samedi 19 octobre 2013

L'accord de libre-échange Canada - Union Européenne, un espoir sérieux

Encore récemment, il me semblait improbable que le premier ministre canadien Stephen Harper réussisse à négocier une entente de libre-échange avec l’Union Européenne. Et, surtout, avant les USA. J’ai suivi l’évolution des négociations de ce dossier depuis quelques années.

Malgré ma sympathie politique passée pour son parti, j’ai perdu confiance dans le leadership du PM Harper. Trop de ses décisions allaient à l’encontre de l’opinion majoritaire des Québécois et je les ai dénoncées souventes fois dans mon blog. Son reniement de l’accord de Kyoto est le principal exemple.

Mais aujourd’hui, il faut être correct, féliciter le premier ministre et lui crier BRAVO. Il a réussi, après plus de quatre années de négociations difficiles, à s’entendre en principe avec les dirigeants de l’Union Européenne sur un pacte de libre échange Canada-Europe. Le document est signé ! Harper a raison d’en être fier.

Évidemment ce n’est pas encore un fait accompli puisque les provinces et les territoires canadiens doivent maintenant l’approuver tout comme les 28 membres de l’Union Européenne. Le gouvernement du Québec a été le premier à confirmer son accord de principe sur le texte préliminaire. Le document final ne sera connu que plus tard, suite aux vérifications légales et aux nombreuses traductions dans les diverses langues européennes. Cela démontre que quelque soit le parti au pouvoir à Québec, l’économie demeure une priorité qui n’a pas de couleurs. L’approche positive de Pauline Marois mérite d’être soulignée.

Cet accord de libre-échange donnera aux entreprises canadiennes et québécoises un accès préférentiel aux 500 millions de consommateurs européens qui dépensent annuellement plus de 17 trillions $. Au minimum, 80 000 nouveaux emplois en découleront. Le PIB grimpera de 12 milliards$. Le commerce entre les deux parties augmentera de 22 %. En plus, les coûts de produits pour les consommateurs diminueront appréciablement.

On ne connaîtra que plus tard les réels perdants ou gagnants de l’application de l’accord. Aujourd’hui, les journalistes spécialisés, les observateurs avertis et les groupes d’intérêts qui estiment être touchés positivement ou négativement par le contenu de l’accord, nous en donnent un aperçu.

Ainsi, à cause de l’élimination de tarifs douaniers, les Canadiens paieront moins cher, pour les produits de consommation venant d’Europe, comme pour les vêtements, les parfums, les produits domestiques. Ce sera aussi positif pour nos manufacturiers d’automobiles puisqu’on estime qu’ils exporteront 90 000 autos de plus par an. Quant aux producteurs canadiens de viande, ils vendront plus de bœuf, de porc et de bison.

Par contre, certaines entreprises canadiennes et particulièrement québécoises seront concurrencées fortement, tels les producteurs laitiers, les fromagers et autres. Mais dans ces cas, qui soulèvent beaucoup de bruits anti-accord, ce sont les consommateurs qui en profiteront. Par exemple, le fromage qui se vend à des prix très élevés au Québec devra faire place aux excellents fromages français et autres qui apparaîtront dans les épiceries à des prix fortement inférieurs.

Quant aux fromagers canadiens, de hauts fonctionnaires affirment qu’ils seront financièrement compensés pour les effets négatifs sur leurs affaires. Cela pourrait être l’équivalent des subventions que les pays d’Europe accordent actuellement aux producteurs laitiers, fournisseurs des producteurs de fromage.

Les tarifs pour les produits d’agriculture seront fortement diminués, rendant notre blé et nos huiles plus accessibles.

Pour les projets de construction, le marché deviendra ouvert, au Canada comme en Europe, à tous les entrepreneurs canadiens et européens pour des projets excédant 7,8 millions de $, assurant ainsi une plus saine concurrence.

Quant aux achats de matériel, de services d’architecture, d’ingénierie ou autres, ils deviendront accessibles à toutes les entreprises pour des montants excédents certains minima. Cela diminuera les dépenses des corps publics.

