est propriétaire de grands journaux au Québec, dont La Presse, et que Paul Desmarais a toujours indiqué que la ligne éditoriale de ses journaux soit fédéraliste. Quant à ses journalistes, qui sont tous de haute qualité, ils ont la liberté d’écrire leurs articles sans interventions des propriétaires. Mais PKP ne les aime pas, particulièrement ceux qui traitent de lui et de sa conjointe Julie Snyder.  
Pierre Péladeau, le père de PKP, était un autre du même genre. Il a réussi à bâtir un empire d’imprimeries et de journaux qu’il a laissé à ses enfants à son décès. Différent de Desmarais, il était indépendantiste. Mais il n’insultait pas les gens si leur approche politique était différente de la sienne. Je le sais, car je l’ai connu puisqu’il m’a confié la réalisation totale des bâtiments, bureaux et imprimerie du Journal de Montréal de la rue Frontenac à Montréal.
Il est temps que Pierre-Karl Péladeau se ressaisisse s’il veut connaître un succès politique. Au rythme actuel, il va, à mon avis, directement et sans détour vers l’abime. Son attitude, sa façon de faire, ses mots, son indifférence face aux journalistes, son refus de répondre à leurs questions en se cachant derrière sa page Facebook et ses conflits d’intérêts ne l’aident pas et tout augure mal. Ah! Il peut obtenir des sursauts momentanés dans les sondages, mais à long terme, je n’y vois que le déclin car il est vraiment une bombe à retardement, selon l’évaluation d’un de ses propres députés et ex-ministre. Plusieurs membres du PQ souffrent de la situation actuelle et se disent humiliés par la tournure des évènements.
Pourtant, PKP est un gars intelligent, différent, bien éduqué et qui a une expérience d’affaires assez rare chez un homme politique québécois. Il peut rehausser le débat politique et faire sa marque.  J’espère qu’il le fera… et sortira du tourbillon de sottises dans lequel il s’est engagé.   

Claude Dupras