Le Parti
Québécois (PQ) qui cherche souvent à calquer ses politiques sur celle de la France,
prétexte, de nos jours, que la laïcité est essentielle pour notre mode de vie
future puisqu’elle assure, entre autres, la neutralité religieuse, l’égalité
hommes-femmes et la paix sociale. De tous les pays du monde, seule la France a
adopté une loi sur la laïcité. Est-ce à dire qu’ailleurs, sur toute la planète,
il n’y a pas de neutralité, d’égalité ou de paix ? Évidemment, non. Aux USA,
par exemple, le pays le plus d’avant-garde du monde où les immigrés se sentent
les mieux intégrés et l’affirment en grand nombre, le dollar comporte l’inscription In God we Trust.
Pourquoi veut-il
précipiter le Québec dans l’adoption d’une telle loi. Il est clair qu’il
cherche à profiter des émotions générées par l’agression de Charlie Hebdo pour gagner
des points politiques. Pourtant, aujourd’hui, il y a plusieurs français et
étrangers qui concluent que la laïcité est devenue en fait une arme de
destruction de leur pays.
L’ex-gouvernement
Marois a divisé profondément notre société avec sa Charte des valeurs québécoises. Il avait créé un comité parlementaire
pour recevoir les dépositions des auteurs de mémoires. Celui-ci devint un vrai
cirque où des opinions plus bizarres les unes que les autres furent émises. Cet
opportunisme véreux fut vite détecté par la population qui réserva, par la
suite, une raclée électorale hors de l’ordinaire au PQ.
Dès sa venue
au pouvoir, le nouveau gouvernement libéral du PM Couillard mit fin au comité
parlementaire tout en promettant de présenter un nouveau projet de loi pour
compléter ce qui existe déjà et le confirmer.
Aujourd’hui, le
PQ insiste sur l’urgence d’une loi sur la laïcité pour, dit-il, combattre l’intégrisme, nonobstant la
vraie priorité qui est de régler les problèmes budgétaire et financier du
Québec et de créer un grand nombre de nouveaux emplois. Pourtant, la France est
laïque depuis longtemps et la menace terroriste y est fortement installé, comme
ailleurs dans le monde. On voit bien que la laïcité de l’État n’a rien à voir
avec le combat contre la radicalisation.
De toute
évidence, l’adoption d’une telle loi n’est pas urgente car depuis des
décennies, toutes les lois québécoises sont indépendantes de conceptions religieuses et les dirigeants
religieux n’ont aucun pouvoir politique ou administratif. Dieu n’est pas
mentionné, ni les religions. Dans toutes les activités
humaines telles, l’éducation, les soins de santé, la vie sociale … les québécois
et les québécoises ont les mêmes opportunités, les mêmes protections et les
mêmes droits à tous les niveaux. Certes, il y a encore des difficultés
notamment dans le travail mais avec le temps, les statistiques montrent
qu’elles s’amenuisent.
De plus, nous
vivons depuis des décennies dans une réelle paix sociale.
Mais soyons
francs, ce qui est à la base de toute cette discussion est la présence grandissante
de musulmans dans notre société. Certains de nos concitoyens sont mal à l’aise
avec des personnes étrangères surtout celles qui sont vêtues de façon non
conformiste. Mais de tels sentiments ne justifient pas l’adoption d’une loi sur
la laïcité qui ne changera rien. mais qui peut diviser.
Le monde
musulman existe principalement au Maghreb, en Libye, en Turquie, en Égypte, en
Arabie Saoudite, en Syrie, en Irak, en Iran, au Pakistan, en Indonésie, en
Afrique noire, en Inde… Il regroupe plus d’un milliard d’individus sur la
planète. En France, ils sont 8% de la population. Au Canada, c’est 5%. Au
Québec, 3%. Les musulmans québécois ne sont donc pas tous arabes, pas tous du
même courant (sunnite ou chiite), pas tous du même pays ou du même continent.
Ils sont vraiment différents les uns des autres. Au Québec, plus de 100
nationalités coexistent et un très grand nombre des religions de la terre y
sont représentées.
Les gouvernements
libéral et péquiste du passé étaient en accord pour augmenter le nombre des immigrants
et encourageaient particulièrement les parlant français, dont les maghrébins, à
venir chez nous. Ils voulaient en plus profiter de l’apport économique
important que ces immigrants génèreraient.
Ayant eu l’opportunité de travailler en
Algérie de nombreuses années, j’ai eu le privilège de me faire plusieurs amis
algériens. J’ai connu leurs épouses, leurs familles, leurs modes de vie et leur
approche à la société. Depuis, j’ai pu y retourner en touriste et partout on
m’a toujours accueilli à bras ouverts, généreusement et amicalement. Ce sont
tous des gens bien. J’en connais plusieurs à Montréal et c’est la même chose.