Pour les produits de nos forêts, les tarifs diminués rendront plus disponibles notre bois, notre pulpe de bois, notre papier journal.

Pour les produits de la mer, l’obligation que le conditionnement des produits exportés soit fait à Terre-Neuve sera levée et des réductions de tarifs seront appliquées sur les poissons, les produits dérivés de la mer, les crevettes, le homard et les coquilles-St-Jacques rendant le tout plus accessible.

La protection de la propriété intellectuelle est aussi au cœur de l’accord et cela à la demande des Européens. Ces derniers veulent augmenter la durée des brevets de 20 à 22 ans. Ceci affectera à la hausse les prix des produits pharmaceutiques et retardera l’accès aux produits génériques moins chers. Le gouvernement canadien qui a dû faire cette concession propose de compenser les provinces pour les augmentations de coûts. Mais cela ne prendra effet que huit ans après la signature.

Les investisseurs de tous les pays signataires seront traités équitablement et de la même façon que les investisseurs locaux le sont par leurs gouvernements. Des compensations pour des actes, comme l’expropriation illégale d’un investissement par un pays, seront disponibles. L’arbitration de conflits est prévue. L’acquisition d’une entreprise canadienne de moins 1,5 milliards ne nécessitera pas l’intervention d’Investissement-Canada.

Les tarifs douaniers seront éliminés sur les produits manufacturés pour l’aérospatiale, les chemins de fer, la machinerie, les produits électriques et les équipements. De même sur l’aluminium, le nickel, le fer, l’acier… et les télécommunications. Tout cela débouche sur des produits moins chers, des ventes accrues et des emplois additionnels.

Pour assurer la protection de l’environnement, les signataires ont accepté de respecter les lois environnementales sans aucune concession pouvant favoriser les échanges commerciaux ou attirer des investissements nouveaux. C’est à se demander ce qui arrivera aux sables bitumineux !

Pour faciliter les échanges, l’accord prévoit une rationalisation de la réglementation et une diminution des lourdeurs administratives. Un rêve diront plusieurs. Peut-être !

Lorsque nous constatons tous les bienfaits que retireront les consommateurs canadiens de l’accord de libre-échange Canada-Union Européenne, on comprend mieux, maintenant, le nouveau programme politique du Parti Conservateur du Canada « une nouvelle ère pour les consommateurs et les entreprises » présenté par le premier ministre Stephen Harper dans le récent discours inaugural de la nouvelle session parlementaire. C’est la première fois que le PC investit son « capital politique » dans une politique nouvelle, d’envergure et peut être risquée. Un coup de dés ? Non, je ne crois pas car le tout est bien préparé.

Tenant compte des accords existants de libre-échange du Canada avec les USA et le Mexique (Aléna), le Chili, la Colombie, le Costa Rica, l’Honduras, Israël, la Jordanie et le Panama auxquels s’ajoutent maintenant celui avec l’Union Européenne, notre pays devient de plus en plus un partenaire économique sérieux avec les grandes nations du monde. Et ce n’est pas fini, puisqu’il négocie actuellement de tels accords avec 12 autres pays dont l’Inde, le Japon, l’Ukraine, la Corée du sud, le groupe trans-pacifique, etc… Tout cela fait du Canada un pays d’investissement, de compétence et de saine concurrence. Ce qui en découle sont les nouveaux emplois, les opportunités, l’accès au monde dont bénéficient ses citoyens et un avenir plus que prometteur pour ses jeunes. Ce ne sont pas seulement des mots… mais des faits.

Claude Dupras

samedi 12 octobre 2013

La Charte Islamique du Nouveau Monde

J’entretiens, depuis un certain temps, un dialogue politique sur les évènements du jour avec un ami internet, Antoine Théorêt, qui dans sa tendre jeunesse était Verdunois, comme moi. Nous sommes donc issus du même milieu. Il a eu une carrière exceptionnelle de scientiste.

Depuis un mois, nos échanges portent sur la charte des « valeurs québécoises », pour laquelle nous ne partageons pas tout-à-fait la même opinion.

Dans mon dernier message, je lui posais la question suivante : « Tu parles de liberté de la majorité. N’est-elle possible que s’il n’y a pas d’entrave à la liberté individuelle ? ». Voici son intéressante réponse que je publie dans l’espace de mon blog. Je vous invite à la commenter. Merci.

Claude Dupras

La Charte islamique du Nouveau Monde !

Le sujet des droits individuels versus les droits collectifs est complexe dans un pays de multiculturalisme. Malgré la multitude des points de vue, je suis convaincu que dans une discussion franche et sereine nous trouverions rapidement, en gens raisonnables que je crois que nous sommes, plus de points de convergence que de divergence sur la question de la charte des « valeurs québécoises ». Je vous soumets donc sommairement avec tous les risques que cela comporte mes réflexions sachant que vous y apporterez toutes les nuances requises compte tenu des raccourcis que j’emprunte pour présenter mon opinion sur un sujet délicat qui soulève toutes les passions.

La longue histoire des relations entre le monde chrétien et le monde islamique a toujours été dans l’ensemble trouble et difficile. Aujourd’hui, dans la grande majorité des pays chrétiens, les religions ont conservé leur influence morale mais perdu leur influence politique au nom du principe de la laïcité de l’état tandis que dans la plupart des pays islamiques, il est difficile de dissocier politique, culture et religion.

Or, l’Islam projette à tort ou à raison une image de violence et d’intolérance sans doute à cause de la voix dominante de ses éléments extrémistes, fondamentalistes et fanatiques; leur prosélytisme religieux jette un malaise certain dans nos sociétés occidentales avec leurs valeurs de charia, de lapidation, d’amputation, de tous ces signes de soumission de la femme, de crimes d’honneur, d’attentats suicides, de réseaux terroristes…

Je suis convaincu que les peuples islamiques sont honorables et pacifiques mais qu’ils ont hérité de conditions de vie économiques et politiques très difficiles dont nous sommes en partis responsables en raison de nos interventions colonialistes. Les gens ne viennent pas au monde violents. La violence provient de l’environnement dans lequel les gens évoluent et nait le plus souvent du désespoir, de l’injustice, du sentiment profond d’exclusion. Les pays islamiques vivent depuis des générations dans la tourmente des révolutions et des guerres civiles, religieuses et d’interventions étrangères; l’injustice appelle l’injustice, la violence répond à la violence.

Lorsque je lis ou regarde, soir après soir, des reportages sur la Syrie, l’Irak, l’Égypte, la Palestine…. je suis profondément choqué et sympathise sincèrement avec toutes ces gens qui doivent subir quotidiennement et injustement les terribles conflits de factions rivales. Je suis donc ouvert à l’accueil de tous ces immigrés, réfugiés ou exilés, qui viennent s’établir chez nous pour chercher un avenir meilleur et enrichir notre société. Ce ne sont pas les signes ostentatoires en soi qui sont dérangeants mais les symboles qu’ils véhiculent, même si la majorité de ceux qui les portent le font par conviction sans intention mauvaise ou en toute innocence; Jean-Louis Roux serait bien placé pour en témoigner ! Les croyances religieuses sont des choses personnelles qui relèvent du domaine spirituel et de l’irrationnel.

Cependant, contrairement aux immigrés européens, sud-américains ou asiatiques avec le Dalai Lama faisant figure de superstar internationale, les musulmans, les sikhs et les hindouistes sont plus revendicateurs, visibles et volubiles à manifester leur différence, ce qui rend leur intégration plus problématique. Un article récent du Vancouver Sun propose cette hypothèse et montre qu’il n’y a pas qu’au Québec, contrairement à ce que l’on pense et dit, qu’il existe un certain malaise. Au Canada aussi : http://blogs.vancouversun.com/2013/10/05/interfaith-marriage-in-canada-fewer-approve/