Dans le débat actuel au Québec, en entend plusieurs
affirmations en rapport avec la religion et le comportement culturel des
musulmans. Trop sont inventées de toute pièce et amplifiées pour faire peur.
Pour les crieurs de malheur, la religion musulmane n’est pas compatible avec notre
mode de vie et nous sommes en danger. Pourquoi proférer de telles faussetés ?
Pour alimenter un mouvement islamophobe dans le but de les chasser de notre
territoire ?
Les musulmans ne sont pas une menace au
sens que certains voudraient nous le faire croire. Ils ne sont pas
culturellement incompatibles avec nous. Face à ce que plusieurs qualifient de
menace fondamentaliste, il faut avoir la tête froide et ne pas crier des
absurdités mal définies et faire la part des choses. Il nous faut trouver et
réaliser les politiques publiques les plus susceptibles de faciliter et de maximiser
leur intégration.
Oui, la solution est l’intégration. Elle est
rattachée aux opportunités disponibles pour que les néo-québécois puissent
participer à la vie économique du Québec. Il faut trouver les moyens pour les
aider et les inciter à le faire comme en Angleterre et en Allemagne où ils sont
mieux intégrés avec leurs enfants parce que les marchés du travail de ces pays sont
peu réglementés alors que la France, avec un système quasi byzantin de lois sur
le travail, obtient un résultat nettement moins bon.
En somme, lorsqu’on ne bloque pas
artificiellement l’intégration, les immigrants voient moins d'avantages à la
réclusion et préfèrent s'intégrer comme les Canadiens-français l'ont fait aux
États-Unis et comme les Italiens, les Irlandais, les Grecs, les Écossais, les
Slaves l'ont fait au Québec. P
Pour le reste, cela n’empêche pas d’avoir
de bonnes politiques pour rechercher et expulser les éléments islamistes radicaux très
minoritaires qui violent leurs conditions de citoyenneté en prêchant la
violence au nom de l’Islam. L’intégration veut dire aussi que la société civile
dénonce les éléments extrémistes dans son sein afin que tous sachent la
perfidie de leurs propos.
Pour l'ensemble de l'Europe, les
démographes ont constaté que « le
taux de croissance de la population musulmane a chuté de 2,2% par année pendant
la décennie 1990-2000 à 1% pendant la décennie 2000-2010. Ce taux continuera de
chuter progressivement au fur et à mesure que les différences du taux de
fertilité entre les femmes non-musulmanes et celui des autres femmes s'estomperont
d'ici 2030. Aux États-Unis, la différence est encore plus petite puisque les
musulmans ont un taux de fertilité déjà très proche de la moyenne nationale ».
Au Canada et au Québec ce sera éventuellement de même.
Les promoteurs de la laïcité parlent encore
d’éliminer les signes religieux tels, la croix accrochée au mur principal de
l’Assemblée nationale. Ils y voient un signe de dépendance à une autorité
religieuse alors qu’elle est devenue un symbole de notre passé. L’exemple de la
France sur ce sujet devrait les éclairer. Alors qu’elle est supposément très
neutre religieusement, la France nomme encore ses jours fériés avec des noms de
fêtes religieuses : lundi de Pâques, jeudi de l’Ascension, lundi de la
Pentecôte, l’Assomption, la Toussaint. Elle ne craint pas de montrer son passé
religieux.
De plus, ils affirment que la laïcité
protégera toutes les religions et leur pratique alors qu’ils s’opposent à ce que
les fonctionnaires portent un vêtement ou un objet ayant rapport avec une
religion (musulmane, juive, sikh) contrairement avec ce qui se fait en France.
C’est un manque de respect à la liberté démocratique de ces individus.
Les églises de France sont devenues la
propriété du gouvernement pour les protéger contre des démolitions sauvages. Il
les entretient pour les mettre à la disposition des fidèles. Dans un petit
village de Provence, que je connais bien et qui ressemble à tous les autres,
l’église est le lieu de messes dominicales, de baptêmes et de funérailles. Son
clocher carillonne à toutes les heures et demi-heures et le son se répercute
dans la vallée. Les musulmans de leur côté prient à leur mosquée, les juifs à
leur synagogue et les protestants à leur temple.
Au Québec, on vend les églises pour en
faire des condos, des centres communautaires, etc.. ou on les détruit comme la
belle église de pierres de Notre-Dame-de-la-paix à Verdun. Même l’église de la
paroisse de Lamothe en Abitibi, celle du cardinal Marc Ouellet qui fut
considéré comme un papabile lors du dernier conclave à Rome, est devenue un
centre d’activités communautaires.
Le PQ propose la laïcité pour régler un
problème qui n’existe pas. Un tel projet est un instrument de division et ne
réglera aucune des craintes générées par les fondamentalistes radicaux comme on vient de
le voir en France.
En somme, les promoteurs de la laïcité du
Québec sont plus catholiques que le pape.
Claude Dupras