La démocratie et les valeurs de liberté sont fragiles. Je ne crois pas que la très grande majorité de ces immigrants soit foncièrement menaçante et présente un danger potentiel imminent; il n’y a pas de quoi être alarmiste. Toutefois, il y a des motifs raisonnables pour exercer une certaine vigilance, d’expliquer les règles, les limites et la surface de jeu de nos valeurs démocratiques à ces nouveaux québécois comme c’est le cas dans plusieurs pays étrangers; c’est comme les vaccins contre la grippe mieux vaut prévenir que guérir même si les risques d’attraper la grippe sont faibles! Comme le montre présentement la crise budgétaire américaine, il n’a fallu que de quelques fanatiques du Tea Party, comme Ted Cruz et Paul Ryan, pour paralyser l’appareil gouvernemental et fausser le jeu démocratique. La dernière élection en Égypte d’un islamiste issu des « frères musulmans » à la présidence a plongé ce pays au bord de la guerre civile. En Iran, le retour d’un seul homme, Khomeiny, a radicalement bouleversé les mœurs politiques et sociales de ce pays.

Nous avons nous aussi le droit d’affirmer nos valeurs, défendre nos coutumes, nos traditions et définir les limites de notre tolérance sans à avoir à se faire traiter de racisme, de xénophobie ou de féminisme enragé. Les Québécois ne forment pas une race puisque, fruit de notre métissage, il coule doucement dans nos veines une bonne dose de sang indien, irlandais, anglais, italien…. et je ne crois pas que nos traditions catholiques nous aient inculqué le germe de la xénophobie! Par contre, j’admettrais volontiers que nos esprits sont, malheureusement, fortement contaminés dans le présent débat par la partisannerie politique! Il n’est pas question d’ostraciser les musulmans mais plutôt d’ouvrir un dialogue intelligent et respectueux comme l’ont fait ces deux femmes musulmanes à l’émission TLMP et que d’autres voix sages et raisonnables comme celle de messieurs Parizeau, Bouchard et Landry se fassent entendre.

Antoine Théorêt

NB : Je pose à mon tour une question provocatrice. Comment se comparent les mesures proposées par la Charte par rapport aux moyens pris par Duplessis à l’époque pour contrer les communistes et les témoins de Jéhovah ?

mercredi 9 octobre 2013

Le champion des Canadiens-Français est mort

Paul Desmarais est mort hier soir. Un génie des finances et des affaires canadiennes et internationales, un géant vient de nous quitter. C’était avant tout un industriel. Transports, papiers, assurances, pétroles… il s’intéressait à tous ces domaines pour assurer leur développement. Il avait le sens des affaires et cela en a fait le plus riche d’entre-nous. Bravo ! BRAVO !

Il a tout bâti lui-même. Il n’a pas pris la succession de son père et bâti sur sa richesse, ce qui n’est pas mauvais, mais Paul Desmarais laisse à ses descendants, une entreprise la Corporation Power du Canada, qu’il a acquise et développée de ses propres mains.

J’ai eu le privilège de le rencontrer quelques fois dans des circonstances professionnelles, d’affaires et politiques. Toujours, il a été un homme simple, chaleureux, compréhensif, dynamique, convaincu, ouvert et positif. On ne pouvait avoir pour cet homme que de l’admiration.

J’ai apprécié que la première ministre québécois Pauline Marois le qualifie de « bâtisseur ». C’est la vraie description de cet homme unique.

Merci Paul Desmarais pour l’exemple extraordinaire, pour tous les Canadiens-français du pays, qu’est votre vie. Merci d’avoir démontré, entre autres, aux Québécois que rien n’est impossible.

Les médias rapporteront durant les prochains jours, les grands faits sur la vie de Paul Desmarais et son apport à la vie canadienne. J’aimerais y ajouter mon humble blog du 27 février 2012 qui s’intitulait : « Le « gros méchant » Paul Desmarais » que j’ai écrit en réponse à ses critiques les plus acerbes. J’y exprimais mes sentiments devant ce grand bonhomme.

Le voici à nouveau :

lundi 27 février 2012
Le « gros méchant » Paul Desmarais

Ce qui est triste du débat politique, dans notre pays et ailleurs, c’est qu’il dérape souventes fois vers les attaques personnelles. C’est particulièrement vrai au Québec lorsqu’on discute le pour ou le contre de l’indépendance du Québec.

Celui qui est le plus souvent visé est un des hommes les plus riches au Canada, le milliardaire et fédéraliste Paul Desmarais. Aux deux référendums tenus au Québec sur la question nationale, il fut très actif et tira toutes les ficelles possibles pour convaincre les Québécois de voter NON. C’était son droit le plus strict et on ne peut lui reprocher son action comme on ne peut blâmer les tenants du OUI, tel le banquier Claude Béland, ex-président des Caisses Populaires Desjardins. À chacun son opinion et sa liberté d’expression.

Paul Desmarais est un self-made man. Diplômé en commerce de l’université d’Ottawa, il quitte, à 23 ans, son premier emploi à Montréal pour retourner à Sudbury en Ontario, où il est né, pour acheter la petite compagnie d’autobus, de son père, qui est au bord de la faillite. Desmarais s’avère avoir le sens des affaires, être audacieux et capable de saisir les opportunités qui passent. Il sait ouvrir les portes pour obtenir du crédit. Dix ans plus tard, il contrôle la majorité du transport par autobus en Ontario et au Québec.

Sa rencontre avec le financier Jean-Louis Lévesque est déterminante puisque ce dernier qui avait réussi à enlever la commercialisation des bons du trésor du Québec à la finance anglophone, grâce au premier ministre Duplessis, développe une grande confiance dans le jeune Desmarais. Il le démontre lorsque Desmarais repère que la compagnie d’assurance Imperial Life pourrait être achetée. Lévesque croit que ce n’est qu’un rêve puisque « l’establishment anglophone ne la lâchera pas ». Pour Desmarais « ce n’est pas une question de langue, mais une question de cash » et il l’obtiendra grâce à sa ténacité, sa capacité de persuasion et au financement prêté par Lévesque. Ce dernier, au moment de sa retraite, propose de fusionner son holding à celui de Desmarais qui se retrouve à la tête d’une pléiade de compagnies (bateaux, confitures, meubles, assurances, fonds de placements, immeubles …).

En 1968, Power Corporation, dirigée par le célèbre Peter Thompson, est en difficulté. Les erreurs de ce dernier ajoutées à l’économie qui se dégrade mettent en danger ses entreprises. Les pâtes et papiers s’effondrent, le verre est en perte de vitesse, le transport naval et la construction de navires sont handicapés par des grèves, la construction est au ralenti… Thompson négocie un échange d’actions avec la compagnie de Desmarais et les deux deviennent partenaires égaux de Power. Deux ans plus tard, Desmarais achète la part de Thompson.

Grâce au fonds d’investissement de Power, Desmarais acquiert une autre papeterie et crée Abitibi-Bowater. Pour éviter de mettre tous ses œufs dans le même panier, il décide de diversifier Power et achète le quotidien La Presse, trois quotidiens et 10 hebdos. Il vise aussi l’Europe, les USA et l’Asie. Il achète 5% de Paribas. Il devient ami de l’ambassadeur de Chine au Canada et détient 5% de Citic, une immense entreprise chinoise qui œuvre dans l’électricité, l’immobilier, les lignes aériennes, les fabriques d’acier et une mine de fer. Il achète la compagnie Great-West des Américains. Avec Albert Frère, financier belge, il fait des OPA (offre pour achat) d’entreprises en difficultés financières importantes, mais temporaires, et les relancent. Frère et lui détiennent près de 4,5% de Total et en deviennent des administrateurs.

Ce bref aperçu démontre combien de services Paul Desmarais a rendus au Québec et au Canada. Il a créé et sauver des centaines de milliers d’emplois, a su protéger les argents de tous ceux qui ont fait confiance à ses compagnies que ce soit en y investissant ou en payant des primes d’assurances ou de retraites. Personne n’a été trompé.

Cet extraordinaire canadien-français québécois a pris sa retraite, il y a plus de 10 ans, en cédant à ses deux fils la gérance de Power et des intérêts Desmarais. C’est cet homme, attaché à la liberté et à la démocratie, que les indépendantistes-souverainistes-séparatistes dénigrent encore parce qu’il est un fédéraliste, donc leur ennemi.

On traite Desmarais de prédateur ou d’écumeur qui ne pense qu’à un retour sur son argent, alors qu’il a toujours été un bâtisseur. Certes, comme tout bon dirigeant d’entreprise, il se devait d’être préoccupé par la rentabilité de ses entreprises puisque sans elle, elles ne pouvaient survivre. Desmarais s’est assuré qu’elles étaient bien dirigées et qu’elles avaient tout le capital nécessaire pour leur plein épanouissement. Et il a réussi.

Si on suit le raisonnement des critiques de Desmarais, Arthur Rock, le légendaire investisseur d’Apple était un prédateur-écumeur puisqu’il ne pensait qu’à la rentabilité de ses investissements ! Au contraire, il a été un homme de vision qui a cru dans Steve Jobs et les autres jeunes de Silicon Valley et qui, finalement, a permis à Apple de devenir la plus grande compagnie au monde. Comme Desmarais, il a pris des risques calculés et a gagné tout en permettant une révolution technologique mondiale incomparable.

On insinue que Desmarais planifie d’acheter l’Hydro Québec. C’est le plus ridicule fantasme que j’ai entendu. Jamais, au grand jamais, un premier ministre du Québec ne pourra convaincre les Québécois ou les Québécoises de vendre le fleuron de l’économie de la province. Il faut vraiment manquer d’arguments pour écrire de telles sornettes.

Quant au domaine Sagard des Desmarais, c’est un endroit particulier que seul un homme très riche peut entretenir. Il y a plusieurs Sagard dans le monde, en Écosse, au Royaume-Uni, aux USA, en France, en Suisse, en Belgique, aux Émirats Arabes, etc… et ils appartiennent tous à des hommes ou des femmes riches. C’est dans de tels endroits que ces grands personnages d’affaires aiment inviter leurs amis ou des individus qu’ils veulent apprendre à mieux connaître. Voilà pourquoi, à Sagard, sont invités des Bill Clinton, des GHW Bush, des Nicolas Sarkozy, des Dassault, des Peugeot, des Rothschild, des premiers ministres, des rois, des académiciens, des leaders d’affaires du monde, de Chine, des prix Nobel, des acteurs, des vedettes… en somme des gens qui marquent nos sociétés et qui sont pour la plupart des décideurs. La qualité de ses contacts aide un homme intelligent comme Paul Desmarais à réussir. À plus petite échelle, des ingénieurs-conseils comme moi, ou autres professionnels, avons toujours invité des décideurs à un match de golf, à un week-end, etc… C’est normal en affaires de faire connaître son entreprise, de bien connaître ceux qui décident et de créer des relations de confiance.

Paul Desmarais devrait être un exemple pour les jeunes Québécois. Son immense contribution au développement économique du Québec et du Canada devrait être célébrée hautement au lieu d’être dénigrée.

Je nous souhaite dans l’avenir des centaines de Paul Desmarais.

Claude Dupras

vendredi 4 octobre 2013

Il est temps d'éteindre le feu


« Selon les médias, les agressions verbales et même physiques contre les femmes voilées augmentent depuis l'annonce de la charte sur la laïcité. Désolant, on est en train de créer un monstre ». Voilà le contenu d’un email que je recevais ce matin d’un ami du Saguenay en rapport avec les effets du projet de loi de la charte sur « les valeurs québécoises ». Cet ami qui, lors du dépôt du projet, me disait être incertain face au projet, a compris petit à petit l’importance que la société québécoise soit unie et vive en paix.

Il est clair maintenant, pour la grande majorité des observateurs, que la proposition de la charte par le Parti Québécois à été motivée par des fins politiques.

Il est aussi clair que depuis qu’elle a été déposée, les agressions sous forme d’intolérance, de racisme et de violence contre les femmes voilées, et on ne parle pas de voile intégral mais de voile-foulard-culturel à visage découvert, ont augmenté dramatiquement. Hier, La Presse rapportait les affirmations de la porte-parole des centres de femmes du Québec, Valérie Létourneau, « On a des échos de plusieurs régions du Québec. Des propos haineux, racistes. Des commentaires xénophobes, envers les femmes musulmanes ». En fait, on s’oppose à ces femmes parce qu’elles s’habillent comme elles veulent.

La charte, telle que présentée, est une bourde majeure et doit être corrigée. Et ce n’est pas moi qui le dit, mais les anciens PM du Parti Québécois, Jacques Parizeau et Lucien Bouchard, sans oublier des centaines de péquistes convaincus tels, Yves Beauchemin, les ex-députés bloquistes Jean Dorion et Maria Mourani et une myriade d’artistes qui ont toujours par le passé souligné avec ardeur leur appui à l’indépendance du Québec et au PQ. Ceux qui l’appuient sont les « purs et durs » séparatistes pressés qui croient que c’est « à la tronçonneuse » qu’il faut agir si on veut atteindre, le plus vite possible, l’indépendance du Québec. Ils seront déçus, tout comme la PM Marois, car la dispute publique prend une ampleur qui ne peut qu’être électoralement négative pour PQ.

Par ailleurs, il ne faut pas oublier les opinions des élus des villes de Montréal et de Québec, les dirigeants des grands hôpitaux du Québec, ceux des principales universités et encore… qui ont publiquement affirmé qu’ils profiteraient du droit de soustraire leur milieu de l’application de la loi, si elle était votée. Au total, ceux qui se sont prononcés à ce jour font en sorte qu’une majorité de Québécoises et Québécois ne seraient pas obligés de respecter la loi. Belle affaire ! Devant cette sortie massive possible, voilà maintenant que le gouvernement veut l’empêcher en obligeant l’application de la loi par tous, sans retrait. Cela me semble normal. La loi c’est la loi et si elle ne doit être respectée par tous, elle n’est pas démocratique.

Mais pourquoi le gouvernement a-t-il fait miroiter la possibilité de retrait et change d’idée, aujourd’hui ? Est-ce à cause des sondages récents, qui montrent qu’une majorité d’électeurs approuvent le projet de loi, qu’il décide de jouer la ligne dure ? Je le mets en garde car l’appui indiqué dans les sondages est en grande partie suscité par une crainte infondée chez plusieurs Québécois envers les musulmans. Trop de francophones y voient la possibilité d’un règlement de compte et l’opportunité de les persuader de retourner dans leur pays d’origine. A mon avis, cela n’est pas sain et ne garantit rien de bon pour l’avenir. La loi ne doit ni diviser, ni limiter le droit d’accès à l’emploi, ni affecter la participation politique des individus. On ne bâtit pas ainsi une société multiethnique francophone, solide et progressive.

Le gouvernement utilise à fond l’argument de l’égalité des femmes, comme de la poudre aux yeux, pour justifier sa charte. Les victimes de violence conjugale, les femmes tuées par leur conjoint, les jeunes filles violées, les femmes autochtones, les femmes professionnelles qui veulent faire carrière et avoir des enfants, les femmes seules avec enfants sans revenus raisonnables, les jeunes femmes exploitées sexuellement à Montréal « capitale du sexe », les femmes qui se voient obligées de jeûner pour être belles et plaire aux hommes ; celles qui se font bousculer, cracher au visage parce qu’elles portent le voile ; et encore… sont-elles égales ? Et celles qui ne trouveront pas d’emploi parce qu’elles portent le voile, le seront-elles ? Le gouvernement ne devrait-il pas plutôt, en tout temps, « porter plus d’attention au sort, aux conditions de vie et aux voix de l’ensemble des femmes » au lieu de leur dicter comment elles doivent s’habiller ?

Un compromis doit être trouvé et celui proposé par Jacques Parizeau appuyé par Lucien Bouchard me semble raisonnable. Ils veulent revenir aux recommandations de la Commission d’enquête Bouchard-Taylor sur les « accommodements raisonnables ». Jean Charest, qui devint PM par la suite, a fait l’erreur, pour des raisons électorales, de ne pas appliquer les solutions proposées par la Commission malgré qu’elles découlaient d’un travail sérieux et en profondeur suite à des séances publiques sur tout le territoire québécois.

Aujourd’hui, le temps presse. Ce qui se passe sur le terrain est mauvais, risque de s’envenimer et n’augure rien de bon pour l’avenir du Québec. Il est temps d’éteindre le feu !

Claude Dupras